LA DIVERSITÉ DU PAYSAGE 8
…. avec un règne animal abondant
Comme le règne végétal, le règne animal au Vietnam, malgré de nombreux travaux d’études menés depuis longtemps, n’est pas entièrement connu, dans la forêt comme dans la mer. La preuve en est qu’en 1992, on découvrit encore dans la forêt Vu Quang (Hà TTnh) un nouveau mammifère à sabots — une espèce de bouc à longues cornes (Qx Pseudoryx Nghetinhensis) qui de plus est une race nouvelle dans la zoologie.
La caractéristique du règne animal au Vietnam est sa tropicalité, se manifestant par l’abondance et l’alternance des espèces, mais aussi la quantité minime des individus. Les espèces caractéristiques de la faune paléotropicale sont présentes au Vietnam comme les tragules (Fragulus), les tupaja (Tupaia), les mustélidés (Cynocephalus), les viverridés (Arctislis), les loris (Nyclicebus), les gibbons (Hylobai es), les pangolins (Munis pentadactyla), les éléphants (Eleplias maxinnis), les tapiridés (Tapiras indiens), les rhinocéros (Dicerorhinus sumatraensis et Rhinocéros sondaicus).
La jungle tropicale humide sempervirente et la jungle tropicale de ps saisonnières ont le règne animal le plus abondant. Néanmoins, la forêt clairsemée et la savane de bruyère sont l’habitat de nombreux mammifères à sabots de valeur comme le rhinocéros et l’éléphant, le cerf (Cervidae), le banteng (Bas javunicus), le gaur (Bos guurus), le kouprey (Bos sauve H), le buffle sauvage (Bubalus bubalis), l’antilope-chèvre (Capricornis sumatraensis), le muntjac du Sud (Munliacus munljak annamensis)… La présence de ces herbivores entraîne celle des fauves carnivores de la famille des félidés (Felidae) comme le panthère (Felis lemmincki), le léopard (Neofelis nebulosa), le panthère tacheté (Ban(liera pardus), le tigre (Paulliera tiyris)… Les rongeurs sont aussi abondants, ainsi que les oiseaux.
Dans les forêts subtropicales et tempérées de la haute région, les espèces tropicales diminuent. Apparaissent certaines espèces d’origine subtropicale par exemple celle des ours (Ursidae) comprenant l’ours des cocotiers (Helarctos malayanus) et le sélénarctos (Selanarctos thibetanus).
Evidemment il est difficile d’énumérer ici toutes les 275 espèces de mammifère du Vietnam (représentant 6,8% du monde), 800 espèces d’oiseaux (8,8%), 180 espèces de reptiles (2,9%), 80 espèces d’amphibiens (2%), 2.400 espèces de poissons ( 13%) et plus de 5.500 espèces d’insectes (la nomenclature des insectes est en réalité encore incomplète, car seulement certaines familles ont été étudiées en détail). Les végétaux de degré supérieur déjà découverts sont au nombre de 7.000 espèces (3,2% du monde), environ 800 espèces de mousses, 600 espèces de champignons. Suivant les prévisions, le nombre d’espèces végétales doit dépasser 12.000, dont 2.300 sont déjà utilisées comme vivres, produits alimentaires, médicaments, essences et autres matières premières.
Mais aujourd’hui, la majeure partie des forêts a été
transformée en paysages humanisés
Dans la plaine, la forêt a été détruite pour être transformée en rizières; dans la moyenne région, elle est passée en champs de théiers, en plantations d’arbres industriels de toutes espèces; dans la haute région, sa superficie se restreint de jour en jour à cause des « essarts » et de l’exploitation du bois. La mangrove est anéantie pour construire des étangs d’élevage de crevettes.
Evidemment, on ne peut pas dire que toutes ces activités sont mauvaises; au contraire, elles sont indispensables à la vie de l’homme, et seulement mauvaises quand elles dépassent un seuil déterminé. II est regrettable de constater que dans les circonstances actuelles, presque toutes ces activités ont dépassé ce seuil écologique.
