EDIFICATION D’UNE ÉCONOMIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE PROSPÈRE 13
Un réseau de bases industrielles réparti assez irrégulièrement.
Les triangles d’industrialisation
Par des conditions historiques et même psychologiques (autrefois les ouvriers et les commerçants étaient classés après les lettrés et les agriculteurs), le Vietnam n’a que deux secteurs de concentration industriels : celui de Hanoï au Nord et celui de Ho Chi Minh-ville au Sud. Le reste du territoire comprend çà et là certains points — tout au plus des groupements — industriels (par exemple à Vïnh Phüc, Bac Thài, Dà Nàng, Cân Tho); la haute région et la campagne qui n’ont que quelques bases d’exploitation des minerais, un nombre modéré de bases artisanales, fonctionnant au gré des besoins sont de quasi « zones blanches ».
Le secteur de Hanoï est considéré comme le centre industriel du triangle de développement du Nord comprenant encore les villes de Hài Phbng et de Ha Long, limité par la Nationale 18 au nord et le corridor de la Nationale 5 au sud. On peut y adjoindre la ville de Viçt Tri au sommet du triangle formé par le delta du Fleuve Rouge, et la cité municipale de Hài Duong à équidistance entre Hài Phong et Hanoï. Le triangle comprend les branches suivantes : exploitation industrielle (de la houille à Ha Long et le long de la Nationale 18), production industrielle des biens intermédiaires, production des équipements et des produits de consommation. Les 2 premières branches ont des entreprises concentrées autour des principales villes et des ports, celles de la 3e sont disséminées partout.
Le secteur d’Hô Chi Minh-ville est le centre du triangle de développement du Sud dont les sommets sont Bien Hoà-Dông Nai et Vùng Tàu. Cette dernière ville portuaire ne s’est développée que de 1986 à nos jours, mais un développement par bond grâce à la découverte et à l’exploitation du pétrole dans les bassins de Cuu Long et de Côn Son Sud. L’attraction de ce triangle est très grande, pouvant embrasser les cités municipales de Tây Ninh et de Thû Dâu Mot à l’ouest, de Long An au sud et une partie de Lâm Dông (ville de Dà Lat) ainsi que la cité municipale de Phan Thiét. Les branches industrielles caractéristiques du triangle du Sud sont analogues à celles du triangle du Nord, avec cette différence que les branches de production des produits de consommation occupent la supériorité dans tout le territoire et font preuve d’une grande efficacité.
En dehors de ces deux triangles principaux, les hautes et moyennes régions du Nord comportent des bases industrielles d’exploitation des minerais comme les mines d’apatite à Lào Cai, l’entreprise d’exploitation et de traitement de l’étain à Tïnh Tüc (Cao Bâng), les entreprises d’affinage du plomb, du zinc, de l’antimoine, de l’acier à Bac Thâi etc… Elles ne sont que des points lumineux de l’industrie dans les régions éloignées, mais surpassent de loin le flanc oriental de la cordillère Truong Son laissé inexploité actuellement.
Sur une carte représentant la répartition industrielle, on distingue des zones restantes comme les provinces côtières du Centre Vietnam, le Tây Nguyen et la plaine du Mékong, le processus d’industrialisation a commencé à réveiller Thanh Hôa, Vinh, Dà Nàng, Quy Nhon, Nha Trang, Cân Tho, mais leur rôle est toujours mineur, leur spécialisation encore incertaine. Dà Nàng est considéré comme le nœud de faire de développement du Centre Vietnam par sa position au sommet du triangle prévu Dà Nâng-Dông Hà-Lao Bâo avec la Nationale 9 menant au Laos, mais dès 1994, un projet prévoit de relier ce centre urbain au corridor de développement Lien Chieu-Dung Quat dans un plan hardi faisant appel à l’investissement étranger.
Comme il est exposé ci-dessus, cette répartition industrielle disparate est le résultat d’un développement du pays commencé au début du siècle par la concentration (sous la colonisation française) à Hanoï, Hâi Phông et à Saigon-Cho Lan (actuellement Hô Chí Minh-ville) une autre à Hon Gai (actuellement Ha Long) et Nam Dinh. Les industries d’exploitation minière jouaient un rôle principal en ce temps (surtout l’exploitation de la houille au bassin lion i lier du Nord-Est); l’industrie textile était concentrée à Nam Dinh. Après 1954, le gouvernement du Vietnam préconisait le développement des branches industrielles de production des instruments de travail (ainsi ne pouvait-on construire des entreprises de ce genre que dans les villes ou les ouvriers avaient une dextérité convenable), tandis qu’au Sud, les industries étaient concentrées au secteur « de sécurité » Saigon-Biên Hoà et enclines à la production des articles de consommation.
Il faut être équitable et dire que le gouvernement du Vietnam avant 1975 avait fourni de gros efforts en vue de créer un réseau d’entreprises industrielles assez dense et bien réparti au Nord sous forme d’entreprises locales (ou entreprises d’Etat implantées dans les localités), mais quand le régime de subventions budgétaires fut aboli, ces entreprises subissaient une dure épreuve du marché ; une grande proportion était désagrégée à cause du faible niveau technologique, de l’équipement vétuste, du changement de goiït du consommateur et de la disparition des marchés habituels peu exigeants (le marché de l’ancien camp socialiste).
Les coopératives d’artisanat et de petite industrie, encouragées dans leur formation, aidées au point de vue du capital, des matières premières et des matériaux (embauchant jusqu’à 150.000 travailleurs seulement dans la plaine du Fleuve Rouge) s’effondraient partiellement après 1986. En somme, ce réseau industriel et artisanal était réellement utile à l’économie autosuffîsante des années de guerre mais instable dans le nouveau mécanisme.
A partir de 1989, les investisseurs étrangers contribuaient pour une large part dans la construction d’un certain nombre d’entreprises de grande envergure comme des cimenteries, des usines sidérurgiques, des ateliers de montage électronique, de montage de motos et autos, de camions… et évidemment dans l’industrie du pétrole et du gaz. Ce qui est important, c’est que les entreprises conjointes à capital étranger importent des équipements modernes (ou relativement modernes), la technologie nouvelle et le nouveau mode de gestion, en même temps contribuent à la formation d’une force de travail perfectionnée de 60.000 ouvriers, selon une donnée de 1994. Ce qui est à discuter, c’est que ces entreprises conjointes se concentrent dans les villes développées comme Ho Chi Minh-ville, Hanoï, Hai Phong, c’est-à-dire les régions déjà industrialisées et rarement dans les autres régions, ce qui augmente l’irrégularité du tableau de développement industriel du territoire.