EDIFICATION D’UNE ÉCONOMIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE PROSPÈRE 6
Grâce à la solution fondamentale du problème vivrier, les autres branches économiques ont toutes un développement analogue
Quand le bol de riz est assuré pour chaque travailleur grâce à l’accroissement de la production vivrière et à l’échange facile des marchandises du Sud au Nord et inversement (ce qui n’a été acquis qu’après 1986), les régions montagneuses ne sont plus obligées d’arracher le théier pour planter le manioc, les postes de surveillance forestière de déboiser pour établir des champs de culture (ce qui s’était produit en réalité en de maints endroits), les coopératives agricoles et les paysans ont des vivres pour l’élevage; les familles de pêcheurs peuvent de tout leur cœur se livrer à la pêche; dans les villes et les centres industriels, les produits agricoles transformés sont plus abondants et plus variés qu’auparavant.
En ce qui concerne l’agriculture, les cultures vivrières en terre sèche auparavant employées pour fournir des vivres supplémentaires (patate, manioc…) n’augmentent que modérément: par exemple la patate de 1,9 million de tonnes (1986) à 2,6 millions (1992), car elle est consommée au petit déjeuner ou en en-cas, mais la pomme de terre et le manioc régressent. Vu la nette amélioration du niveau de vie, le consommateur exige des légumes appétissants, surtout le citadin, c’est pourquoi la superficie des cultures et la production de légumes augmentent rapidement (en 1992: superficie des cultures de légumes: 279.000 ha, production: 3,3 millions de tonnes). Les citadins demandent aussi beaucoup de viande, de poissons, et ainsi l’élevage et la pêche aux produits aquatiques doivent faire des efforts, ce que nous discuterons ci-après.
Maître de la terre, le paysan commence à s’intéresser aux produits exportables ou à haute valeur marchande sur le marché intérieur. De ce point de vue, la région qui bénéficie le plus des bienfaits de la nature est le Nam Bô oriental, ensuite le Sud Vietnam en général et enfin les provinces au sud du Centre Vietnam. On peut considérer la bande de terre englobant cette région comme une petite « ceinture de soleil » (sun-belt) au Vietnam où par le climat tiède, l’agriculteur peu conservateur ose entreprendre de grandes affaires. Le Nord a clairement plus de difficultés, car il subit l’influence irrégulière et prolongée de la mousson du nord-est, des crachins, sans compter que le problème vivrier est encore réel, et l’accroissement de la population encore grand. Le caractère soi-disant « conservateur » n’osant négliger la riziculture, et les difficultés dans le changement de structure des cultures prennent naissance en partie de ces conditions.
Parmi les cultures pour la consommation intérieure et l’exportation, celles qui augmentent le plus en superficie et en production sont le caféier (de 65.600 ha en 1986 à 103.000 ha en 1992; de 18.800 tonnes de café en 1986 à 77.000 tonnes en 1992), puis le poivrier (6.400 ha et 7.200 tonnes de poivre en 1994, soit le double des chiffres de 1986); l’hévéa (221.400 ha), augmentant peu en superficie mais beaucoup en production (50.100 tonnes de caoutchouc en 1986, mais 66.100 tonnes en 1992), et de même pour le théier. Le soja, l’arachide, le coton, la canne à sucre augmentent quelque peu, mais le jute, le jonc, le tabac régressent considérablement en superficie et en production. La réduction de la superficie et de la production de ces plantes est déterminée par les besoins du marché et non par les conditions naturelles et la main-d’œuvre sociale, sans omettre la concurrence des produits de remplacement plus estimés. Seul le maïs parmi les plantes vivrières outre le riz, augmente notablement (279.000 ha et 747.900 tonnes en 1992) grâce aux besoins de l’élevage et de l’exportation.
Evidemment on ne peut mentionner ici toutes les plantes cultivées avec les variations de leur superficie et de leur production (qu’on trouve aisément dans les annuaires statistiques), mais en général, la production des cultures vivrières en terre sèche au Nord Vietnam représente le double de celle du Sud; en revanche, le territoire du Sud domine absolument en plantes industrielles à haute valeur marchande.
Avec le riz, le caoutchouc et le café commencent à obtenir une bonne place sur le marché mondial, ce qu’il était difficile d’imaginer avant 1986.