L’ORGANISATION TERRITORIALE DES DÉCENNIES DU Ille MILLÉNAIRE 3
Rôle de l’agriculture dans l’œuvre d’industrialisation et de modernisation. Importance des pôles de développement
Le rôle de l’agriculture dans le processus d’industrialisation et de modernisation est un problème qui mérite d’être discuté, surtout dans un pays où près de 80% de la population sont des agriculteurs.
De l’expérience de certains pays en développement, on peut se rendre compte que l’investissement exclusif dans l’industrie et la négligeance dans le développement agricole peuvent conduire le pays à une situation difficile. Cela s’est produit pendant les décennies 60-70 de ce siècle, quand les théoriciens des pays capitalistes développés comme R. Nurske (1953), A. Lewis (1954), A. Hirschman (1958) etc… estimaient que le développement économique devait obligatoirement passer par une étape d’accumulation du capital pour construire l’infrastructure, les usines et les machines, tandis que l’agriculture devait fournir la main-d’œuvre nécessaire à ces activités, car celles-ci avaient un plus grand effet d’irradiation, surtout celles d’industrie lourde, ce que l’agriculture ne pouvait avoir. L’exemple des pays développés de l’Europe, de l’Union Soviétique et surtout du Japon, le prouve.
Ces théories ne sont pas peut-être erronées, mais leur application aux pays en voie de développement — pour la plupart des pays presque exclusivement agricoles — semble trop hâtive. Par l’observation des tracas que les pays agricoles en voie de développement ont connus pendant les années 60-70, se sont développés des points de vue contraires ou plus modérés.
J. L. Maurer par exemple, en étudiant l’économie de l’Indonésie, a émis l’opinion d’une « activité agricole à effet d’industrialisation ». D’autres savants commencent à soulever l’importance de l’agriculture comme infrastructure de l’industrie. Cette conception est née de la réalité par la garantie des vivres à une population qui ne cesse d’augmenter (au Vietnam, la sécurité des vivres est toujours placée au premier rang), par l’accroissement du revenu d’une majorité de la population, la capacité d’augmentation d’accumulation pour financer la plupart des activités de production non-agricole, par la source de main-d’œuvre et de matières premières à plusieurs branches industrielles et par un marché intérieur important pour consommer les produits des autres secteurs de production. D’après Maurer, la modernisation de l’agriculture et l’amélioration de vie à la campagne ont joué un rôle important dans le déclenchement du processus de rendre l’industrie multiforme et l’œuvre d’industrialisation avec une telle vélocité qu’on ne puisse résister à l’idée d’une agriculture ayant l’effet de promouvoir l’industrialisation (en Indonésie).
Ainsi, les théories apparues après la Seconde Guerre mondiale sont peut-être trop hâtives dans leur conclusion sur le rôle de l’industrie sans tenir compte de l’effet encore très important de l’agriculture dans les pays en développement, tandis que les théories récentes considèrent le développement de l’agriculture comme nécessaire au développement et à la diversification des activités industrielles.
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On peut donc dire qu’il est impossible d’avoir une révolution industrielle vraiment solide sans une révolution agricole de même échelle pour obtenir un développement solide en général.
Sans répéter ici les résultats de la production agricole du Vietnam que tout le monde connaît (d’un pays manquant annuellement de vivres dans une localité ou dans une autre, il est devenu le 3e exportateur de riz du monde), on ne peut que dire que l’Etat du Vietnam était très précautionneux en promouvant la production agricole et en même temps investissant pour accélérer l’industrialisation et la modernisation. Plusieurs politiques satisfaisant les souhaits du peuple ont été promulguées (les Résolutions 100 et 10, l’élargissement du Crédit agricole, la remise forfaitaire à long terme de la terre etc…), les soins de construire des bases d’infrastructure au service de l’agriculture, l’amélioration constante des variétés de riz… ont créé des conditions favorables à ces succès (Voir Chapitre VIH).
Ce qui limite la construction des entreprises industrielles rurales, ce sont les voies de communication et le marché. Ces quelques dernières années, on constate un émouvant effort de la population — même celle des zones éloignées ou reculées — dans la construction des routes aux véhicules automobiles, à partir des Nationales ou des centres urbains, des chefs-lieux de district, tandis que le réseau des « marchés ruraux » est encouragé.
En réalité, depuis très longtemps, dans tout le Vietnam et surtout dans la plaine du Fleuve Rouge, s’établit un réseau de « marchés » fonctionnant par foires pour que les paysans d’une région déterminée puissent y échanger ou acheter des produits fabriqués. Dans un petit secteur, il y a généralement un marché principal et trois à quatre marchés auxiliaires, et dans les grandes régions, de quatre à cinq marchés principaux et une dizaine de marchés auxiliaires, chacun a de quatre à six foires par mois. De cette façon, les villageois peuvent aller aux jours pairs à un certain marché et aux jours impairs à un autre, chacun distant de leur domicile de 2 à 10 km. L’emplacement des marchés commence à jouer le rôle de pôle d’attraction minime, mais, quand même de pôle d’attraction. Avec le développement du secteur de production et de service, ces marchés seront peu à peu urbanisés et capables de devenir des points d’industrie locale au sein même de la campagne. La réalité commence à démontrer ce fait.