ORGANISATION TERRITORIALE SUIVANT LA RÉGION
Dans la langue vietnamienne, le mot « région » est employé d’une façon large et vague. Le Vietnamien l’emploie pour désigner un territoire déterminé et de dimensions variables, par exemple: région des collines, région éloignée, région « de résistance », etc.
Néanmoins, aujourd’hui, non seulement les scientifiques de presque toutes les branches, les dirigeants des différentes instances, les entrepreneurs, les hommes d’affaires mais aussi la majorité de la population pensent que pour le territoire, entre les échelons administratifs du pouvoir central et provincial, un échelon intermédiaire devient nécessaire qu’on appelerait aussi « région ». Ce territoire dans ce cas comprendraient quelques provinces ayant en général des conditions naturelles, économiques, sociales, historiques relativement similaires.
En réalité, qu’est-ce que c’est une région? Quels sont les indices choisis pour délimiter les régions, et combien de régions il y a au Vietnam, sont encore des problèmes en discussion, chacun n’ayant pas la même opinion. Les définitions de ce mot et les manières de l’aborder sont nombreuses, mais tout le monde sera d’avis qu’une « région » est une unité d’espace d’ordre systémique supérieur du territoire national avec des caratéristiques géographiques, historiques, économiques et sociales la distinguant des autres.
Les changements dans les unités administratives au Vietnam
Au cours de l’édification et du développement du pays, depuis au moins le XVlIe siècle, chaque dynastie avait divisé le territoire du Vietnam en différentes unités favorables à la gestion et à la défense nationale.
Sous les dynaties des Lÿ, Trân, Ho, les parties du territoire portaient le nom de « lô »; les Lê les changèrent en « trâ’n », mais tout le pays ne comprenait que 5 « dao »; chaque « dao » comprenait de nombreux « phü, châu, huyên » (district); il y en avait comme le phü Hô dont la superficie équivalait à celle de Giao Châu, et dont les traits généraux correspondent au delta du Fleuve Rouge aujourd’hui.
Sous les Nguyën, les « trâ’n » devinrent des provinces, mais au niveau de la gestion territoriale, elles étaient placées sous les ordres du Bâc Thành au Nord et du Gia Dinh Thành au Sud. La réunion de quelques provinces en « dao », donc en grandes unités territoriales montrait le besoin de gérer le pays par hiérarchisation. Ainsi ces « dao » étaient l’échelon intermédiaire entre la Cour royale et la province. Sous le protectorat français, le pays était divisé en trois Ky (divisions territoriales du Nord, du Centre et du Sud).
Après 1975, une réorganisation importante du système administratif se fit afin de diminuer les échelons intermédiaires entre les échelons central et local. L’administration de zone fut aboli, sauf les zones militaires. A leur place, fin des années 60, un certain nombre de petites provinces ont été réunies en grandes provinces, de telle manière que chaque province des plaines ait une population d’environ un million d’habitants, et pour celle des régions hautes un minimum de 500.000. Commencée d’abord au Nord, cette politique s’étendit vers tout le Sud après la réunification du pays. Dès le 1er avril 1989, tout le pays comprenait trois villes (Hanoï, Hô Chi Minh-ville et Hài Phong), une zone spéciale (Vüng Tàu-Côn Dao) et 36 provinces, en tout 40 unités administratives. Le premier recensement de population fut réalisé le 1er avril 1989 selon ces unités administratives.
Mais la division en provinces en fontion du nombre d’habitants révéla très vite ses lacunes. Avec l’unification, plusieurs provinces eurent une superficie trop vaste et une population si dispersée que la gestion même à l’échelle provinciale avait une efficacité limitée, surtout dans les provinces des hauts plateaux. La province Gia Lai-Kon Tum avait une superficie de 25.536 km où la population n’était environ que de 600.000 habitants avec des infrastructures peu développées. De ce fait, les ordres ou idées émis du centre administratif n’atteignaient qu’à trop long terme les habitants des villages les plus éloignés. On pourrait ainsi citer le cas de Nghê Tïnh (22.502 km2), Binh Tri Thiên (18.340 km2), Lai Châu (17.088 km2), Hoàng Lien Son (14.852 km2), Son La (14.852 km2), Hà Tuyên (13.518 km2), etc.
Par contre d’autres provinces dont la superficie n’était pas trop large révélaient des conditions économiques, sociales et même psychologiques peu compatibles limitant leur développement: ce fût le cas des provinces Hà Son Bïnh, Hà Nam Ninh, Nghîa Bïnh, Phü Khânh, Thuân Hài, Hâu Giang…
Les premières décisions de l’Assemblée nationale délimitant les provinces furent promulguées le 30 juin 1989, sur la base des anciennes limites: la province Nghîa Bïnh fut détachée en deux provinces Quâng Ngâi et Binh Dinh; Phü Khânh en Phü Yen et Khânh Hôa; Binh Tri Thiên en Quâng Bînh, Quâng Tri et Thùa Thiên-Hue.
Puis, les décisions postérieures dédoublèrent les provinces: Gia Lai-Kon Tum, Hà Tuyên, Hoàng Lien Son, Hà Son Binh, Hà Nam Ninh, Nghe Tinh, Cuu Long et Hâu Giang et élargirent la zone spéciale de Vûng Tàu-Côn Dâo pour former la province Bà Ria-Vüng Tàu. Ces divisions s’achevèrent en 1993 et portent le nombre de provinces et villes relevant du pouvoir central dans tout le pays à 53.
Le 6 novembre 1996, l’Assemblée nationale de la RSV a approuvé une nouvelle division administrative de 8 provinces anciennes en 15 provinces nouvelles et une ville relevant du pouvoir central. La province Bâc Thâi est détachée en deux provinces Bac Can et Thâi Nguyen; la province Hà Bac en Bâc Giang et Bac Ninh; la province Hâi Hung en Hâi Duong et Hung Yen; la province Minh Hâi en Bac Lieu et Cà Mau; la province Nam Hà en Hà Nam et Nam Djnh; la province Quâng Nam-Dà Nâng en province Quâng Nam et ville Dà Nâng; la province Sông Bé en Binh Duong et Binh Phuoc; la province Vinh Phü en Phü Tho et Vinh Phüc.
Le Vietnam compte à partir de 1997 57 provinces et 4 villes relevant du pouvoir central.