LA POPULATION DU VIETNAM 6
La qualité du travail est toujours le caractère précieux du travailleur vietnamien
Malgré les difficultés déjà exposées, il faut considérer les ressources en main-d’œuvre du Vietnam comme très précieuses, sinon de premier rang. Un nombre important de ces travailleurs ont un degré d’instruction supérieure et au-dessus; une quantité plus grande est sortie des écoles de formation professionnelle; d’autres encore ont un niveau d’instruction primaire et secondaire. Le taux moyen d’analphabétisme du Vietnam est de 9%, chiffre qu’on ne peut trouver souvent que dans les pays développés. Ainsi, le travailleur vietnamien peut assimiler rapidement les techniques nouvelles, en même temps observe la discipline au travail, s’il est bien organisé et formé systématiquement. Par rapport à plusieurs pays d’Asie du Sud-Est, la main-d’œuvre du Vietnam est encore à bon marché, et c’est un attrait pour les entrepreneurs étrangers investissant au Vietnam.
Le côté faible du travailleur vietnamien est d’avoir été, pendant un temps assez long, détaché de la technique moderne, c’est pourquoi le recyclage devient indispensable. Néanmoins, l’expérience montre que — particulièrement dans les entreprises de joint-venture ou dans le domaine des hydrocarbures — il a pu rattraper ce retard en un temps relativement court.
Il faut aussi mentionner que les Vietnamiens résidant à l’étranger sont une force notable de travail. Par les événements connus de tout le monde, s’étant produits de 1945 à 1975 et quelques années après, plus de deux millions de Vietnamiens vivent et travaillent actuellement dans différents pays, surtout aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, en Australie, etc… Grâce à leurs activités et à leur travail dans un milieu économique et social développé, les Vietnamiens d’outre-mer ont acquis des expériences dans un domaine ou dans un autre au sein des entreprises ou dans un travail technique, et un certain nombre d’entre eux sont de haut niveau de connaissance dans les domaines scientifique, technique, culturel ou artistique. C’est aussi un fonds précieux pour le pays.
L’œuvre de formation des ressources humaines est une préoccupation de la société
L’amour des études est une tradition de longue date du peuple vietnamien. Depuis un temps immémorial, dans les villages, les « thây dô » (maîtres) étaient des personnages vénérés, tandis que les familles, même pauvres, cherchaient par tous les moyens d’envoyer leurs enfants à l’école.
Le système des concours sous les différentes dynasties était organisé strictement en plusieurs degrés (concours interprovincial, national et suprême). Le concours suprême était au plus haut degré, et le roi lui-même donnait les sujets et corrigeait les dissertations. Le Temple de la Littérature, le Collège national, construits respectivement sous la dynastie des Lÿ et sous le règne de Lÿ Thânh Ton (en 1070 et 1076) subsistant encore à Hanoï, en sont la preuve.
Avant 1945, sous la colonisation française, le nombre d’analphabètes était très élevé, dans les conditions connues de tous. C’est ainsi qu’une des tâches de premier rang que le Président Ho Chi Minh pressa le peuple d’accomplir, après la victoire de la Révolution d’Août 1945, était de « repousser l’analphabétisme » au même titre que « réprimer la faim » et « anéantir l’invasion étrangère ». En conséquence, le nombre de personnes délivrées de l’analphabétisme était très élevé; celui des élèves diplômés de l’enseignement secondaire et des étudiants des cycles supérieurs et post-universitaires croissait considérablement. Même pendant la première guerre de résistance (1945-1954), la langue vietnamienne était employée pour enseigner dans les écoles de tous degrés, y compris dans l’enseignement supérieur. A cet effet, une série de dictionnaires spécialisés était rédigée et éditée.
On peut dire que c’est seulement après la conquête de l’indépendance qu’apparaissent réellement l’enseignement et les sciences techniques au service de l’intérêt national. Jusqu’à la fin des années 80, on compte au Vietnam un contingent de plus de 700 mille diplômés de l’enseignement supérieur, — parmi lesquels près de 7.000 post-universitaires formés essentiellement à l’étranger, — qui travaillent dans les bases de formation, dans les instituts de recherche et dans les établissements de production, comme dans la machine administrative.
