PRIORITÉ À L’INFRASTRUCTURE 3
La branche hydroélectrique du Vietnam : se développer davantage ou s’arrêter ?
On estime les sources d’hydroélectricité du Vietnam très importantes. Tous les cours d’eau, grands ou petits des hautes et moyennes régions sont capables de fournir de l’énergie électrique, mais le problème de la construction des usines hydroélectriques doit être calculé soigneusement, car le débit des cours d’eau vanie suivant la région (ce qui diminue la puissance électrique pendant la saison sèche qui quelquefois n’atteint que 30%), et les frais économiques de toutes sortes, par exemple la construction des usines hydroélectriques supplémentaires, les dépenses pour l’évacuation de la population et sa réinstallation, la perte des ressources agricoles et sylvicoles…
Comme on le sait, l’ouvrage hydroélectrique de Hôa Binh sur la rivière Dà a été commencé le 2 mai 1975. Il a fallu 13 ans après (1988) pour que le groupe électrogène N°1 démarrât et fournît de l’électricité au réseau national, et encore 6 ans pour que le dernier groupe — le N°8 — achevât l’ouvrage, la puissance indiquée de 8 groupes électrogènes (chacun 240 MW) est de 1.920 MW; l’énergie électrique produite au cours de l’année est de 8,4 milliards de kW/h en moyenne. La valeur de l’ouvrage d’après les prix de 1995 équivaut à 1,1 milliard de USD. Le rôle de la centrale hydroélectrique de Hôa Binh dans tout le réseau électrique du pays est extrêmement important: elle représente environ 85% de la puissance de tout le système; le démarrage et l’arrêt, l’augmentation et la diminution de la puissance sont très rapides, assurant le ravitaillement continu en électricité. L.e prix de revient de son énergie électrique est le plus bas de toutes les sources électriques du réseau.
La mise en service de ligne 500 kV a permis à la centrale hydroélectrique de Hôa Binh de déployer complètement son efficacité dans tout le pays: plus de la moitié de l’énergie électrique fournie quotidiennement est transportée au Sud et au Centre Vietnam (8,5 millions de kW/h au poste Phü Lâm; 1,078 million au poste de Dà Nâng et 195.000 kW/h au poste de Pleiku). Ainsi, le poste Phü Lâm au Nam Bô oriental reçoit une énergie électrique presque égale à celle du Nord, environ 9 millions de kW/h. Cela a mis fin à la pénurie d’électricité au Sud, mais le Centre Vietnam manque encore d’électricité.
Après la centrale hydroélectrique de Hôa Binh, la construction de nouveaux ouvrages hydroélectriques est concentrée au Sud Vietnam (Tri An en 1988, Thâc Mo et Krông Pha à la fin de 1994). D’ici l’an 2000, entrera en service l’usine hydroélectrique de Yali; l’usine hydroélectrique de Da Nhim sera améliorée et celle de Hàm Thuân-Da Mi construite. Ces 3 usines fourniront essentiellement de l’énergie électrique au Centre Vietnam, y compris le Tây Nguyên et suivant les prévisions exporteront de l’électricité au Laos.
Ainsi le gouvernement vietnamien a maintenu une politique favorable au développement de l’hydroélectricité dans tout le territoire. Les scientifiques de l’Institut de développement international de Havard ont prévenu que « la politique trop basée sur l’hydroélectricité n’encouragera pas les activités de prospection et de production du gaz », mais cet état ne se produira pas, comme nous verrons ci-après, car la politique de l’Etat est de développer systématiquement et après réflexion toutes les ressources capables de fournir efficacement de l’électricité.
L’un des grands projets dans le domaine de l’énergie électrique en cours d’étude de faisabilité est celui de Son La. Cette idée est née dès la construction de la centrale hydroélectrique de Hôa Binh par son effet permettant la régulation des eaux du réservoir de Hôa Binh, l’aidant à augmenter la puissance de 4 milliards de kW/h environ, et la durée du travail Tmax supérieure à 6.000 heures/an. Suivant le projet, le réservoir de Son La se trouvera à une altitude de 135 à 182m, sur une superficie de 27.500 à 50.800 ha, d’une puissance de 2.400 à 3.600 MW, c’est-à-dire à peu près le double de la puissance actuelle de la centrale hydroélectrique de Hôa Binh. Evidemment, les dépenses seront immenses, estimées à 3-4,5 milliards de USD comprenant les travaux de reconnaissance, d’ingénierie, de construction, d’évacuation de la population et de compensation. Un tel ouvrage doit être calculé soigneusement et si les projets sont approuvés fin 1997, l’usine ne pourra fonctionner qu’en 2008 environ, satisfaisant les besoins en énergie électrique de tout le pays en 2010 (environ 6.300-10.000 MW).
Dans le cadre de 1’ »Organisation territorale de la plaine du Fleuve Rouge » (1994), on considère que seule la construction du barrage de Son La sans l’usine hydroélectrique pourrait déjà augmenter la production d’électricité de Hôa Binh et préserver son barrage, réduire la puissance des usines thermoélectriques de l’aval, combattre les crues et la salification au delta du Fleuve Rouge, diminuer les besoins d’exploitation de la houille. Pourtant, comme les barrages et les lacs réservoirs se trouvent sur un relief karstique, leur construction doit être minutieusement calculée. La construction de nouvelles usines thermoélectriques doit être considérée dans ce contexte.