LA DIVERSITÉ DU PAYSAGE 3
PRODUIT PRINCIPAL DU CLIMAT : LE COURANT DES COURS D’EAU
Les cours d’eau du Vietnam, au point de vue morphologique, dépendent beaucoup de la structure géologique et topographique, comme on a exposé ci-dessus, mais les caractères .de leur courant sont déterminés par le climat. Ces deux conditions font que le Vietnam a un réseau de cours d’eau serré, au régime hydraulique très variable suivant la saison et la région. Pour l’homme comme pour le paysage, la vie existe là où coulent les cours d’eau, cela se reflète avant tout dans le tableau de répartition de la population et des activités économiques.
Un réseau serré de cours d’eau…
Le Vietnam est un pays dont 70% de la superficie est montagneuse, recevant annuellement une quantité moyenne de pluies de 1.900mm pour tout le territoire, atteignant un volume de 634 milliards de m3 d’eau. Environ 50% de ce volume gigantesque forment le courant des cours d’eau, le reste participe aux autres maillons de circulation de l’eau. En dehors des sources locales, ce pays reçoit encore des pays voisins (Chine, Laos, Cambodge) environ 132,8 milliards de ni par an.
Il y a 2.360 cours d’eau de longueur supérieure à 10 km dans tout le pays, mais les grands fleuves n’occupent que 8% de cette quantité. En dehors du réseau du Fleuve Rouge et du Mékong, on peut classer parmi les grands fleuves les cours d’eau ayant un bassin de 10.000 km et davantage, et un volume total des eaux de 70 à 80 milliards de m (ne considérant que la superficie et le volume total d’eau à l’intérieur du pays). Ce sont les réseaux du Thâi Binh, Kÿ Cùng-Bang Giang, Ma, Ca, Thu Bon, Ba (ou Da Rang) et Dông Nai, en tout 9 réseaux fluviaux. Seuls les réseaux du Fleuve Rouge et du Mékong occupent déjà 40% de la superficie des bassins et 15,5% du total des eaux à l’intérieur.
Les cours d’eau moyens sont au nombre de 166, la superficie des bassins est de 500 km à 10.000 km . Il y a en tout 17 réseaux de cette catégorie (sans compter ceux qui ont contribué à la formation des fleuves) dont les plus grands sont le Gianh et le Trà Khuc et les plus petits, le Câi (Phan Thiet) et le Ba Kÿ. Le volume d’eau de chaque bassin varie de 1 à 8 milliards de d’eau.
Les cours d’eau grands et moyens jouent un rôle important dans le ravitaillement en eau des plaines et des deltas, mais ce sont les 2.170 petits cours d’eau et ruisseaux dont la superficie du bassin est inférieure à 100 km2 (représentant 92,55% du total des cours d’eau de tout le pays) qui offrent à presque toutes les zones du territoire l’action bienveillante du courant, particulièrement dans les moyennes et hautes régions.
La carte de densité des cours d’eau montre que la plus grande partie du territoire a une densité moyenne de 0,5 à 1 km par km , comprenant les zones à précipitations annuelles de 1.600 à 2.000mm et à perte de courant relativement importante. Ce sont les régions montagneuses moyennes et basses, les collines, très répandues au Vietnam. Ce qui est surprenant, d’après Nguyën Viê’t Phô, c’est que la densité des cours d’eau de la plaine ne diffère pas de celle des cours d’eau en région montagneuse, étant même plus grande que celle des cours d’eau irrigant les plateaux.
La densité maximale des cours d’eau (2 à 4km/km ) se rencontre essentiellement au sud-est du delta du Fleuve Rouge et du Thâi Bïnh, ainsi que dans le delta du Mékong, à cause de la grande nécessité d’évacuer l’eau. Cette densité est également forte (1,5 à 2km/km ) dans les zones très pluvieuses à forte hygrométrie et sous l’influence des mouvements tectoniques nouveaux comme à Mông Cai, le massif du Haut Sông Chay, au nord du Hoàng Liên, au col Ngang, au col Hai VAn, etc.
Les régions peu pluvieuses, où l’évaporation est importante et à fond calcaire, sablonneux ou basaltique, ont la plus faible densité de
cours d’eau (moins de 0,5km/km’) comme les plateaux Dông Van, Môc Châu, Ke Bàng, au nord et au sud du Tây Nguyen, Ninh Thuàn, Bînh Thuan et Nam Bô oriental.
Les valeurs de la densité des cours d’eau indiquée ci-dessus montrent encore qu’au Vietnam, le phénomène de lessivage en surface joue un rôle dominant (c’est aussi l’avis du pédologue russe V. M. Fridland), y compris les processus d’érosion et de dénudation. Ces phénomènes et processus dépendent étroitement des régimes thermiques et d’humidité, et particulièrement de leurs variations suivant la saison.
Les cours d’eau ont un profil concave, mais cela ne veut pas dire qu’ils ont déjà atteint leur profil d’équilibre. La preuve en est que leur lit est parsemé de nombreux rapides et de chutes : le cours moyen du Fleuve Rouge de Lào Cai à Yen Bâi comprend 30 rapides et chutes petits ou grands; la Rivière Dà de Lai Châu à Hôa Binh, 60 chutes; la portion Hà Giang-Tuyên Quang sur la rivière Lô, 70 rapides, chutes et lais. Tout cela est lié aux vigoureuses activités tectoniques se produisant dans les régions montagneuses.