EDIFICATION D’UNE ÉCONOMIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE PROSPÈRE 2
Un espace agricole avec « un pouce de terrain, un pouce d’or” est-il en train d’arriver à un seuil critique du point vue de la superficie?
Environ plus de 30% de la superficie du Vietnam sont utilisés directement pour la production agricole (dans le sens large du mot): 9 à 10 millions d’hectares pour nourrir environ 71 millions d’habitants (en 1994), la moyenne par tête d’habitant est la plus basse du monde. L’agricuture du Vietnam a ainsi dû lutter et évoluer sans cesse pour atteindre les objectifs stratégiques du pays: les vivres, les matières premières pour l’industrie et les produits agricoles, aquatiques pour l’exportation.
Depuis 1954 à nos jours, se produisent continuellement deux processus contradictoires dans l’espace’agricole. D’un côté, de grands efforts pour élargir les surfaces défrichées, de là augmenter la superlicie de cultures. Si en 1944, la superficie rizicole n’était que de 4.560 millions d’hectares (la superficie cultivée des autres plantes vivrières est négligeable) , 40 ans après (1984), elle s’était accrue de 1,1 million d’hectares; la superficie cultivée des autres plantes vivrières a quintuplé. En 1993, la superficie cultivée de riz et de plantes vivrières était estimée à 7,796 millions d’hectares, celle de plantes pluriannuelles à 1,085 million d’hectares, égale à la superficie défrichée ou remise en culture .
De l’autre côté, se produit le processus inverse: les terres cultivées de riz et de plantes vivrières ne cessent de diminuer, particulièrement dans les plaines et les deltas aux sols les plus fertiles. Pendant 10 ans (1980-1990), la surface agricole de la plaine du Fleuve Rouge par exemple diminuait de 10.000 hectares (en moyenne 1.000 ha par an)3 , ainsi la moyenne de terre par tête est encore plus basse (400 m /tête en 1992) et sera encore réduite dans l’avenir avec l’urbanisation et l’accroissement difficilement contrôlable de la population.
Cet état s’est aussi produit dans les plaines côtières du Centre Vietnam, et y compris dans la plaine du Mékong. Celle-ci a dû s’étendre vers les régions alunifères et salines de la presqu’île de Cà Mau, à Kiên Giang et An Giang, mais, il semble difficile d’élargir les surfaces agricoles, à moins de détruire la couverture forestière dont l’existence est primordiale pour l’environnement.
De l’antiquité à nos jours, le paysan s’accroche à la terre pour vivre, et ainsi la terre lui tient à cœur, et il n’est pas le seul. Si dans le passé les riches citadins achetaient aussi des terres à la campagne, de nos jours cette psychojogie subsiste encore. L’idée « l’agriculture est la base » domine encore: même les paysans qui se sont détachés de l’agriculture et sont devenus des cadres administratifs ou travaillant ailleurs cherchent encore à obtenir la part de terre attribuée en moyenne à chaque foyer.
Beaucoup de temps s’est écoulé au Nord depuis les années 50, la terre a été regroupée en coopératives et l’espace agricole a été réorganisé en rizières en échiquier, dont la surface est suffisante pour bénéficier du travail des machines agricoles. Les diguettes et sentiers ont été élargis, permettant aux machines de toutes espèces de circuler sur les axes principaux.
Une telle organisation de l’agriculture est progressiste en nature, pourtant le mode à suivre pour réaliser cette organisation n’a pas obtenu la confiance des paysans, et surtout le comité de gestion des coopératives de haut degré n’a pas été convenablement formé pour gérer un système si compliqué. Aujourd’hui, le droit d’usage de la terre est confié aux foyers familiaux et cette option a entraîné le paysan à accroître sa production. Néanmoins, la terre tend à être morcelée, et bien que le paysan ne souffre plus de la famine comme auparavant, les foyers purement agricoles (et les provinces purement agricoles) ne peuvent pas s’enrichir.
Ainsi, le problème se pose comme au début et devra être résolu d’une autre manière, ce que nous discutons ci-après.