LA POPULATION DU VIETNAM 2
Le tableau de la population ne tranquillise pas les planificateurs du développement économique et social
Le recensement général du 1er avril 1989 a montré que la population du Vietnam était de 64.375.800 habitants. Ce chiffre est monté à 70.980.000 en 1993 et 76 millions en 1996. On doit reconnaître que, comme pour tous les pays, même développés, le recensement n’est pas entièrement exact à cause des difficultés à s’introduire en même temps dans tous les villages, toutes les familles. Tout de même, on doit se baser sur les données ci-dessus car elles sont suffisamment fiables.
On peut aussi rappeler quelques conjectures à titre de référence. Les historiens estiment la population à l’époque de l’instauration du pays à 1 million d’âmes. A la fin du XIXe siècle, quand le pays fut unifié du Nord au Sud, la population ne semblait atteindre que le chiffre de plus de 7 millions. Elle augmentait vite dans la première moitié du XXe siècle, Mais comme le taux de mortalité était encore assez élevé (2,5%), le taux d’accroissement naturel de la population n’atteignait qu’environ 1,7%.
Pendant la seconde moitié de ce siècle, la population augmente encore rapidement, particulièrement de 1954 aux années 60, grâce au rétablissement de la paix au Nord et à la situation militaire relativement tranquille au Sud (le pays était alors scindé en deux), le taux d’accroissement montait à 3,4% (naissance 4,6%, mortalité 1,2%). Si la population en 1945 était d’environ 20 millions, en 1960 elle s’élève à 30 millions d’âmes. Cette période est considérée comme une petite « explosion démographique ».
L’Etat du Vietnam s’aperçut à ce moment-là du danger que représentait l’accroissement incontrôlé de la population; d’un côté, il développa une propagande de migration de la plaine vers les montagnes (aussi pour développer la haute région); de l’autre, il avança la politique de « planning familial ».
Ainsi, le taux d’accroissement de la population est descendu à 3,11% en 1965 (naissance 3,78%, mortalité 0,67%); à 2,63% en 1979 (naissance 3,25%, mortalité 0,62%). Pendant la décennie suivante, il oscilla autour de 2,2% (2,29% en 1989). La lenteur dans cette diminution du taux peut s’expliquer par plusieurs raisons d’économie et de psychologie sociale (besoin de main-d’œuvre dans la production agricole, coutumes d’avoir un héritier mâle, du mariage précoce..).
On ne prête réellement attention au contrôle des naissances qu’aprèsl975, mais le nombre des naissances par famille ne diminue que d’un enfant après 10 ans (5 enfants en 1979, 4 en 1989). Néanmoins, la fécondité des femmes chez les minorités ethniques est encore très élevée : 5-6 enfants chez 6 ethnies; 6-7 enfants chez 9 ethnies, 7-8 parmi 11 ethnies et 8-9 enfants chez 6 ethnies. Ce qui est à remarquer, c’est que dans les régions éloignées du delta du Mékong, la dénatalité a peu de répercussions car les conditions de vie sont assez favorables (« à l’éléphant créé. Dieu donne l’herbe »). C’est ainsi que la population du Vietnam augmente en moyenne par an de plus d’un million d’âmes (1,2 à 1,3 million), ce qui représente réellement une lourde charge pour l’économie nationale.
La pyramide des âges de la population (1989) est une jeune pyramide, caractéristique des pays en voie de développement. On peut voir que cette pyramide a 2 étages : l’étage inférieur a une base de plus en plus large, à commencer par le groupe d’âges 35-39 et l’étage supérieur représentant les âges des habitants nés avant 1950, ayant subi les conséquences de la guerre. Les enfants de moins de 15 ans occupent approximativement 40% de la population; les habitants âgés de plus de 60 ans, seulement plus de 7%, de sorte que les citoyens en âge de travailler — par extension de 15 à 60 ans — doivent assumer la pénible charge de nourrir toute la société. Ce taux de dépendance est élevé, mais dans la réalité, de nombreux enfants de moins de 15 ans et des vieux de plus de 60 ans doivent participer au travail, surtout à la campagne.
En général, dans la composition des deux sexes, le taux du sexe féminin est plus élevé que celui du sexe masculin (51,5% par rapport à 48,5%), pourtant parmi les nouveau-nés jusqu’aux enfants de 15 ans, les garçons sont plus nombreux. A partir de 15 ans, le sexe féminin occupe la majorité. Le taux de supériorité féminine, de 1,4% au début, atteint 16,8%, plus nettement à partir des âges de 45 à 49 ans et au-dessus — là où le sexe masculin subit le plus de sacrifices dans la guerre.
Grâce aux progrès dans l’œuvre de protection de la santé et de rehaussement du niveau de vie, l’espérance de vie croît sans cesse de 1954 à nos jours : en 1950 : 40 ans, de nos jours : 64-66 ans1. Elle peut être considérée comme assez élevée, par rapport à celle de nombreux pays ayant un revenu moyen par habitant de beaucoup supérieur à celui du Vietnam.