LA PLAINE DELTAÏQUE DU MÉKONG 7
Le développement industriel à la plaine du Mékong est un besoin impérieux
Dans le passé, et même récemment, on considérait par habitude la plaine du Mékong comme une simple région de production vivrière pour satisfaire les besoins de Hô Chi Minh-ville et d’autres régions du pays et de l’exportation (aussi par le port Saigon). Le développement agricole de cette plaine a réellement acquis de grands résultats que nous avons vu ci-dessus, mais même le paysan de la plaine s’est aperçu que « seule la riziculture n’enrichit pas ». Certainement, la plaine du Mékong doit chercher à rendre multiformes les produits agricoles et développer l’industrie, surtout depuis que l’Etat a posé le problème de « l’industrialisation, de la modernisation » comme noyau de l’édification du Vietnam en un pays industriel d’ici l’an 2020.
Avant 1975 et jusqu’en 1980, cette plaine dépendait presque entièrement de Hô Chï Minh-ville (Saigon) en marchandises industrielles de toutes espèces, même en produits importés. Jusqu’en 1981, la production industrielle de toutes les provinces du delta n’égalait pas le 1/6 de celle d’un arrondissement de.Hô Chi Minh-ville. La situation actuelle a changé quelque peu.
En réalité, le delta du Mékong a plus d’avantages que Hô Chi Minh-ville pour développer l’industrie, au point de vue de matières premières. Le développement d’une agriculture multiforme de la plaine donnera à cette agriculture un aspect d’industrialisation.
Grâce à la ligne de 500 kV, l’électricité commence à couvrir un réseau relativement vaste dans la plaine, jusqu’aux districts et à un nombre de plus en plus grand de communes; grâce à une main-d’œuvre abondante (bien que la quantité de travailleurs qualifiés laisse encore à désirer), l’industrie de la plaine commence à avoir des conditions pour se développer largement.
Dans un développement pas encore associé de caractère régional, il est facile de comprendre que chaque province se concentre sur les industries de fabrication de produits alimentaires, mais de technologie presque analogue, c’est pourquoi elles se répètent d’une province à l’autre (ateliers de décorticage et de blanchissage du riz, de préparation du jus de fruits, nouilles, friandises, etc.). Aux provinces maritimes où il y a l’élevage des écrevisses et la pisciculture, on trouve des usines de préparation des poissons et écrevisses congelés. Outre les produits aquatiques exportés après un traitement préliminaire, les autres produits sont consommés principalement sur place sauf certaines spécialités de renom depuis longtemps comme la saumure de poisson de Phü Quôc, les crevettes et les poissons séchés de Kiên Giang, etc. Ce qui est à noter, c’est que les produits fabriqués dans les provinces du delta sont de qualité quasi égale, et ne peuvent pas créer un large marché dans tout le pays.
Récemment, le delta du Mékong a développé plus vivement les branches servant directement l’agriculture, par exemple les ateliers de réparation mécanique et de fabrication des machines de petite et moyenne envergure, des usines d’engrais, de pesticides, des ateliers de fabrication de pompes, des instruments aratoires mécaniques ou semi-mécaniques, des fabriques de nourriture pour bétail, etc.
Les branches d’artisanat et de petite industrie au service de la vie et de la consommation comme les usines pharmaceutiques, les ateliers de maroquinerie, de confection, de menuiserie, de plastiques et d’emballage (en général sous forme de sous-traitance ou d’entreprise conjointe avec l’étranger) ont été construits aux centres urbains. Aux endroits ayant des ressources minérales, par exemple près des monts calcaires de Kiên Giang, il y a une cimenterie (en réalité construite avant 1975 et élargie aujourd’hui); la plupart des autres provinces n’ont que de l’argile, du sable pour fabriquer des matériaux de construction. En quelques endroits, se trouvent du molybdène (mont Sam), des minerais de fer à ciel ouvert (Hôn Chông, Hôn Ngang, Phü Quôc), quelques points de pierres précieuses, mais en général leurs réserves sont assez négligeables.
Ainsi, de 1986 à nos jours, la plaine du Mékong a déjà une orientation assez forte vers le domaine industriel, et cela a changé la physionomie de la plaine. La ville Cân Thơ a le plus grand et multiforme développement industriel: la construction de certaines branches industrielles de haute technologie comme le montage et la fabrication partielle des produits électroniques, des radios-cassettes, des bandes magnétiques, des micro-ordinateurs et la rédaction des programmes de micro-ordinateur ont été prévues.
Néanmoins, il faut reconnaître que la production industrielle est encore inférieure à la production agricole en proportion dans la valeur totale du PIB. Cette valeur de l’industrie dans toute la région n’est que le 1/5 de celle de l’agriculture (début 1995). Si on examine séparément les provinces, on peut les diviser en deux groupes principaux: le groupe des provinces dont la part industrielle dans le PIB est égal au 1/4 ou au 1/3 de la part agricole (Cân Tho, Kiên Giang, Cà Mau, Bac Liêu, Trà Vinh) et celui des provinces dont la part industrielle dans le PIB est équivalent au 1/6-1/7 de la part agricole (Ti’ên Giang, An Giang, Long An, Vïnh Long, Soc Trâng). Il y a deux cas particuliers: la valeur industrielle dans le PIB de D’ông Thâp n’équivaut qu’au 1/16 de celle de l’agriculture, tandis que celui de Ben Tre, à la moitié.
On peut expliquer cette contradiction apparente par le fait que pendant ces 10 dernières années, D’ông Thâp avait dû concentrer toutes ses capacités à la conquête de D’ông Thâp Muoi avec des résultats connus de tous et s’est enrichi grâce au riz. Ces bases industrielles comprennent actuellement plus de 750 ateliers de décorticage et de blanchissage du riz, un certain nombre d’ateliers de moulage du riz, de fabriques de beignets de crevettes, etc. La province Bên Tre, au contraire, vit des cocotiers (superficie planifiée 40.000 ha, dont 24.000 ha en récolte) plus que du riz (la valeur de production agricole reste donc modeste) bien que la pêche soit plus importante (40.000 ha de surface aquatique pour la pisciculture, une flottille de pêche assez grande). L’industrie n’est pas encore vraiment développée, mais par rapport à l’agriculture, sa proportion est assez élevée.
Dans le plan de développement de toutes les provinces du delta, il y a de nombreux projets d’investissement et d’appel à l’investissement pour édifier l’industrie. Une fois réalisés, ces projets permettront à la plaine du Mékong d’être industrialisée dans un délai relativement court.
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