Les programmes de recherche et d’application des progrès scientifiques et techniques se concentrent pour la plupart aux points cruciaux pour résoudre les problèmes des vivres, des articles de consommation et des marchandises pour l’exportation, sans oublier les travaux d’investigation de base et de planification du territoire. Certaines œuvres de médecine, de mathématiques sont connues à l’étranger, bien que les instituts de recherche manquent gravement de bases matérielles. Les travaux d’études sur l’histoire, l’archéologie, la linguistique, l’ethnographie ont enregistré des résultats importants.
Dans les circonstances excessivement difficiles de deux guerres de résistance, les résultats de l’enseignement prouvent que le Vienam ne cède en rien aux autres pays de l’Asie du Sud-Est ayant une économie plus développée. L’enseignement et la médecine ont été pris en grande considération et ont enregistré nombre de réalisations.
Du début des années 1980-1981 au début de 1991, l’enseignement avait tendance à se déprécier, puis se dégradait réellement. Cet état de choses se reflétait par la diminution du nombre d’élèves en classe et d’enseignants, mais plus précisément parle taux d’élèves allant à l’école et d’enseignants en exercice dans les classes. Par exemple, dans l’année scolaire 1986-1987, le total des élèves de l’enseignement général était de 12.482.900 (dont 916.600 dans l’enseignement général moyen), mais dans l’année scolaire 1989-1990, ce nombre tomba à 11.710.100 (seulement 662.100 élèves dans l’enseignement secondaire). Le nombre d’élèves des écoles secondaires professionnelles s’abaissait également. Il était de même pour le nombre d’enseignants.
On se posait fréquemment la question : « Pourquoi cet état ? » La réponse allait de soi : la régression économique (pendant cette période), l’application des frais d’études (sauf pour l’école primaire), le salaire des enseignants asses bas, des nouveaux diplômés coûteusement formés se trouvant sans-emplois, les calculs de nombreuses familles considérant qu’il est profitable d’orienter plutôt les enfants dans la production que de les laisser aller à l’école.
En réalité, aucune raison n’est principale. Par exemple, si l’on retenait fréquemment la régression économique comme raison principale, il sera difficile d’expliquer pourquoi le nombre d’élèves de la plaine du Fleuve Rouge représentait le double de celui du Nam Bô oriental ou du delta du Mékong (dans cette région plus les élèves montent du cycle primaire au cycle secondaire plus ils diminuent), malgré que le PIB moyen par habitant pendant cette période de la plaine du Fleuve Rouge n’est que la moitié de celui de la plaine du Mékong. On doit ici introduire un nouveau facteur : l’esprit et la tradition de l’amour des études étant les mêmes mais l’esprit pragmatique prévaut.
Tout de même, la dégradation dans la décennie 1980-1990 influera partiellement sur la qualité des travailleurs dans la décennie actuelle. Néanmoins, il faut aussi tenir compte d’un grand nombre d’élèves des classes complémentaires, des cours de formation professionnelle qui s’ouvrent continuellement, des promotions de relèvement du niveau d’instruction… qu’on ne peut recenser entièrement.
Dès 1991, l’Etat a pris à temps des mesures et des moyens pour exhausser la qualité de l’enseignement. A partir des années scolaires 1992-1993 et 1993-1994, le nombre d’élèves allant à toutes les écoles augmente nettement par rapport aux années précédentes. En 1994-1995, le nombre d’élèves des écoles d’enseignement général est porté à 14.587.400, celui des écoles supérieures et universités à 200.300. Au début de 1996, le total d’élèves à tous les degrés s’élève à 20 millions.
En novembre 1996, le CC du PCV, à son 2e Plénum, a adopté une Résolution sur l’enseignement et la formation, et déclaré que l’enseignement, la formation constituent avec les sciences et technologies les politiques d’Etat.