Par conséquent, de 330.900 km2 de forêt vierge à l’origine, il n’en reste actuellement qu’environ 66.423 km2, dont 7.365 km2 de forêt de protection . Parmi les espèces de forêts, celles qui subsistent en grand nombre sont les forêts semi-sempervirentes (37.266 km2 parmi 136.331 km de forêts vierges à l’origine), ensuite viennent les forêts sempervirentes et sèches des régions basses (9.640 km2 ), les forêts sempervirentes des montagnes (8.076 km2 ), les forêts de feuillus caduque (3.050 km2 ), les forêts sèches des diptérocarpées (2.318 km2 ), les forêts des montagnes calcaires (2.196 km2 ), les forêts de conifères (1.673 km2 ), les mangroves (1.486 km2 ); les autres espèces de forêts restantes n’occupent que quelques centaines de kilomètres carrés. Les forêts vierges submergées d’eau douce, de 38.788 km à l’origine ne représentent maintenant que de 20 km de forêts de protection. Ces données sont celles de 1989. La destruction des forêts est liée essentiellement aux activités d’exploitation irrationnelle des indigènes, mais il est à remarquer que les marchands de bois des régions dépourvues de forêts s’acharnent plus que tout autre à chercher le bois précieux pour en tirer profit. Jadis, un sylviculteur français a critiqué le mode d’exploitation forestière des colonialistes d’ »exploitation minière », tandis que G. Condom inas considère ceux qui préparent des essarts ou exploitent le bois comme des « mangeurs de forêts ».
Plus de 30 ans de guerre sont peut-être la période où la superficie des forêts du Vietnam s’est restreinte le plus vite. 72 millions de litres d’herbicides avec 13 millions de tonnes de bombes et d’obus et environ 25 millions de cratères, un parc gigantesque de bulldozers a détruit directement plus de 2 millions d’hectares de forêts tropicales de toutes sortes. Dans le même temps, la population pour se nourrir soi-même et ses soldats a défriché une immense superficie de forêts qui n’aurait pas été indispensable en temps de paix.
Après la guerre, la superficie restante des forêts n’est que d’environ 9,5 millions d’hectares, occupant environ 29% de la superficie totale du pays, dont 10% de forêts vierges. Les statistiques des années 1981-82 recueillies par l’analyse des photos de Landsat en 1989-91 et de K.ATE 140 dans le même temps montrent que les forêts n’occupent plus que 7,8 millions d’hectares, environ 24% de la superficie totale du pays. Les statistiques les plus récentes montrent que la superficie des forêts en 1987 était de 9,3 millions d’hectares, égale à 28% de tout le territoire du Vietnam.
Cette différence de superficie ne peut pas être considérée comme réjouissante, car elle est le résultat d’une nouvelle classification : auparavant, ne pouvait être considérée comme forêt que toute superficie ayant une réserve de bois supérieure à 23m3/ha; aujourd’hui, on inclue toutes les superficies inférieures à cette norme, c’est-à-dire toutes les brousses de forêts nouvellement reboisées. Ainsi, en réalité, la forêt naturelle, surtout les forêts denses et moyennes, recule progressivement.
Il est très difficile d’évaluer précisément la vitesse de transformation actuelle des ressources sylvicoles du Vietnam. Suivant les estimations du Ministère de la Sylviculture (actuellement Ministère de l’Agriculture et du Développement rural), le Vietnam perd annuellement environ 110.000 ha de forêts, tandis que les forêts de reboisement n’occupent que 130.000 à 150.000 hectares. La balance paraît positive, mais l’exploitation illicite des forêts augmente encore certainement le premier chiffre.
Le braconnage, très développé pendant les années de 1989 à nos jours, a conduit à la récession du règne animal forestier. Le Livre Rouge a signalé une liste de 365 espèces animales menacées de disparition, dont 67 au degré urgent.
Ainsi, les types de « climax » ou de « forêt climatique » n’existent que très peu actuellement. A leur place, ce sont des forêts secondaires, des savanes et des prairies tropicales. La destruction de la couverture végétale favorise le développement de l’érosion et de la dénudation, modifie le climat régional, contribue à intensifier les crues dans les plaines et les crues de balayage dans les régions montagneuses. Ce sont de très graves dangers pour la vie dans tout le territoire national.