LE CENTRE VIETNAM 4
Les plaines côtières — où se concentre la majeure partie de la population — sont elles aussi des milieux naturels complexes, d’état écologique précaire
La population de toutes les provinces dans cette zone se concentre essentiellement aux plaines des embouchures de cours d’eau. La répartition n’est pas pourtant homogène: à Quàng Binh par exemple, sauf le secteur Dông Hôi d’une densité de population supérieure à 500 hab./km, seuls les districts Quàng Trach et Le Thuy sont relativement populeux (environ de 300 à 500 hab./km2), le reste du territoire n’a qu’une densité aux environs de 50 hab./km , et la plus faible au district Minh Hôa. A Quàng Tri, la population est encore plus irrégulièrement repartie: plus de 200 hab./km2 au secteur de Dông Hà, de 50 à moins de 200 hab./km aux secteurs Triêu Hai et Ben Hai, moins de 50 hab./km au pied des montagnes frontalières.
Cet état se retrouve à Thua Thien, Quâng Nam et Quâng Ngâi. À Thira Thiên, les secteurs les plus populeux sont Phü Vang, Quâng Di’ên, Huong Trà; à Quâng Nam, sont Diên Bàn, puis Dai Lôc, Duy Xuyên, Thâng Bînh, Tarn Kÿ et Nui Thành; à Quâng Ngâi, Son Tinh, Tu Nghîa et Mô Duc. Néanmoins, les districts populeux de ces 3 provinces ont une densité moyenne de population beaucoup supérieure à celle des provinces Quâng Bînh et Quâng Tri, atteignant de 500 à plus de 2.500 hab./km2, et même jusqu’à 4.000 hab./km2. Les districts de la haute région de ces 3 provinces ont aussi une densité moyenne de population aux environs de 50 hab./km2.
Le tableau de répartition de la population (et de densité) exprime les avantages et l’intensité de l’usage de la terre. Les caractéristiques du relief et du sol, ainsi que le ravitaillement hydraulique l’expliquent en partie.
Dans presque toutes les provinces de la région, la partie du territoire appelée plaine est constituée souvent de 3 zones principales, de l’intérieur à la mer: la haute bande d’anciennes alluvions, la zone de récentes alluvions le long des vallées et des plaines à l’embouchure des cours d’eau, les landes de sable — quelquefois des dunes — côtières immenses, parfois s’unissant aux flèches de sable entourant les lagunes, surtout à Thira Thiên.
La superficie rizicole de Quâng Bînh est rétrécie considérablement par l’existence des dunes côtières mouvantes, d’une hauteur moyenne de 20-30 m, maximale de 50-60 m, formant des chaînes de dunes de sable en forme de croissant se succédant dans le sens nord-ouest— sud-est, c’est-à-dire perpendiculaire au sens du vent du nord-est. Les dunes de sable se déplacent annuellement vers l’intérieur avec la vitesse de 15-30 m/an, par endroits de 100 m/an, envahissant graduellement les anciennes forteresses, les habitations, les jardins et les rizières. Entre ces dunes, il existe des dépressions formant des lacs d’eau douce, habituellement appelés « bàu », qui entretiennent la vie et les activités de la population. Les localités rizicoles les plus riches sont Le Thuy et Hà Thanh, et aussi les plus populeuses.
Au nord de Quâng Binh coule la rivière Rào Nây qui déverse ses eaux à l’embouchure Cura Gianh très réputée, tandis que le réseau de la rivière Dai Ciiang, à l’embouchure du Nhât Lê.
La plaine de Quâng Tri est encore plus étroite que celle de Quâng Binh, mais longe la côte sur 66 km. Sa superficie n’est que d’environ 500 km , y compris la vallée du cours d’eau Carn Lô, large d’environ 50 km . La terre arable peut être trouvée sur les collines basaltiques s’alignant de Cira Tùng à Gio Linh, Cam Lô, et même au secteur de Lao Bâo. La Nationale N°9 s’établit sur cette terre basaltique, mais au sud de Cam Lô et Cua Tùng. Les landes de sable s’élargissent de plus en plus du sud de Quâng Tri au nord de Thua Thiên et sont incultivables, malgré les efforts de la localité dans l’expérimentation des lots de culture près des points d’eau qui restent.
La plaine de Thùa Thiên, plus vaste (900 km ), grâce à l’alluvionnement de la rivière des Parfums, formée par l’union des cours d’eau Bô, Tâ Trach et Hûu Trach. Comme pour les plaines d’embouchure de Quâng Blnh et de Quâng Trj, les alluvions de la rivière des Parfums et de ses affluents charrient de nombreuses matières grossières, et comme le profil en long des cours d’eau est très abrupt, l’intensité du débit est très grande, surtout au temps des typhons et des pluies. En saison sèche, l’eau de mer envahit sur une surface assez grande et très poussée, jusqu’à Thiên Mu et même jusqu’à Van Niên (1994).
Presque toute la bordure extérieure de la plaine de Thira Thiên-Huê est entourée par des lagunes longues de 70 km et larges de 10 km par endroits, occupant une superficie de 20.000 ha. Ce sont les lagunes Tam Giang, Thuy Tü et Câu Hai, communiquant avec la mer par la lagune Thuàn An et l’embouchure Tu Hièn —celle-ci comblée de temps en temps par des flèches de sable mouvant. Ce réseau de lagunes crée des écosystèmes riches qui doivent être utilisés efficacement (mais actuellement pas très efficaces).
La plaine de Quàng Nam comprend deux plaines: celle des rivières Câi et Thu Bôn et celle de la rivière Tam Kÿ, d’une superficie totale de plus de 1.000 km . La plaine des rivières Câi et Thu Bon s’est formée sur une ancienne baie qui laisse encore des vestiges sous forme de lacs longs et étroits, abrités du côté de la mer par des landes de sable blanc. Jadis, aux XVIIe et XVIIle siècles, les bateaux étrangers parvenaient jusqu’à Hôi An pour faire le commerce, créant la réputation temporelle de ce centre urbain, jusqu’à ce que les formations côtières de sable achèvent d’alluvionner et de combler ces embouchures.
On ne peut omettre un cas rare: la mise en valeur des collines derrière Dà Nâng et Tam Kÿ, hautes de 200 à 600 m, à pente douce et à larges vallées, constituées d’alluvions anciennes et récentes, le plus nettement aux districts Que Son, Hiêp Duc et Tam Phuôc. Les jardins fruitiers, les bases de culture des plantes industrielles sur les collines et du riz dans les vallées (exploitées depuis longtemps par la population) sont des modèles typiques pour la conquête d’autres collines, non seulement au centre du Centre Vietnam, mais encore dans d’autres régions de tout le pays ayant une configuration analogue.
La plaine de Quàng Ngài, vaste d’environ 1.200 km , comprend les plaines d’embouchure des cours d’eau Trà B’ông, Trà Khüc et Vê. La constitution de la plaine de Quàng Ngài est semblable à celle de Quàng Nam avec des landes de sable au bord extérieur, avec cette différence que de plus en plus au sud, les montagnes et les collines s’approchent de la mer. Les collines de l’ouest, par exemple à Trà B’ông, possèdent des forêts naturelles de canneliers, fournissant de la cannelle Quàng très renommée.