LA DIVERSITÉ DU PAYSAGE 6
Le processus de sialisation et ta mosaïque des sols de plaines
En apparence, les sols de plaines ne diffèrent pas beaucoup les uns des autres si on ne prête pas attention aux changements parfois imperceptibles des formes de méso et microreliefs. Ce sont des zones de sols jeunes, formées dans Père quaternaire, sous les yeux des hommes primitifs et même des hommes modernes. Le sol est formé par les alluvions charriées par les cours d’eau et le processus de formation du sol est le processus de sialisation.
Il va sans dire que le sol des plaines — évidemment celui des deltas y compris — est d’une importance extrême pour la vie de la population qui s’y concentre en grand nombre.
Suivant sa situation proche ou éloignée des cours d’eau, à l’intérieur ou hors des digues, côtière ou continentale, le sol est classé en deux groupes principaux: celui des alluvions douces et celui des alluvions salines.
Parmi le groupe des alluvions douces, on distingue les terrains alluviaux hors des digues et en arrière les digues. La différence fondamentale entre ces deux groupes est que les bancs de sol hors les digues sont annuellement approvisionnés en alluvions nouvelles et ainsi leur fertilité s’accroît, tandis que les terrains en arrière des digues n’ont pas cet avantage. On peut encore distinguer le sol non alluvionné, plus ou moins glaisé. Evidemment, cette distinction ne s’applique qu’à la plaine du delta du Fleuve Rouge, bien que dans le delta du Mékong (sans digue) le dépôt des alluvions pendant les crues ait aussi une différenciation entre le nord-ouest à Châu Doc et le sud-est aux embouchures des cours d’eau, comme entre les zones riveraines et les zones éloignées.
Sans approfondir les différences dans la structure, la fertilité, on peut dire que depuis longtemps et jusqu’à nos jours, les terres d’alluvions sont utilisées dans.un but agricole. L’action de l’homme est très nette ici, essentiellement à travers la riziculture, au point que V. M. Fridland la considère comme le produit de l’homme plutôt que celui de la nature. Ces terres ont pour la plupart une structure mécanique argilo-sableuse , surtout dans les zones relativement hautes, sablo-argileuse moyennement ou abondamment dans les zones basses. La plupart des sols ont une réaction neutre (pH = 6-6,5), mais même dans les zones à pH = 5,5, l’acidité hydrolytique est négligeable. Le sol est riche en cations alcalino-terreux (Ca, Mg), en phosphore, en potassium, relativement riche en matières organiques et en nitrates. Evidemment, ces caractéristiques varient entre les terres du Fleuve Rouge et celles du Mékong, mais ces deux deltas sont en tous cas les terres les plus fertiles et sont les greniers à riz et à cultures vivrières de tout le pays.
Le sol sialisé salin se développe dans toutes les plaines côtières, comprenant le sol salin à mangroves et le sol salin côtier, tous deux ont des composants mécaniques lourds, de couleur grise, grise foncée, de réaction acide faible et neutre. Dans les régions aux terres salines acides (ou terres alunifères) comme au nord-ouest de Thài Binh, aux abords de U Minh, D’ông Thâp, Quàng Ninh.et même à Kiê’n An (Hài Phông), l’homme a déployé des mesures pour tirer profit sur des grandes superficies.
Le processus de formation du sol dans les régions montagneuses de moyenne et de haute altitude, sur Les plateaux comprend le processus d’alitisation (créant l’humus alit), le processus de margalitisation (comprenant la margalite neptuniste et la margalite se développant sur les roches altérées locales comme le calcaire, la marne, le basalte). Le sol rouge basaltique réparti largement dans les provinces Gia Lai, Kontum, Dak Lak, Lâm D’ông, une partie de Blnh Duong, Binh Phuôc, D’ông Nai, Phü Yên, Quang Tri, Nghç An… occupe une superficie de plus de 2 millions d’hectares (plus vaste que la plaine du Fleuve Rouge, égale à la moitié de la plaine du Mékong), et devient ainsi une ressource précieuse. La terre rouge basaltique est fertile, ce que tout le monde sait. Ce qu’on ignore souvent, c’est que cette fertilité se manifeste par le côté physique, mais les défauts du sol naissent aussi de là: bien que le sol puisse conserver une grande humidité, l’humidité faisant déssécher les plantes est assez grande. L’eau souterraine difficilement diffusée occasionne souvent des sécheresses sérieuses pendant la saison sèche.
Le tableau de la mosaïque des sols du Vietnam exposé ci-dessus est encore insuffisant: il y a encore le sol noir, le régosol (sol fortement sablonneux) et quelques autres espèces de sol. Malgré que la superficie de chaque catégorie ne soit pas importante, elle constitue des ressources précieuses pour chaque localité.
Le Vietnamien, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, est lié au sol et à l’eau. Dans le paysage, si l’eau apporte la vie, le sol, dans une certaine mesure, est un miroir reflétant le paysage.