LE TÂY NGUYÊN: DES ESPACES EN EXPLOITATION 3
Un territoire habité par de nombreuses ethnies dont certaines sont encore au stade d’une société primitive postérieure
C’est aussi une caractéristique du Tây Nguyên.
Différent des haute et moyenne régions du Nord Vietnam où les minorités ethniques vivent entremêlées et ainsi n’ont pas d’aire d’habitat nettement distincte (bien qu’il y ait des zones où telle ou telle autre ethnie est majoritaire), au Tây Nguyên, on peut observer le contraire.
L’ethnie Gia Rai a la plus vaste aire d’habitat, occupant la majeure partie occidentale de Gia Lai-Kon Tum (les districts Sa Thay, Chu Pah, Chu Prông) et s’étendant vers le sud-est (vers Chu Sê, Ayun Pa, Krông Pa) et aussi vers le nord de Dac Lac (à Ea Léo, nord de la plaine Ea Sup).
Les Gié Triêng se fixent à Dac Glây; les Xơ Dâng au nord de Sa Thây, à Dac Tô et Kon Plông, les Ba Na à Mang Giang et An Khê; les E-dê à Dac Lac (une partie de Ea Leo, Krông Buk, Chu Mgar, Mdrak, Krong Pach, Krong Ana); les M’nông au sud de la plaine Ea Sup et au sud de Dac Lac.
Dans la province Lâm Dông, certaines minorités ethniques vivent entremêlées comme les Cơ Ho, les Ma, mais les Viêt à Gia Lai-Kon Tum comme à Dac Lac se rassemblent aux centres urbains, aux cités municipales le long des Nationales venant de la plaine, comme la Nationale 14.
Au début du siècle, les Viêt n’étaient pas nombreux au Tây Nguyên, car les autorités voulaient garder le Tây Nguyên comme un « champ de chasse privé » réservé aux propriétaires de plantations étrangers et aux militaires. L’organisation de la migration des Viêt à Lâm Dông réalisée en 1938 ne visait qu’à former des fermes maraîchères (la première ferme établie était la ferme Hà Dông, regroupant les paysans originaires de cette province du Nord Vietnam; en 1975, il y avait 43 fermes analogues) au service de la classe gouvernante. Sur tout le Tây Nguyên, les Viêt ne représentaient que 5% de la population.
Après 1975 se déroulait un grand mouvement de migration de la population, essentiellement du delta du Fleuve Rouge et des provinces du Centre Vietnam pour former des » nouvelles zones économiques », éparpillées dans tout le Tây Nguyên. Avant eux, sont venus des scientifiques qui, dans 10 années consécutives, se livraient aux investigations fondamentales socio-économiques du Tây Nguyên menant aux recommandations bien réfléchies de transformer le Tây Nguyên en une zone de culture spécialisée des plantes de grande valeur économique comme l’hévéa, le mûrier et le caféier.
Les Viêt deviennent de plus en plus nombreux. De 1956 à 1979, la population du Tây Nguyên a triplé, de 530.000 habitants à près de 1,5 million, dont plus de 50% sont les Viêt. Au début de 1995, la population atteint approximativement 3 millions, soit le double de 1979.
Pendant ces dernières années, les Viêt ne migrent plus massivement comme auparavant, mais en fontion des demandes des autorités locales qui veulent accueillir non seulement des travailleurs agricoles et sylvicoles, mais encore des techniciens, ce qui est en train de s’effectuer. Pourtant, un mouvement de « migration incontrôlée » des minorités ethniques de la haute région du Nord Vietnam au Tây Nguyên ces dernières années complique la situation et en même temps accroît plus vite la population pendant une courte durée.
De jour en jour, l’entente entre les Viêt et les ethnies du Tây Nguyên devient plus étroite, de même qu’entre les ethnies autochtones, qui avaient auparavant maintes incompatibilités. L’influence des Viêt est assez grande: par leur intermédiaire, les minorités ethniques sont guidées dans les techniques avancées de culture et d’élevage, jouissent des profits éducatifs, culturels et sanitaires, et ce qui est le plus important, les ethnies de différents niveaux de développement se solidarisent en une communauté unissant leurs efforts pour développer le territoire.