EDIFICATION D’UNE ÉCONOMIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE PROSPÈRE 5
Un bond surprenant : le Vietnam devient le troisième pays exportateur de riz dans le monde
Après 20 années de production vivrière insuffisante, le Parti communiste et le gouvernement du Vietnam avaient acquis P expérience et en 1981, proclamé la politique de « Forfait des produits aux groupes et aux travailleurs », appelée succinctement « Forfait 100 ». Suivant cette décision, l’agriculteur — en réalité le foyer agricole — jouit de la maîtrise de certains maillons de la production agricole liés au produit fini. La coopérative n’est plus responsable que de certains maillons liés à l’hydraulique, au travail de la terre, au ravitaillement en semences, à la protection des végétaux et des récoltes. Bien que n’étant pas encore maître absolu en tous points, le paysan s’est quelque peu émancipé, ce qui l’a encouragé à pratiquer la culture intensive sur le terrain confié pour obtenir une récolte supérieure au forfait accordé par la coopérative.
Il en résulta qu’au cours du plan quinquennal 1981-1985, la production vivrière moyenne par an s’accrut et atteignit 17 millions de tonnes, c’est-à-dire augmentant de 4 millions de tonnes par rapport aux années précédentes. La moyenne des vivres par tête atteignit 304 kg en 1985, au lieu de 268 kg en 1980. Ainsi, le « Forfait 100 » fut accueilli chaleureusement pas les paysans.
Pourtant la vie n’était pas si simple. La pensée des comités de gestion des coopératives n’a pas atteint le niveau que demandait la nouvelle politique. Ils cherchaient à reprendre certains côtés des maillons du forfait passé aux paysans, et plus la production de l’agriculteur augmentait, plus les coopératives élevaient la valeur du forfait. Une fois de plus, la réaction antagoniste du paysan fut de se désintéresser du forfait, car il n’y gagnait presque rien .
Pendant le même temps, la situation socio-économique du pays était en crise à cause de « la régulation générale du prix, du salaire et de la monnaie » à la fin de 1985. La production industrielle se mit à stagner; l’inflation s’éleva à 3 chiffres, la vie de la population était excessivement difficile.
Fin 1986, la ligne politique de rénovation fut approuvée au Congrès national du Parti communiste, et en avril 1988 le Forfait 10 sur la rénovation de la gestion économique dans l’agriculture fut promulguée. Elle confirma l’existence équitable de toutes les composantes économiques: nationale, collective, individuelle, privée dans une stratégie de longue date, affirma que la famille est une unité économique autonome et encouragea tout le monde à s’enrichir suivant la devise « celui qui est habile dans un métier, l’exerce ». Le rôle de la coopérative est de réaliser le forfait agraire fixé aux familles de coopérateurs, de leur assurer la jouissance de 60% au moins des produits du forfait, tandis que la coopérative elle-même devient une unité autonome d’après les règles de comptabilisation.
Le Forfait a créé une nouvelle force motrice dans la production car elle répondait aux vœux de la population. Ce résultat montra que la branche agricole se développait outre mesure, dépassant même les espérances: la production vivrière en 1988 atteignit 19,538 millions de tonnes (seulement 6 mois après l’entrée en vigueur du Forfait 10), puis 21,515 millions de tonnes en 1989, 21,488 millions en 1990 et ainsi de suite, soit une augmentation annuelle de 500.000 à un million de tonnes. En 1994, la production de tout le pays atteint 25,8 millions de tonnes, bien que la plaine du Mékong fut victime d’inondations d’une ampleur jamais vue depuis des décennies et que la plaine du Fleuve Rouge fut submergée sur une superficie notable. Malgré que les crues dans les années 1995-1996 sont plus grandes, la production vivrière de 1996 a dépassé 29 millions de tonnes. La moyenne vivrière per capita atteint 359 kg en 1994, au lieu de-330 kg dans la période 1989-1992 (malgré raccroissement continu de la population aux environs de 2,2% par an). Il faut aussi signaler qu’un niveau moyen de vivres de 300 kg per capita suffit aux besoins intérieurs, et que l’excédent peut être stocké et exporté.
Ainsi d’un pays continuellement’ menacé par la faim, le Vietnam est devenu un pays exportateur de riz: en 1992, 1,95 millions de tonnes de riz et 100.000 tonnes de maïs et de manioc. Ce chiffre d’exportation fut non seulement maintenu dans les années suivantes et jusqu’à nos jours mais augmentait (plus de 3 millions de tonnes en 1996) et le Vietnam est devenu le troisième pays exportateur de riz, après la Thaïlande et les Etats-Unis.