LE NORD-OUEST LET LE NORD 2
Les ressources légendaires de la haute et moyenne région doivent être réévaluées aujourd’hui
Les pays pauvres plus que les pays développés mettent souvent beaucoup d’espoirs en l’existence des ressources naturelles pour développer leur économie, surtout pour édifier l’industrie. Les haute et moyenne régions du Nord, de jadis à nos jours sont considérées comme possédant des potentialités en ressources naturelles: forêts, minerais, climat, cours d’eau…
Certainement, personne ne discute plus de la grave réduction de la couverture végétale. Sur une superficie totale de 16.308.500 ha de tout le territoire, les forêts ne couvrent plus que 2.168.000 ha; le taux de couverture n’est plus que 21,2% (tandis que le seuil critique est de 30%). Bien qu’encore incomplètes, les données montrent qu’annuellement, les haute et moyenne régions du Nord perdent environ 200.000 ha de forêts par la déforestation pour obtenir du bois ou faire des brûlis. Les forêts à bois précieux d’une superficie très réduite n’existent que dans les réserves naturelles ou dans les ravines escarpées. Ainsi, on ne peut pas considérer les forêts dans les haute et moyenne régions du Nord comme une ressource naturelle à exploiter mais au contraire, à protéger.
Les ressources minérales doivent être réévaluées soigneusement. Beaucoup de scientifiques émettent des avis contradictoires sur la richesse de ces ressources, mais personne n’a aucune objection sur la richesse de premier rang des haute et moyenne régions du Nord Vietnam en ressources minérales et énergétiques.
Si on reporte les points de minerais sur la carte, on aura un tableau plein de signaux, pouvant causer des illusions. Néanmoins, on serait obligé de remarquer le territoire situé entre la rivière Dà et les cours d’eau Lô-Gâm, concentré en ce qu’on appelle le triangle énergétique- minéral Yen Bâi-Lào Cai-Phong Tho, situé dans un autre triangle de même type plus grand, celui de Hôa Binh – Muong Tè – Hà Giang.
Seul le triangle Yên Bâi-Lào Cai-Phong Thô a plus de 83 points reconnus comme susceptibles de construire des stations hydroélectriques, dont 2 peuvent atteindre une puissance de 500 MW chacun, par exemple Son La et Huôi Quâng. La Centrale hydroélectrique de Hôa Binh a la même puissance, mais déjà située au sommet du grand triangle.
Dans ce petit triangle, on voit aussi se concentrer certains minerais à grande réserve d’envergure nationale: apatite (Cam Duong), graphite (Lào Cai), laiton (Sinh Quyên), baryte (Nâm Xe), baryte-fluorite (Dông Pao), fer (Quÿ Xa), sans compter les mines de moyenne et petite envergure, et 9-10 points d’eau minérale et d’eau thermale de toutes sortes.
Les ressources foncières sont remarquables, comprenant les terres agricoles, sylvicoles, les prairies. Sur 7,4 millions d’hectares de terres montagneuses, 5,5 millions d’hectares restent encore inexploités dans le but sylvicole, et 67% sont de 500 m d’altitude et plus. Ces terres inexploitées se trouvent pour la plupart à Lai Châu, Son La, Lào Cai, Yen Bai.
Les terres agricoles n’occupent que 1,2 million d’hectares, dont celles réservées aux plantes pluriannuelles n’occupent qu’une faible proportion par rapport à celles des plantes à court terme (environ plus de 120.000 ha contre plus de 850.000 ha), ce qui fait réfléchir les planificateurs. Les prairies d’élevage ne sont exploitées que sur 190000ha, les surfaces aquatiques de pisciculture sont de plus de 30000 ha. La superficie supplémentaire pouvant être utilisée dans l’agriculture est à peu près de 800.000 ha, dont 70% sont estimés favorables.
On est obligé de poser à nouveau le problème de l’utilisation rationnelle des terres, quand l’option de restructurer l’agriculture est devenue un besoin urgent.
En résumé, la valorisation des ressources de la haute et moyenne région a encore des points à éclaircir, tandis que leur usage « au petit bonheur » dans le but économique doit être discuté plus profondément.
