LA POPULATION DU VIETNAM 11
Un processus d’urbanisation en plein élan
L’état de la population exposé ci-dessus et celui des centres urbains de 1980 à nos jours — particulièrement après 1989 — sont en voie de transformation. Bien que le taux de population dans les centres urbains n’est pas encore élevé et semble piétiner (en 1970: 21,4% du total de la population; en 1989: 20,3%; en 1993: 19,5%), la quantité absolue a changé: en 1970: plus de 8 millions; en 1989: 12,919 millions; en 1993: 13,647 millions.
Sur la base de ces données et de l’augmentation de la population urbaine permanentesuivant les limites urbaines déjà définies, le processus d’urbanisation ne paraît pas très accéléré. En général, la population urbaine des provinces du Sud à partir de la zone côtière du Centre Vietnam, est plus nombreuse que celle du nord de cette zone. Ceci est compréhensible : en temps de guerre (1945-1954), les centres urbains du Nord ont été détruits par la population pour réaliser la tactique de la terre brûlée et tandis que pendant les années 1955-1975, les centres urbains sont des objectifs du bombardement, une partie de la population urbaine s’est réfugiée à la campagne. Le contraire s’est produit au Sud Vietnam : la population rurale cherchant à affluer vers les centres urbains pour être en sécurité.
Néanmoins, de 1990 à nos jours, le processus d’urbanisation est en voie de développement à travers le processus de suburbanisation et la rurbanisation de jour en jour plus nette. Ho Chi Minh-ville, Hanoï, Hài Phong, Dà Nâng et une série d’autres villes deviennent de plus en plus populeuses, et Ho Chi Minh-ville est au ler rang avec 3,0941 millions d’habitants. Hanoï au 2e avec plus d’un million (chiffres de 1993). Les villes du 2e degré avec une population quelque peu supérieure à 300.000 habitants sont Hài Phông, Dà Nàng, Biên Hoà, les autres n’ont qu’une population oscillant de quelques dizaines de milles à 300.000 habitants.
En 1994, tout le pays comprend 95 villes et chefs-lieux provinciaux, 465 arrondissements et districts, 1.256 centres urbains et quartiers et 8.774 communes. Le delta du Fleuve Rouge, au ler rang de tout le pays par la densité de ses centres urbains avec 18 villes et cités municipales, 239 centres urbains, mais la population urbaine n’occupe en fait que 17,2% de la population totale du pays. Au contraire, le Nam Bô oriental, avec une faible densité de centres urbains, a un taux de population urbaine équivalent à 29% du total, et ce taux est de 17,3% au delta du Mékong. Toutes les villes et cités municipales de ces trois régions se trouvent en relation étroite avec les « pôles » capitaux Hanoï, Hô Chi Minh-ville et dans une certaine mesure, Can Tho.
Les villes et cités municipales des provinces côtières du Centre Vietnam se répartissent suivant la ligne nord-sud le long du littoral, en tout 19 villes et cités municipales, 282 chefs-lieux, mais la population urbaine n’occupe que 19% de la population urbaine de tout le pays. La seule ville importante est Dà Nàng; en outre, on peut compter Hue, Quy Nhon et Nha Trang mais aucune ville ne joue un rôle comparable à celui des deux pôles Hanoï et Hô Chi Minh-ville.
Les hautes régions du Nord Vietnam et les Hauts-Plateaux du Tây Nguyên regroupent 17 provinces: le premier territoire compte 22 centres urbains et 243 chefs-lieux; le deuxième territoire, 4 centres urbains et 65 chefs-lieux, mais la population urbaine ne représente que 16% de tout le pays; 3 centres urbains viennent d’être élevés à l’échelle de villes : deux centres industriels (Thài Nguyên et Ha Long) et un centre touristique (Dà Lat). La population de chaque centre atteint de 200.000 à 300.000 habitants. Début 1995, Buôn Ma Thuôt est aussi baptisée ville, jouant le rôle d’un pôle au Tây Nguyên.
Aussi, au Vietnam, la plupart des centres urbains (considérés à partir de 4.000 habitants) appartiennent aux catégories petite et moyenne. C’est la ligne politique du gouvernement et aussi l’état de nombreux pays dans le monde, y compris des pays développés. La concentration excessive de la population dans les trop grandes villes en dépit de l’infrastructure, des conditions de logement et d’emploi, pose de nombreux problèmes socio-économiques, en particulier dans les domaines social et environnemental. À ce point de vue, les soucis d’une transformation future de Ho Chî Minh-ville en un Bangkok au Vietnam ne sont pas sans fondement, et la ville elle-même, s’en rendant compte, est en train de trouver des solutions appropriées.
Hanoï, ayant contrôlé sévèrement les migrations vers la ville, cherche actuellement à évacuer la population urbaine vers des cités municipales des faubourgs, et même à construire une série de centres urbains satellites comme Hôa Lac, Nôi Bài, Soc Son, Vân Dién, Diễn, Dông Anh, Sài Dông, Gia Lâm (surtout Gia Lâm qui deviendra un arrondissement de Hanoï). Ces centres urbains et chefs-lieux s’acharnent pour devenir des « pôles d’attraction » supplémentaires et si la construction des secteurs industriels concentrés se déroule suivant les prévisions, leur effet sera encore plus grand. Depuis quelques années, certaines cités municipales satellites apparaissent déjcà à Hai Phông, Ho Chi Minh-ville et dans d’autres villes.
De nombreux chefs-lieux de province, centres urbains et cités municipales n’ont pas une attraction assez grande par leur caractère mi-urbain, mi-rural. Les travailleurs en excédent dans les campagnes de ces provinces se ruent vers les grandes villes comme Hanoï, Hô Chi Minh-ville, Hai Phông, causant de nouvelles difficultés dans ces villes.