Les provinces au nord du Tây Nguyên: une terre qui attend de nouvelles découvertes
Les provinces au nord du Tây Nguyên comprennent Gia Lai et Kon Tum. Dans le mouvement de formation de grandes provinces, ces deux provinces étaient réunies, puis se sont détachées en 1989, car leur superficie totale atteint 26.146 km2, une superficie trop grande pour que la gestion soit efficace, et constituée presque entièrement de montagnes d’accès difficile.
La province Gia Lai a une superficie presque double de celle de Kon Tum, et une population triple. Ceci est compréhensible: la superficie agricole à Kon Tum (environ 132.000 ha) est de 3 fois moindre que celle de Gia Lai (395.000 ha), y compris la superficie recouverte de terre rouge basaltique, et la population se rassemble toujours aux plaines.
Les plaines à Kon Tum sont pour la plupart des dépressions entre les montagnes créées par les failles, suivant lesquelles les cours d’eau élargissent leur vallée. La dépression au centre des montagnes de Kon Tum, où se trouve le chef-lieu de province, suit la direction nord-ouest — sud-est sur une faille de même sens née du néogène. La rivière Pô Cô et son affluent, le Dac Bla, traversant le chef-lieu de province, y établissaient rapidement son lit sur les sédiments argileux et en même temps constituaient leurs terrasses dont la terrasse III corrodée à 60-70 m de hauteur sous forme de collines découpées.
Dans les confins de la dépression de Kon Tum, il y a des surfaces aplanies de l’époque pliocène à l’ouest de Dâc Tô, où on peut cultiver le riz. La vallée Sa Thây est aussi le prolongement de la vallée du cours d’eau Pô Cô. En dehors des surfaces relativement planes sus-indiquées, la province Kon Tum est entourée au nord, à l’oqest et à l’est par de vastes massifs montagneux du système Ngoc Linh déjà mentionné, avec des sommets de 1.500 à 2.500 m. Le plateau Kôn Plông au nord-est de Kon Tum est aussi recouvert d’une couche de basalte découpée en des bandes de collines hautes de 50 à 60 m. Les minorités ethniques y vivent dans de petits hameaux dispersés dans la région montagneuse, mais aussi aux plaines, entremêlées avec les Kinh.
Gia Lai aussi entouré à l’ouest par la chaîne An Khê, se prolongeant sur 175 km du sud de la vallée du Trà Khùc à celle du Ba, est en réalité la limite entre l’est et l’ouest du Truong Son Sud. Dans le territoire de Gia Lai, cette chaîne entoure le plateau Kôn Hà Nừng et la plaine An Khê. Le plateau Kôn Hà Nùng, haut de 900 m, est constitué de collines découpées profondément, dont la surface relativement plane est recouverte d’une couche assez épaisse (environ 100 m) de basalte, ayant actuellement une couverture forestière assez touffue.
La plaine An Khê à l’entrée de Binh Dinh est en fait une dépression entre les montagnes, d’une longueur de 45 km et d’une largeur de 15 km. La rivière Ba descendant du massif Ngoc Rô (1.549 m) au nord de Kon Tum, emprunte cette vallée pour couler vers la plaine; mais en amont, elle a pu creuser son lit pour former au moins deux terrasses, essentiellement corrodées. Bien que la superficie des plaines ne soit pas grande, leur présence à la haute région crée à la population locale des conditions pour établir des bases d’élevage du gros bétail (à Hà Tarn), pratiquer la riziculture et les cultures vivrières en terre sèche, nécessaires à la vie quotidienne. 11 est à remarquer que la route 19 de Quy Nhơn à Buôn Ma Thuôt dépasse le col An Khê en cet endroit, puis le col Mang Giang (avec une bifurcation vers Kon Tum après Suôï Dôi).
À l’ouest du plateau Pleiku s’étale une bande de basses collines dépendant de Chu Pah et Chu Prông, touchant les frontières du Laos et du Cambodge — une seconde « zone des trois frontières » dont l’importance ne cède en rien à celle de la première zone à Dac Nông. Les montagnes en cet endroit sont constituées de roches magmatiques de différentes espèces, si dures que les affluents du Srêpôk ne puissent y creuser leur lit et créer aucun terrain alluvial important.
Mais le lit tortueux des cours d’eau avec des cascades et des rapides constitue une autre potentialité assez grande en énergie et en hydraulique agricole.
À l’ouest des deux chef-lieux Kon Tum et Pleiku, en amont du Sêsan, on trouve 6 sites ayant des potentialités en hydro-électricité d’une puissance totale éventuelle de 800 MW, suivant les anciens calculs de The Postwar Development of the Republic of Vietnam: Policies and Programs.
Mais seul le site de Yaly — où se trouve la cascade du même nom — est évalué actuellement comme le plus grand (750 MW), les autres sites de 150 à quelques dizaines de MW. Fin 1995, l’Etat vietnamien a décidé d’inaugurer la construction de la Centrale hydroélectrique de Yaly. Selon les prévisions, son premier groupe électrogène fonctionnera fin décembre 1996, les trois autres restants avant l’an 2000.
Sauf le plateau Pleiku, presque tout le territoire de Gia Lai et Kon Tum est muni d’une couverture forestière relativement fertile, mais à cause du climat sec, les forêts tropicales humides et semi-caduques, les forêts de savane, occupent une superficie notable. La surface des terres et des collines dénudées n’est pas négligeable, particulièrement le long de la route 19 de An Khê à Mang Giang. Le projet de planter des eucalyptus sur une surface de 15.000 à 20.000 ha à Gia Lai pour recueillir du bois servant de matière première à l’industrie du papier ou pour l’exportation peut apporter dans une certaine mesure quelque profit à la région, mais peut dessécher davantage la terre. Evidemment l’industrie du bois a des conditions pour se développer à Gia Lai-Kon Tum, néanmoins il vaudrait mieux s’orienter vers l’ameublement qui demandera un investissement pour l’infrastructure et les technologies.