Les ressources humaines: un problème de première importance à résoudre malgré de nombreuses difficultés
Ce vaste territoire est actuellement faire d’habitat de 12.387.900 habitants (1994), augmentant de 278.600 par rapport à 1993. La population urbaine n’est qu’environ le 1/10 de la population rurale, dont 6 provinces frontalières (Hà Giang, Cao Bang, Lang Son, Lai Châu, Lào Cai et Tuyên Quang), ont la moindre population rurale. La
densité de population est encore faible, en moyenne 120 hab./km ,
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mais 30 hab./km à Lai Châu, 56 hab./km à Son La. Au point de vue de répartition de la population, la densité de population des provinces de la moyenne région est d’environ 450 hab./km et diminue vite à mesure qu’on s’approche des frontières, jusqu’à 50 hab./km .
Les minorités ethniques en 1989 (suivant le recensement officiel) ont 4,152 millions d’habitants, environ 1/3 de la population de tout le territoire; le reste se compose des Kinh. L’opinion considérant que les Kinh ont peur de vivre dans les haute et moyenne régions (opinion répandue dans les livres occidentaux) n’est pas complètement exacte. La raison principale est qu’ils ont peur du paludisme (P. Gourou l’a constaté) et doivent trouver de vastes surfaces planes pour cultiver du riz irrigué, ainsi ne cherchent-ils que des vallées de cours d’eau. Quand le paludisme est repoussé après 1954, la sphère d’activité des Kinh est grandement élargie.
Les moyenne et haute régions ont une dizaine d’ethnies différentes, mais la majorité est constituée des Tày, vivant surtout au Nord-Est (1,0756 million en 1989), des Nùng (824.700), des Thâi (565.700 essentiellement au Nord-Ouest) des H’mông (528.600 à peu près partout sur les sommets des hautes montagnes), des Mong (environ
dans la région Hoa Binh-Thanh Hóa). Les autres ethnies n’ont chacune que quelques dizaines de milliers, même quelques milliers ou quelques centaines, vivant séparément le long des frontières sino-vietnamiennes ou vietnamo-laotiennes ou en commun avec d’autres ethnies. Les ethnies relativement nombreuses vivent ensemble jusqu’à 700 m d’altitude; au-dessus de 700 m à 1.000 m sont les Dao: à plus de 1.000 m, les H’mông et quelques autres ethnies retardataires.
Par les accidents du relief, les domaines de sédentarisation de ces ethnies sont aussi éparpillés. Pendant toute l’année, elles se confinent dans leur hameau, et ne prennent contact qu’avec une petite partie du monde extérieur dans les foires aux jours fixés qui ont lieu aux environs ou à même au chef-lieu du district de résidence. C’est l’endroit où on peut échanger ou acheter, vendre des produits de consommation, mais aussi faire connaissance des gens de même ethnie des villages voisins et même choisir son « amour ».
Rien de surprenant si jusqu’à nos jours, elles gardent presque intacts les mœurs, rites et modes de travail légués par leurs ancêtres et dans lesquels il y a des bons et des mauvais côtés (superstition, déboisement et brûlis). Il faut ajouter qu’après la Révolution d’Août, et particulièrement pendant la guèrre de résistance contre les Français, les contacts avec les Kinh se multiplient et la jeune génération est la plus avancée.
J’ar rapport à la plaine du Fleuve Rouge et à quelques autres régions, le niveau d’instruction de ces ethnies est en général encore bas. Le taux d’analphabétisme est de 14-15% de la population, surtout dans des zones éloignées. Actuellement, les minorités ethniques ont seulement 400 post-universitaires (4,3% de tout le pays), 86.500 diplômés des écoles supérieures ou des universités (13,7% de tout le pays), 283.000 ouvriers techniques, 256.600 techniciens de niveau secondaire (20,3% et 22,4% de tout le pays). Ces données et proportions sont encore assez modestes, mais non négligeables. En outre, la comparaison n’est significative qu’avec d’autres régions montagneuses (par exemple avec celles d’autres pays de la région, mais non avec la plaine).
La densité de la population, tout comme la population, encore faible a pour raison principale le développement encore timide de l’économie marchande. La réalité montre que dans les entreprises en activité dans les haute et moyenne régions, le rendement et l’efficacité du travail des ouvriers ne le cèdent en rien à ceux de la plaine, pourvu qu’ils soient bien formés.