LES ÎLES ET LES ARCHIPELS
Dans dix-huit Chapitres précédents, le Vietnam est présenté comme une entité géographique en bordure de la péninsule indochinoise, relevant de l’Asie du Sud-Est continentale. Néanmoins, il y a encore un autre Vietnam, considéré comme une partie de l’Asie du Sud-Est océanographique avec d’innombrables îles côtières et archipels répartis sur un immense seuil continental.
Comme il est exposé au Chapitre III, le seuil continental du Vietnam (et évidemment la zone maritime au-dessus) est 3 fois plus vaste que le Vietnam continental. C’est aussi le territoire sacré légué par les ancêtres que chaque Vietnamien doit défendre et explorer efficacement.
De longue date, les Vietnamiens s’étaient fixés sur les îles côtières et avaient progressivement élargi leurs activités , économiques sur les archipels éloignés du Bien Dông
La légende même de Lac Long Quân et Âu Co sur l’origine du peuple vietnamien raconte que 50 enfants avaient suivi leur père (Lac Long Quân) s’établir à la région littorale et 50 autres avaient accompagné leur mère (Âu Co) pour se fixer aux régions montagneuses. Leurs enfants dans la suite avaient procréé une nombreuse progéniture qui explorait tout le territoire du Vietnam.
Bien que ce ne soit qu’une légende, elle avait une signification déterminée : les Viêt antiques dès les premiers temps ne vivaient pas seulement sur la terre ferme, mais encore s’aventuraient en pleine mer, sur les îles et archipels environnants.
Des documents archéologiques le prouvent aussi : à la dernière étape de la civilisation Hôa Bînh-Bâc Son, une fraction de la population s’avançait dans la mer et se fixait sur les îles côtières du Nord-Est, ce que prouvent les vestiges de Soi Nhu (environ 100.000 ans auparavant) et de la culture Câi Bèo (environ 600 ans auparavant), trouvés essentiellement sur les îles et les dunes côtières. À l’époque de la culture Ha Long (environ 4.000-5.000 ans auparavant), l’homme s’est établi sur tout le littoral, comprenant les îles et les bandes de terre côtières.
Les vestiges de la culture Sa Huÿnh (et pré-Sa Huÿnh) sont aussi les preuves de la présence de l’homme sur la bande côtière et sur les îles du Centre et du Sud Vietnam 4.000-3.000 ans auparavant. Des récents travaux d’étude (1996) ont aussi découvert des vestiges de la culture vietnamienne sur l’archipel Trucmg Sa, en plein Bien Dông.
Tout ce qui a été avancé montre que les Viêt antiques étaient présents partout sur leur territoire. Au littoral, aux îles et archipels, leurs activités économiques étaient multiformes: outre les activités agro-sylvicoles habituelles (culture du riz, cultures vivrières en terre sèche, des arbres fruitiers et élevage), ils se livraient encore à la pêche, à la construction d’embarcations pour le large et évidemment au commerce. Ces deux dernières activités se montraient les plus animées: le peuple de Vân Lang (de l’antiquité à l’an 258 avant J.C.) pratiquait la pêche dès l’antiquité — comme il a été inscrit dans l’histoire ancienne — et les activités commerciales apparaissaient peut-être plus tard au moins au point de vue de commerce international.
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On cite souvent deux ports internationaux de commerce typiques: Pho Hien (à Hung Yen) et Hôi An (à Quâng Nam), mais il faut savoir que dès le début du Xle siècle, le port commercial Vân Dôn de la région de Quâng Yen avait des activités d’import-export très animées, non seulement avec les pays de la région, surtout avec la Chine, mais encore avec des navires marchands de certains pays occidentaux, par exemple avec l’Espagne.
Les dynasties des rois et seigneurs d’autrefois se préoccupaient de la défense de l’espace maritime, comme la construction des fortifications ( la citadelle des Mac à Cât Bà, Xîch Thô, Cẩm Phâ; le fort Ngoc Vừng sur l’île de même nom sous le règne de Minh Mang), des embarcations de guerre, même une flottille de vaisseaux de bronze comme sous Minh Mang.
Evidemment, la sédentarisation et les activités économiques sur la bande côtière, sur les îles côtières ne sont pas aussi favorables comme en arrière-pays, et encore très difficiles sur les archipels lointains. L’ambiance maritime a des accalmies, mais la plupart du temps, des hautes vagues et des typhons. Seuls l’éloignement et la profondeur étaient des entraves au déplacement de l’homme. Ainsi la conquête de la zone maritime doit encore continuer de génération en génération. De nos jours, cette tâche est plus compliquée et il est clair que l’Etat du Vietnam a dû avoir des stratégies approriées.