LE NORD-OUEST LET LE NORD 5
Malgré les difficultés, le Nord-Ouest renferme encore des potentialités agro-sylvicoles pas encore exploitées à fond
Le fonds forestier du Nord-Ouest est considéré comme au-dessus du niveau d’alerte, et le problème inverse se pose: l’exploitation des forêts n’est pas essentielle, mais au contraire, leur protection (surtout les forêts en amont et les réserves naturelles, particulièrement celles de Muông Nhé et Hoàng Lien Son) et le reboisement sont des tâches urgentes.
Pourtant, le reverdissement de plus de 2 millions d’hectares de collines dénudées ou seulement avec des buissons n’est pas chose facile, avec une population peu nombreuse et dispersée. La vitesse actuelle de reboisement tout au plus ne peut que compenser les superficies de forêts déboisées ou brûlées pour en faire des essarts, avec cette différence qu’on plante des arbustes alors qu’on abat surtout de grands arbres.
L’agriculture dans les hautes régions et en partie dans les moyennes régions est beaucoup plus difficile qu’aux plaines. Sauf aux bassins et aux vallées d’alluvions, le sol des plateaux ou flancs de collines est ou bien éolisé sur place ou bien lessivé tics sommets de montagne, donc évidemment moins fertile, sans compter la pénurie d’eau pendant la sécheresse. Sur le plateau calcaire, même l’eau nécessaire à l’homme et aux animaux est rare (par exemple sur le plateau Môc Châu), à plus forte raison pour arroser les prairies et les vastes plantations. C’est pourquoi la culture sèche demande des plantes appropriées.
La riziculture est limitée par les conditions sus-indiquées, et même par le climat. La superficie cultivée n’est pas grande, le rendement peu élevé, mais la production du riz est toujours importante pour subvenir aux besoins de la population locale, au lieu de transporter du riz de loin, plus coûteux par les frais de transport en surplus.
Suivant l’habitude, la population cherche à planter le riz partout où elle peut trouver de terre, mais il y a aussi des endroits plus favorables où il faudrait concentrer l’investissement1 2: Lai Châu a environ plus de 5.000 ha (surtout à Diên Biên 2.611 ha, Tuân Giâo 952 ha), Son La 5.203 ha (surtout à Muong La 3.244 ha, Phù Yen 922 ha), Hôa Binh 18.587 ha (Lac Son 4.130 ha, Kim Bôi 3.336 ha, Luong Son, Lac Thüy, Tân Lac, chaque district environ 2.000 ha, Mai Châu 1.247 ha). Ainsi la superficie totale cultivée de riz de ces 3 provinces atteint 28.818 ha, ne considérant que les endroits les plus appropriés.
L’axe du fleuve Thao avec Yên Bâi et Lào Cai ont aussi 21.197 ha. On peut voir ainsi que la superficie plantée de riz n’est pas grande, mais on ne peut conseiller la population à abandonner la riziculture pour organiser des équipes de reboisement (évidemment avec le ravitaillement en vivres du gouvernement), ou demander aux provinces de se suffire en vivres à tout prix, comme il était préconisé auparavant (il est compréhensible qu’en temps de guerre, le transport et la circulation étaient difficiles). C’était dans ce temps-là que les forêts sont sérieusement détruites pour créer des brûlis sur une grande superficie.
Les espèces de plantes de culture sèche demandant peu d’eau, s’adaptant aux conditions écologiques difficiles peuvent trouver au Nord-Ouest — comme dans d’autres régions montagneuses — des conditions plus favorables. Le maïs, pouvant être cultivé sur les collines ou sur les alluvions, est la principale source complémentaire de vivres (chaque province a de 15.000 à 25.000 ha, sauf Lào Cai avec environ 2.500 ha) ou encore pour l’exportation et l’élevage. Evidemment, on doit encore mentionner la pomme de terre, la patate, le manioc, le millet et d’autres tubercules. Le grand problème de culture des plantes vivrières dans la haute région est d’accroître le rendement (qui n’est pas facile, car la population doit augmenter les dépenses) et de procéder à la transformation, ce dernier point demande le développement des industries correspondantes.
Les plantes industrielles ont de nombreuses possibilités de se développer en grande surface aux hautes et moyennes régions grâce à la diversité du climat, du sol et du relief suivant la hauteur. Il est à plaindre que toutes ces plantes se retrouvent dans toutes les provinces: théier, canne à sucre, ananas, soja, surtout le théier. Par exeniple la province Yen Bai cultive le théier sur une grande superficie mais la technologie de transformation arriérée ne répond plus au nouveau marché, pendant que le cannelier peut être considéré comme dans une position de force (actuellement plus de 7.500 ha, exportant annuellement plus de 1.000 tonnes de cannelle, quelques centaines de tonnes d’essence de cannelle et la superficie appropriée peut doubler). Dans ces dernières années, quelques provinces s’intéressent au caféier, particulièrement le caféier moka, mais encore au stade d’expérimentation.
Les arbres fruitiers sont aussi variés, surtout ceux d’origine subtropicale ou tempérée. L’extension hardie de la culture des spécialités d’arbres fruitiers n’est pas encore expérimentée quoiqu’on puisse croire fermement que le prunier « tam hou » renommé de Bac Hà ne convient pas uniquement à cette localité. L’industrie post-récolte (séchage, transformation, etc.) doit encore être étudiée à fond.
L’élevage et la culture des produits aquatiques d’eau douce peuvent être les branches principales du Nord-Ouest, comme des autres régions montagneuses du Vietnam. Il est à remarquer que dans les coutumes de notre peuple, l’élevage n’est pas autant considéré que la culture, ce qui est aussi exact pour la population de la haute région. Les provinces de cette région ont pour la plupart de vastes prairies dont la qualité doit être améliorée comme à Son La et à Lai Chàu au Nord-Ouest. L’élevage concentré existe à Môc Chau (Son La) avec certaines bases de transformation; la superficie totale des prairies de toute la province atteint environ 40.000 ha, et c’est une grande supériorité. L’élevage du bétail cornu peut aussi se développer à Phong Thô.
L’élevage des espèces aquatiques d’eau douce est actuellement peu développé, bien qu’il y ait déjà le réservoir de la rivière Dà (créé par le barrage de Hôa Binh) long de 150 à 230 km. S’il y a encore le réservoir de Son La, les surfaces aquatiques pour l’élevage des poissons en cage, en radeau seront considérables. Cependant l’organisation de l’élevage des espèces aquatiques dans le réservoir de Hoa Bînh n’a pas encore l’envergure équivalente, comme dans le réservoir de Thac Bà (rivière Chày) et ainsi on n’a pas encore de produits de grande valeur marchande.