L’IDENTIFICATION DU VIETNAM 3
54 ethnies, 54 traits culturels originaux
Le Vietnam compte 54 ethnies, vivant entremêlées du Nord au Sud, mais chacune garde encore ses traits culturels propres se manifestant par le langage, la prononciation, le mode de peuplement et par l’aspect des habitations, les rites et coutumes, les opérations dans la production. Non seulement ces traits culturels réjouissent les ethnologues et les touristes se lançant à la recherche de l’exotisme, mais ils multiplient encore la diversité de la civilisation générale des Viêt.
Evidemment l’ethnie Kinh (Viêt) est la plus importante en nombre. Elle est présente sur tout le territoire, des plaines aux montagnes, mais plus densément dans les plaines grâce à la culture du riz. Le peuple Kinh est le noyau du peuple vietnamien, ayant suivi un long processus de développement, au niveau de leur civilisation comme à celui de l’exploitation du territoire, c’est pourquoi il exerce la plus profonde influence. On le cite fréquemment comme le créateur de la civilisation du riz, au moins au Vietnam. Devant continuellement faire face aux forces brutales de la nature (inondations, sécheresses et typhons) et aux invasions de l’ennemi, les Kinh savaient de bonne heure se coaliser avec les autres ethnies pour édifier une nation unie.
Excepté les Muong — dont le langage a une origine commune avec celui des Viêt — et la plupart des minorités ethniques autochtones du Sud, particulièrement aux Hauts-Plateaux du Tây Nguyên, les autres peuplades immigrèrent au Vietnam à des époques différentes : les Thùi aux Vile et XlVe siècles, voire plus tôt, les Dao aux XVe-XVIIle siècles, les H’Mông aux XVIIe-XVIIIe siècles, si on ne considère que les minorités ethniques les plus importantes.
Si au Vietnam on ne trouve pas de territoire où réside une ethnie distincte comme il est dit plus haut, particulièrement au Nord Vietnam, on peut quand même mentionner l’aire d’habitat essentielle de ces ethnies : les Muong, les Thai ont les plus vastes. Les Muâng, par exemple, sont présents à Yen Bâi, Vinh Phú, Son La, à l’ouest de Hà Nam et de Ninh Binh, mais très concentrés à Hoa Binh. Les Cham en petits groupes sont répartis à An Giang, Tây Ninh et même à Hô Chi Minh-ville, mais se concentrent surtout à Bînh Thuân et Ninh Thuân.
Les efforts pour délimiter les « zones culturelles » ne sont pas aisés, même en ce qui concerne les minorités ethniques principales indiquées ci-dessus. Même si dans les zones où elles se rassemblent en grand nombre, leurs traits culturels sont très nets, ils ne sont pas uniques. On ne peut parler qu’avec réserve des « paysages culturels » d’une ethnie ou d’une autre.
Dans ces soi-disant « paysages culturels », on contaste l’existence des patois (ou déformation de la prononciation locale, y compris parmi les Kinh) très répandus dans les campagnes, de jour en jour enrichis de nouveaux vocables grâce au contact avec les majorités ethniques. Quelques rites et coutumes culturels subsistent encore comme la fête du combat de buffles à Đo Son (Hai Phng) et aux Hauts-Plateaux du Tây Nguyên, la fête du « lancer du cou (boule d’étoffe) chez la communauté des Thai, Tay; la fête des gongs et des cymbales (certains ont parlé de la civilisation des gongs et des cymbales) au Tây Nguyên, etc.
La déstabilisation des aires d’habitat, particulièrement en temps de guerre, le processus d’urbanisation, même à un niveau très embryonnaire et l’expansion du mode de vie des Kinh ont émoussé quelque peu ces traits distinctifs, surtout parmi les jeunes. Néanmoins, l’identité culturelle de chaque ethnie garde encore ses traits essentiels, qu’on encourage à conserver, et qui deviennent d’autant plus profonds que les régions sont plus éloignées.