LE DELTA DU FLEUVE ROUGE ET LE TRIANGLE CLEF DU NORD 8
LA RÉPARTITION DE L’ESPACE DE LA PLAINE DU FLEUVE ROUGE CERTAINS PROBLÈMES D’ORGANISATION TERRITORIALE
On peut distinguer dans la plaine du Fleuve Rouge 3 sub-régions, suivant les conditions de différenciation naturelle, économique, sociale et l’orientation du développement. La sub-région provisoirement appelée centrale, comprenant les provinces et villes Hanoï, Hài Himg, Hâi Phông et la bordure méridionale de Quâng Ninh, est définie « triangle de développement du Nord ». La sub-région septentrionale comprend le territoire de Vinh Yên et de l’ancien Phüc Yen, 11 districts de Hà Bac et 4 de Quâng Ninh. La sub-région méridionale comprend les provinces du sud de la plaine (Nam Hà, Thâi Binh, Ninh Bïnh). Seule la province Hà Tây, bien qu’officiellement pas encore reconnue comme appartenant au triangle de développement, mais d’après la stratégie de développement spatial d’Hanoï (proposée par les organismes responsables), doit appartenir à ce triangle.
SUB-REGION 1 OU TRIANGLE DE DEVELOPPEMENT DU NORD
La sub-région 1 a un paysage multiforme et un réseau urbain le plus développé du pays (zone centrale)
Les limites de la sub-région 1 déterminées ci-dessus enveloppent 2 provinces et 2 villes, d’une superficie de 712.300 km , avec une population estimée en moyenne à 8.774,800 mille d’habitants. La densité de la population, de plus de 1.000 hab/km , est la plus élevée du pays. Si on compte en plus 2 districts Hoành B’ô, Yên Hung et la ville Ha Long du triangle-clé, la superficie et la population augmenteront quelque peu.
Les paysages dans cette sub-région sont relativement variés : les basses collines du nord, la haute plaine d’origine fluvio-marine qui s’abaisse peu à peu pour former le paysage de la haute plaine à alluvion contemporaine, et enfin la basse plaine aux abords des cours d’eau avec des conditions favorables ou difficiles propres concernant son utilisation à des fins économiques.
La sub-région 1 et le triangle de développement du Nord ont un réseau développé de voies de communication (établi sous le protectorat français) qu’aucune autre région du pays ne peut avoir dans les conditions actuelles. D’Hanoï à la mer, il y a deux Nationales Nos5 et 18 (récemment reliées entre elles par la route 183 avec le pont Bïnh de Hâi Duong à Chí Linh). Chaque route nationale est accompagnée d’une voie ferrée et de deux voies fluviales (de Hanoï à Hâi Phong et vice versa par la rivière Duô’ng et la rivière Luôc) qui l’assistent dans le transport des voyageurs et des marchandises. Le réseau des voies de communication est ainsi très dense, chacune d’elles n’est distante de l’autre que de 30 km.
Les deux ports Hâi Phong et Câi Lân (à l’intérieur de la baie Cua Luc, de Quâng Ninh), les deux plus importants ports du Nord Vietnam, en réalité se trouvent dans la sub-région 1, desservant directement le triangle de développement du Nord. Les deux aérodromes Nôi Bài et Cât Bi (de Hâi Phong) assurent la liaison par voie aérienne intérieure et extérieure du pays.
Mais si ce réseau est bien organisé, même sans compter les routes provinciales, il est aussi dégradé sérieursement à cause du manque d’entretien pendant les décennies de guerre et de la pénurie du financement. Cette situation est en voie d’amélioration avec le dragage du port Hâi Phong, l’approfondissement des cours d’eau et l’amélioration de la Nationale N° 5 au premier degré de route de plaine, de la Nationale N°I8 au 3e degré, de la Nationale N°1A d’Hanoï à Lang Son et Hanoï-Vinh. D’ici l’an 2000, les différentes voies de communication seront en grande partie remises en état.
Le réseau urbain de la sub-région 1 est le plus dense du pays. En comptant les centres urbains ou quartiers, les chefs-lieux de district, les cités municipales, les villes, il y a 230 unités et le reste, 999 communes. Sur la bordure méridionale de Quang Ninh comprise dans le triangle de développement, on aura en plus une ville (Ha Long), 2 chefs-lieux de provinces (Cam Phâ, Uông Bi) et 3 chefs-lieux de districts.
Mais peu de centres urbains peuvent jouer le rôle de pôle d’attraction, tel que Hanoï, Hai Phông et une partie d’Ha Long car l’aspect de la plupart de ces centres urbains est encore mi-rural, conséquence d’une assez longue période où ces centres urbains devaient s’occuper de l’agriculture plus que du commerce et du service, les activités industrielles étant limitées aux organisations de l’Etat, d’où un important flux de personnes en recherche d’emploi se précipitant vers Hanoï— actuellement plus de 200.000 hommes — ainsi que de marchandises artisanales et de vivres.
On sait que la vitesse d’urbanisation va de pair avec celle de l’industrialisation. Le second dépend de nombreux facteurs. Avant 1945, les 3 grands pôles du delta du Fleuve Rouge : Hanoï, Nam Dinh et Hâi Phông, étaient considérés comme une sorte de « triangle de développement ». Au cours des années 80, Nam Dinh — le centre de tissage le plus grand du pays — n’avait pas pu surmonter la crise et perdit sa position de « pôle ».
Hài Phông — ville portuaire — conserve encore la position d’une ville de second degré (en 1995 : 410.164 habitants), au 3e rang du pays, mais risque de céder cette place cà Dà Nfmg (437.291 habitants). La ville Ha Long (135.965 habitants), reconnue depuis 2 ans (anciennement cité municipale Hon Gai, ancienne capitale du charbon) possède un port aux eaux profondes Cai Lan, et peut devenir très animée avec une économie plus multiforme. Hai Duong (86.284 habitants), actuellement d’attraction encore modérée, se développera rapidement après la construction du pont Binh reliant la Nationale N°18à la Nationale N°5 (point de jonction de 2 importants courants de transport, et le centre urbain Chî Linh en profite). Le rôle de la cité municipale Hà Dông aux points de vue économique, culturel et social paraît éclipsé par sa situation dans le champ d’attraction directe d’Hanoï. Le chef-lieu de la province Hà Tây vaut mieux d’être installé à Son Tày — ayant joué tout le long de l’histoire le rôle de chef-lieu de la « palissade occidentale » — pour développer le rôle de chef-lieu de province (et même de pôle d’attraction).
Il est à regretter que dans le cours d’union des provinces, certaines cités municipales — anciens chefs-lieux de province comme Hung Yen (relevant de Hài Hung), Bac Ninh (relevant de Hà Bac), Phüc Yen, Kiê’n An, Quâng Yen etc… — sont de plus en plus abandonnées alors que l’urbanisation est un problème d’actualité. Cet état de choses a été remédié après la nouvelle division de certaines provinces en novembre 1996.