On peut dire que le Tây Nguyên est une terre nouvelle dans le sens exact du mot. Pendant longtemps, ce territoire n’est habité que par des groupements autochtones, vivant essentiellement aux dépens de la nature sous forme d’autarcie.
Les Viêt (Kinh) y sont présents depuis plus de deux siècles, d’abord rassemblés à An Khê, Krông Pa et aux zones limitrophes. Pourtant, les commerçants Viêt de ce temps se sont faufilés aux hameaux pour l’échange des marchandises; certains remontaient les cours d’eau Thu Bôn, Ba jusqu’à l’amont pour l’orpaillage, tandis que les soldats en garnison frontalière mettaient en valeur les plantations autour de leur campement2.
On peut dater la découverte du Tây Nguyên dès cette époque: sous la dynastie des Nguyên, ce territoire était considéré comme la « haute région de Binh Dinh, Phü Yen, Khânh Hoa et Bînh Thuân », dépendant administrativement des provinces côtières correspondantes.
L’importance du Tây Nguyên comme sphère stratégique aux points de vue économique et de défense nationale a été conçue depuis longtemps. En géographie physique, cette région de montagnes et de plateaux ne comprend pas seulement le territoire dans les limites du Vietnam, mais encore une zone du Bas-Laos et du nord-est du Cambodge. Dans le territoire du Vietnam, le Tây Nguyên comprend 4 provinces: Kon Tum, Gia Lai, Dac Lac et Lâm Dông, d’une superficie de 56.119 km2 mais d’une population au début de 1995 de près de 3 millions d’habitants. La densité de population est ainsi la plus faible du pays, environ 53 hab./km2.
Comme il est exposé précédemment, le principe de complètement dans la division territoriale peut poser le problème de réunir les différentes provinces du Tây Nguyên aux provinces littorales pour créer des zones économiques et sociales différentes du schéma en vigueur. Néanmoins, par l’investigation encore incomplète des zones d’influence, il vaudrait mieux considérer dans l’immédiat le Tây Nguyên comme une région distincte dans son unité, suivant le niveau du développement socio-économique avec ses particularités par rapport aux autres régions.
Le territoire entre la ligne de partage du bassin du Mékong et de celui des cours d’eau du Bien Dông est plein de contrastes
Le Tây Nguyên est la plus grande partie de la région montagneuse de relief complexe habituellement dénommée le Truông Son Sud se prolongeant du 11° au 15° de latitude Nord. Les plus hauts sommets se trouvent à l’est, formant un rebord montagneux en forme d’arc convexe du côté de la mer, à versant abrupt de ce côté et embrassant les plateaux du côté occidental dont le versant descend à pente douce jusqu’à la vallée du Mékong.
Cette différenciation dans le sens ouest-est au point de vue du relief est encore complétée par une autre dans le sens nord-sud: la rivière Ba (Dà Rang) peut être considérée comme limite entre la zone de montagnes et de plateaux du nord, dépendant de Kon Tum et de Gia Lai, et la zone analogue au sud comprenant Dàc Lac et Lâm Dông.
Le réseau des cours d’eau évidemment accentue encore cette différenciation. La ligne de partage des eaux peut être tracée sommairement suivant la Nationale 14: les rivières Câi, Trà Khüc, Dà Rang ont en amont des affluents coulant dans les vallées étroites dans le sens nord-sud, avant de se jeter dans la mer, tandis que les cours d’eau du bassin du Mékong à l’ouest relevant du réseau du Srêpôk étalent leur réseau sur les vastes flancs des plateaux.
Les plateaux importants du Tây Nguyên sont ceux de Kon Tum (environ 500 m de hauteur), de Pleiku (environ 800 m de hauteur) au nord (le premier est encore accompagné de plateaux de superficie plus petite: Kon Plông et Kon Hà Nirng). Le plateau Buôn Ma Thuôt (Dâc Lac) haut de 800 m, au sud du plateau Pleiku, est le plateau basaltique le plus vaste (d’une longueur supérieure à 90 km, d’une largeur d’environ 70 km), suivi au sud-est du plateau Mdrak (appelé autrefois Khânh Duong), en réalité une ancienne dépression de 500 m d’altitude.
Le versant du plateau Buôn Ma Thuôt s’abaisse graduellement au sud jusqu’à la dépression Krông Pach Lak, une vallée corrodée et érodée au milieu des montagnes, comblée par les aliuvions des cours d’eau Krông Ana et Ea Krông Co Nô, formant un certain nombre de petites plaines et de marécages, même à une altitude de 350 à 450 m.
Au sud de cette zone du lac Dâc Lac, une série de plateaux Dà Lat, Di Linh et Dâc Nông s’étalent en marches d’escalier de hauteurs correspondantes 1.500 m, 900-1.000 m et 800-1.000 m. Les plateaux Di Linh et Dâc Nông descendent en pente douce vers le Nam Bô oriental à travers le plateau Bâo Lôc, favorisant la communication par la Nationale 20 de Hô Chi Minh-ville-Xuân Lôc à Dà Lat.