EDIFICATION D’UNE ÉCONOMIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE PROSPÈRE 9
Exploitation du bois et reboisement : deux antagonismes difficiles à résoudre
L’exploitation dés forêts tropicales — dont le bois est recherché dans le monde pour sa qualité — est un moyen aisément réalisable des pays pauvres et manquant de capital. Après les deux guerres, le Vietnam n’échappa pas à cette fatalité. La destruction des forêts est devenue sérieuse dépassant le niveau de l’alerte général (en général, la couverture dpit occuper environ 30% de la superficie du territoire). Tout le monde le sait bien, mais l’état actuel des forêts du Vietnam est déjà discuté dans le Chapitre IV de ce livre.
L’exploitation du bois augmentait continuellement de 1975 à 1990, atteignant plus de 3,4 millions de mètres cubes, au point que le gouvernement a dû proclamer l’ordre de « fermer la forêt » et de n’autoriser que l’exportation du bois transformé. Après cet ordre, la production du bois exploité tomba à 800.000 m3 dans tout le pays (en 1992), mais les provinces et régions les plus riches en bois et qui exploitaient le plus ne diminuaient qu’assez peu leur production (Tây Nguyen de 19%) et même certains endroits, au contraire, l’augmentaient (les provinces du sud du Centre Vietnam de 10%); seules les provinces du nord du Centre Vietnam réduisaient l’exploitation de 60%; les provinces montagneuses du Nord, de 26-29%; la région du Nord-Ouest déjà épuisée, seulement de 13%. L’exploitation du bois dans la plaine du Mékong a baissé de 30%, tandis que dans la plaine du Fleuve Rouge, elle montait quelque peu.
Les données statistiques ne reflètent certainement pas l’exploitation du bois des contrebandiers, et c’est pourquoi la protection des ressources forestières reste toujours un problème. On est même incapable d’évaluer l’exploitation du bois des compatriotes de la haute région pour la construction des logis, des fermes et particulièrement pour le chauffage et la cuisine. Ces besoins se ressentent aussi à la campagne de la plaine; ainsi quelques documents ont estimé la quantité de bois exploitée annuellement aux environs de 15 millions de m3. C’est un chiffre inquiétant! Point n’est besoin de mentionner la quantité d’animaux sauvages tués annuellement — réellement, il n’existe malheureusement aucune donnée détaillée — parmi lesquels nombreux sont les animaux précieux exportés à l’étranger ou fournis aux restaurants de spécialités des villes. En 1996, l’Etat a encore une fois décrété l’ordre de fermer absolument les forêts.
Le reboisement est réalisé depuis des années, mais ses progrès sont lents: seulement un peu plus de 600.000 ha de forêts boisées concentrées, et plus de 2 milliards de plantes dispersées (équivalant à une superficie égale aux forêts boisées). Il est clair que la vitesse d’exploitation et de déboisement dépasse de loin celle du reboisement des collines dénudées; la lutte pour la protection de l’environnement est en effet inégale!
La mesure la plus efficace est l’option de confier la terre, la forêt aux foyers familiaux, concrétisée dans le Décret 327-CT du gouvernement proclamé le 15 septembre 1992. Ainsi comme dans la plaine, depuis peu la forêt appartient à des propriétaires déterminés (jusqu’à la fin de 1994, plus de 2,7 millions d’ha sont confiés sous forme de forfait; près de 500.000 ha pour développer l’économie familiale, particulièrement aux foyers de peuplades nomades). En 1995, la superficie confiée à forfait aux foyers protecteurs de la forêt atteint 1,5 million d’ha. Ce programme 327 a pour but de protéger le tapis forestier existant, et en même temps de sédentariser, de reboiser les montagnes et collines dénudées, de créer des emplois en même temps que de renforcer la sécurité et la défense nationales. C’est une option conforme aux vœux de la population et ainsi elle fut accueillie et appliquée rapidement, malgré qu’il existe encore des problèmes à résoudre, surtout au point de vue de l’organisation.
La valeur totale de la production sylvicole augmente lentement : en 1990, toute la branche obtint 1,3 milliard de dong\ en 1993, seulement 1,48 milliard, dont l’exploitation du bois et des produits forestiers contribuent pour plus de 84%.