L’IDENTIFICATION DU VIETNAM 4
Un petit pays toujours en face à de dures épreuves. Un regard géo-stratégique
Au cours de l’histoire du Vietnam, depuis l’antiquité jusqu’aux années 70 de ce siècle, le pays a enduré de nombreuses guerres pour l’émancipation de son peuple, ou afin de juguler les invasions venues non seulement des pays du Nord, mais encore du Sud et de l’Ouest. Si avant le XIXe siècle, ces invasions avaient pour but d’assujettir le Vietnam (pays vassal) ou plus simplement d’occuper le territoire, au XXe siècle, l’objectif était totalement différent.
Evidemment, les ressources naturelles en surface et en profondeur du Vietnam font encore l’objet d’un certain attrait, mais les objectifs géo-stratégiques parfois sont devenus prioritaires. On doit se rappeler qu’à la fin du XIXe siècle, les théories géo-politiques — plus tard devenues géo-stratégie mondial — d’une série d’érudits et de généraux, s’épanouissaient, ayant une forte emprise sur les dirigeants politiques de certains pays.
Même pour les Français, le but premier des guerres d’invasion au Vietnam était en réalité de trouver une tête de pont pour s’introduire en Chine continentale, en dehors de leur soutien aux missionnaires. Les Américains, en mobilisant une force armée gigantesque pour envahir le Vietnam, visaient à empêcher le mouvement révolutionnaire de « menacer le monde libre », et en premier lieu l’Asie du Sud-Est-. Ainsi, du point de vue géo-politique ou géo-stratégique, le Vietnam est depuis longtemps considéré comme une « zone tampon » entre la C’hine continentale et le reste de l’Asie du Sud-Est, tout au moins selon l’opinion de certains théoriciens occidentaux.
En réalité, ce pays a quelques caractéristiques géo-stratégiques dignes d’attention. Généralement, les facteurs géo-stratégiques d’un pays comprennent la situation géographique et la superficie, la population, l’organisation économique et la puissance du régime social. Seulement pour le premier facteur — les autres seront exposés dans les chapitres correspondants — le premier trait frappant est que ce pays a environ 1.400 km de frontières avec la Chine, environ 2.067 km avec le Laos, plus de 1.800 km avec le Cambodge. Une série de voies de communication naturelles permettent une circulation relativement favorable entre le Vietnam et les pays voisins. Un certain nombre de régions sur la terre ferme ont une grande importance de ce point de vue : ce n’était pas par hasard que le corps expéditionnaire français a choisi Dien Bien Phü comme base de contrôle en 1954; la « zone des 3 frontières » (entre le Vietnam, le Laos et le Cambodge) avait aussi été remarquée par les militaires français pendant le conflit franco-japonais en Indochine.
La position géo-stratégique du Vietnam est d’autant plus importante que ce pays a un littoral de plus de 3.000 km s’ouvrant sur le Bien Dông, avec des ports aux eaux profondes, en premier lieu le port de Cam Ranh et les îles et archipels. A l’époque où les grandes puissances rivalisaient d’influence dans le secteur de l’Océan Pacifique, ces ports, îles et archipels étaient et sont toujours la préoccupation non seulement du Vietnam, mais aussi de nombreux pays.
Les voies maritimes internationales reliant l’Asie du Sud, l’Asie du Sud-Est avec le Nord-Ouest de l’Océan Pacifique et vice-versa doivent traverser le Bien Dông, et deviennent de plus en plus animées à cause du rapide accroissement économique des pays avoisinants. Il en va de même pour les voies reliant l’Asie du Sud-Est à l’Australie et à certaines îles de l’Océanie. Le réseau des lignes aériennes survolant le Vietnam et le Bien Dông est de plus en plus serré, reliant non seulement les différents pays de la région, mais aussi les continents.
Depuis ces dernières années, la découverte du pétrole sur le plateau continental du Vietnam, et aussi l’éventualité de la présence de ressources pétrolières aux environs des archipels Hoàng Sa et Truong Sa appartenant au Vietnam augmentent encore la valeur géo-stratégique du pays. Les litiges au sujet du plateau continental et de la zone économique dans le Bien Dông compliquent de jour en jour les problèmes géo-stratégiques.
Ainsi, contrairement au raisonnement du célèbre géo-politicien anglais H. J. Mackinder (1904) au début du siècle, le Vietnam et l’Asie du Sud-Est ne restent plus « les pays en bordure » ou appartenant au « croissant des archipels » ou à « la périphérie » par rapport à faire axial ou central mais à partir du milieu du siècle, deviennent un des centres de litiges ou de conflits. Cela expliquerait beaucoup de bouleversements observés récemment en Asie du Sud-Est.
Ainsi, le Vietnam doit continuellement faire face à de grandes épreuves dont les manifestations majeures sont les invasions, et même les tentatives d’assimilation. Grâce à la solide union entre les ethnies vivant sur le territoire et l’esprit d’indomptabilité forgés à travers de multiples générations, la population de ce pays a surmonté de nombreuses épreuves considérées comme insupportables.
Bien que le Vietnam ne la proclame pas pubiquement, on assume qu’il a sa propre géo-stratégie : c’est le maintien de l’indépendance, de l’intégrité du territoire et de la sécurité nationale, la solidarité avec les pays de la région, le développement des liens d’amitié avec les peuples de tous les pays surtout depuis sa politique d’ouverture.