LE TÂY NGUYÊN: DES ESPACES EN EXPLOITATION 4
Bien que considéré comme une zone économique spéciale, te Tây Nguyên ne crée pas encore les relations étroites en son intérieur
Les relations économiques entre les différentes parties (dans ce cas il s’agit des provinces) de la région se concrétisent d’abord dans les flux d’échanges de marchandises, de main-d’œuvre, de capital et d’information. Ce sont précisément ces relations qui créent l’unité de la région mais les points faibles du Tây Nguyên se révèlent aussi dans ces relations, bien que personne ne nie qu’en géologie physique, ce territoire peut satisfaire les critères d’une région unie.
L’exploitation économique du Tây Nguyên n’a en fait commencé intentionnellement que depuis quelques dernières décennies; il s’agissait auparavant d’une exploitation « barbare » des ressources naturelles, surtout du bois une partie pour la consommation intérieure, la majeure partie pour l’exportation.
Le réseau des voies de communication reflète aussi cela: sauf la Nationale 14 partant de Nong (sud de Thua Thiên) et de l’ouest de Dà Nâng à la zone des trois frontières et à Chon Thành (de l’ancienne province Sông Bé) qui joue un rôle stratégique, les autres routes comme la Nationale 19 reliant Kon Tum-Pleiku à Quy Nhon, la Nationale 26 reliant Buôn Ma Thuôt à Ninh Hoà et de là descendant à Nha Trang étaient essentiellement au début des « culs-de-sacs » reliant des centres d’exploitation forestière du Tây Nguyên à un port du Bien Dông en vue d’acheminer les ressources naturelles exploitées vers « là-haut ». On peut facilement trouver que là où l’exploitation s’est élargie, vers la frontière vietnamo-laotienne, les routes « en cul-de-sac » apparaissaient. Par exemple les routes de Kon Tum à Sa Th’ây, de Pleiku à Bàu Can, de Buôn Ma Thuôt à Duc Mâm sont les tronçons, de route qui relient les chef-lieux de provinces aux nouveaux sites d’exploitation.
Sur la carte routière du Tây Nguyên, il y a nombre de ces routes, pour la plupart en remblai, dont les plus importantes sont les parcours 665 et 628 reliant Kon Tum à Thach Tru (Quâng Ngâi) sur la Nationale 1 A, les parcours 667 et 644 partant de Ea Khc au sud-est de Pleiku le long du Dà Rang (ou Ba) à Tuy Hôa.
Il est compréhensible que dans ces conditions, les provinces du Tây Nguyên et le Tây Nguyên en général ont des relations économiques étroites avec les provinces littorales méridionales du Centre Vietnam, plus étroites qu’entre les provinces elles-mêmes.
Les relations économiques entre ces provinces sont encore peu étroites parce que l’écart de leur niveau de développement n’est pas grand. Les produits d’une telle province sont aussi trouvés dans une autre: produits forestiers, surtout bois de différents types, produits agricoles (maïs, haricots, manioc, fruits…); produits provenant des cultures d’arbres industriels (café, caoutchouc, canne à sucre, thé, mûrier et vers à soie). Toutes les provinces deltaïques ont un grand besoin de ces produits pour la consommation sur place ou pour l’exportation, alors que les provinces du Tây Nguyên demandent toujours des vivres, des poissons de mer et des produits aquatiques et maritimes, des produits industriels: machines, outils, engrais chimiques, produits pharmaceutiques, matériaux de contruction, tissus… sans compter une main-d’œuvre qualifiée et de la « matière grise ».
Ces quelques dernières années, les provinces du Tây Nguyên ont essayé de s’orienter vers l’industrialisation et la modernisation. Certaines entreprises sont créées à Dà Lat, Bâo Lôc, Di Linh, Buôn Ma Thuôt, Pleiku et Kon Tum, mais étant des PME qui travaillent à la sous-traitance ou au traitement préliminaire des matières premières locales, elles ne sont que d’importance locale.
Il faut du temps pour établir les relations économiques entre les provinces du Tây Nguyên. Néanmoins on pourrait croire que ces relations seront peu à peu établies, avec l’option de construire l’autoroute du Truông Son Ouest avec un tronçon longeant le Tây Nguyên — la Nationale 14 —, de faire de Buôn Ma Thuôt un pôle-chef-lieu de la région (ou un « pôle double » Buôn Ma Thuôt-Pleiku?). Bien qu’il y ait des changements éventuels dans le nouveau schéma de régionalisation, les provinces de ce plateau se trouvent en face de ces problèmes communs à résoudre: entreprendre l’industrialisation et la modernisation dans une région à population clairsemée et composée de plusieurs minorités ethniques avec des niveaux de développement différents, l’agriculture caractéristique de la haute région, protéger l’environnement, élaborer une organisation territoriale rationnelle. Ce sont des problèmes qui demandent du temps pour des études approfondies avant de formuler les solutions.