LE DELTA DU FLEUVE ROUGE ET LE TRIANGLE CLEF DU NORD 6
Le delta du Fleuve Rouge est aussi la région qui a développé le plus tôt Vindustrie. Il y avait des résultats notables puis la crise
Le milieu industriel du delta du Fleuve Rouge est favorable parce qu’il a été formé depuis longtemps dans l’histoire, quand Hanoï était encore appelé la Capitale Thâng Long.
Ce milieu était activé pendant une longue durée par une tradition artisanale, dont le développement s’exprimait nettement à partir du XVIIe siècle. De nombreux villages dans toutes les parties du delta s’étaient distingués par leurs produits artisanaux surtout ceux en bordure de la rivière Day (de la province Hà Tây actuelle), qui étaient célèbres par leurs produits variés. Les représentants de ces villages se fixèrent à Hanoï et organisèrent des « corporations » célèbres.
Ce développement environnemental dépend de la volonté prolifique de la population. La main-d’œuvre en excédent suivant les cultures est utilisée d’abord dans l’artisanat et après dans la petite industrie. Il s’est produit une petite répartition de travail en famille: les uns s’occupent des terres tandis que les autres se livrent à la fabrication et au commerce des produits artisanaux.
Même dans les villes, l’adaptation à une vie mi-urbaine, mi-rurale permettait le recrutement aisé d’une main-d’œuvre venue de la campagne. Le coût bas de cette main-d’œuvre permettait la baisse du prix de revient du produit mais n’encourageait pas l’emploi des machines. L’industrie, dans son vrai sens, était peu développée.
Sous le protectorat français, une minuscule classe d’hommes d’affaires vietnamiens se formait essentiellement dans les grandes villes comme Hanoï, Hâi Phông, Nam Dinh, mais elle se heurtait à la violente concurrence des capitalistes étrangers ayant plus de pouvoir et de fonds financier, une source de faillite de certains Vietnamiens.
Tout cela explique en partie pourquoi l’industrie du Vietnam en général et de la plaine du Nord Vietnam en particulier, ayant des avantages déterminés ne pouvait se développer de façon satisfaisante, sans tenir compte des guerres, de la politique de priorité à l’agriculture et d’une série d’autres facteurs limitatifs.
Une politique sérieuse pour promouvoir l’industrie du Vietnam — avant tout au delta du Fleuve Rouge — ne fut proposée et réalisée qu’au début des années 60. En raison des circonstances, tous les efforts au Nord (le pays était scindé provisoirement à la latitude 17° nord) se dirigeaient vers la construction prioritaire des bases initiales de l’industrie lourde: le complexe sidérurgique de Thaï Nguyen, la zone industrielle de Viet Tri (produits chimiques), l’usine de machines d’outils N°l, les usines mécaniques, les usines de construction navale, les usines électriques etc… L’industrie de défense nationale était aussi prioritaire mais l’industrie légère ne comprenait que quelques entreprises de services (entreprises de décorticage de riz, manufactures de porcelaine, de sucre, de thé, de caoutchouc, de savon, de tabac) parsemées à Hanoï, Hài Phong et les autres chefs-lieux de province.
Aujourd’hui, on peut critiquer la ligne politique du « développement prioritaire de l’industrie lourde », mais en temps de guerre, ces entreprises avaient contribué pour une grande part à la production des armes légères, des moyens de transport etc…, et équipé un réseau d’entreprises locales en machines et instruments et même des machines agricoles.
L’ »erreur », si on peut dire ainsi, réside dans le fait du maintien de cette politique après 1975 jusqu’aux dernières années 80, bien qu’au début de cette décennie, apparut déjà la nécessité de trouver une proportion rationnelle entre le développement de l’industrie lourde et de l’industrie légère. Le mouvement « d’explosion de la production » lancé par les entreprises nationales suivant « le 3e plan » et poursuivi par les coopératives artisanales et industrielles et quelques particuliers (déjà existants) d’un côté ravitaillait le pays en marchandises relativement variées (mais de mauvaise qualité), selon les besoins de la population mais de l’autre côté contribuait à un grand gaspillage de matières premières et de main-d’œuvre par la répétition des modèles de la qualité non contrôlée.
La crise en industrie surgie de ces conditions et l’effondrement des clients traditionnels n’étaient que la confirmation qu’il était difficile de diriger l’industrie à l’ancienne manière.
Comme pour l’agriculture, l’œuvre de rénovation a ouvert la voie à un changement radical de la ligne de développement industriel dans les conditions d’une économie de marché suivant l’orientation socialiste avec l’intégration de l’économie nationale dans l’économie régionale et mondiale.