LA POPULATION DU VIETNAM 3
La nouvelle répartition de la population est devenue et devient un besoin pour développer l’économie territoriale
La répartition de la population est très irrégulière. Il y a une nette différence entre la plaine et les moyenne et haute régions, entre la ville et la campagne. Même dans la plaine, cette différence existe aussi : la population se concentre plus facilement aux zones côtières et riveraines, pendant qu’elle se raréfie dans les régions éloignées (cuvettes, terres alunifères).
Cet état n’est pas étonnant, vu qu’il se rencontre dans tous les pays, même les pays développés. Les conditions naturelles et l’histoire de l’utilisation du sol régissent cette répartition, ainsi que les facteurs psychologiques et les coutumes.
Ce qui est visible, c’est que la population se concentre aux plaines et aux deltas, à la campagne plus que dans les villes. De 1960 à nos jours, la population rurale n’a diminué que de 4,5%; en 1993, elle occupe encore 80,5% de la population totale dont seuls les deux deltas du Fleuve Rouge et du Mékong occupent déjà presque la moitié.
La densité moyenne de la population dans tout le pays en 1993 est de 214 habitants au km (à titre de comparaison, en 1979 : 159 hab./km ) mais seulement environ de 30hab./km au Tây Nguyên, 118hab./km dans la haute région du Nord Vietnam. Les deux provinces ayant la plus faible densité de population sont Lai Châu (29 hab./km2) et Kon Tum (25 hab./km2). Si en 1979, seules Hanoï, Ho Cho Minh-ville et la province Thâi Binh avaient une densité supérieure à 1.000 hab./km , en 1993, 4 provinces Nam Hà, Hà Tây, Hài Hong et Hâi Phông ont déjà atteint ce seuil. Les provinces côtières du nord du Centre Vietnam (l’ancienne IVe Zone) ont une densité de population supérieure à celle des provinces côtières du sud du Centre Vietnam (186 hab./km contre 161 hab./km ); celle de la province Quàng Binh est la plus basse (92 hab./km2).
11 est facile de comprendre qu’étant donné que la surface agricole est limitée aux plaines, de telles densités de population causent de nombreuses difficultés dans la satisfaction des besoins vitaux, la recherche de l’emploi pour les travailleurs en excédent, sans compter une série d’autres soins sociaux. Avec un taux d’accroissement annuel de la population encore élevé, cette situation devient de jour en jour grave.
C’est ainsi que le gouvernement du Vietnam, dès les années 60, a encouragé les migrations de la plaine vers les moyennes et hautes régions. Après 1975, l’ampleur de ce mouvement croissait à travers l’organisation de migration des dizaines de milliers de foyers vers les « Nouvelles zones économiques » établies en grand nombre dans les provinces du Tây Nguyên, à l’est et à l’ouest du Sud Vietnam, ainsi qu’une partie dans quelques provinces de la haute région du Nord Vietnam.
En réalité, la migration vise non seulement à réduire la densité de la population des régions populeuses (comme le delta du Fleuve Rouge et les provinces côtières du Centre Vietnam), mais aussi à développer les régions arriérées sur le plan social et économique. Grâce à cette migration de grande envergure, la population des provinces du Tây Nguyên, par exemple, dans l’espace de 10 ans (1979-1989), a augmenté de 1,5 fois, pour s’élever en 1996 à plus de 3 millions de personnes. Seulement de 1981 à la fin de 1989, il y eut 2,1 millions de migrants, sans compter 1,5 million des années précédentes. Il est à noter que le gouvernement a subventionné totalement les foyers dans leur déplacement et assuré leur subsistance pendant les 6 premiers mois — quelquefois même plus longtemps — pour qu’ils puissent s’auapter à leur nouvel environnement vital. Ces migrations ont de nouveau contribué à répartir la main-d’œuvre plus rationnellement à l’échelle du territoire, mais posé aussi des problèmes de protection de l’environnement.
Après 1989, dans la migration organisée, on prend en plus grande considération sa qualité: pour développer l’économie des localités d’accueil, il est indispensable d’y envoyer des travailleurs bien qualifiés, des gérants expérimentés, ce qui fut réalisé dans une certaine mesure.
Dans les premières années 90, on voit apparaître la migration spontanée: un grand nombre de travailleurs se sont mis à leur gré à la recherche d’un emploi au Sud Vietnam, parmi lesquels des artisans des villages traditionnels du Nord, ce qui produit un effet actif. Ce qui est à redouter, c’est que de nombreux membres des minorités ethniques de la haute région du Nord Vietnam migrent vers la haute région du Sud et gagnent leur vie en brûlant des forêts pour en faire des essarts comme à leur habitude.
Quand on parle de migration, il ne faut pas négliger la sédentarisation que le gouvernement préconise pour limiter la formation des essarts. C’est une œuvre excessivement difficile, apportant tantôt des succès, tantôt des échecs. En réalité, c’est un changement radical du mode de vie, portant atteint aux coutumes et aux mœurs, qui pour être accompli, doit s’opérer pendant une ou plusieurs générations.