LA PLAINE DELTAÏQUE DU MÉKONG 5
Le développement agricole efficace au delta du Mékong est le résultat d’une longue lutte pour surmonter les obstacles naturels et d’une mobilisation active du dynamisme des paysans
Par rapport aux autres régions du pays, le delta du Mékong a la plus grande superficie agricole, mais ses terres ne sont pas toutes convenables à ces activités de production.
La superficie des alluvions favorables et relativement favorables à l’agriculture, essentiellement à la riziculture, n’est qu’environ plus d’un million d’ha (23% des terres naturelles), les terres alunifëres et aluniferes-salines sont plus vastes, jusqu’à 1,8 million d’ha (47%), les terres salines aux environs de 700.000 ha ( 17%); le reste est constitué de terre grise, de tourbe, de terre de colline, chacune de ces dernières n’ayant que des superficies négligeables (au maximum 100.000 ha, au minimum 1-2 mille ha).
Parmi ces trois catégories de terres occupant une superficie totale notable, l’amendement des terres alunijères et des terres salines s’avère le plus difficile. Est approuvée l’option d’attaquer D’ông Thap Muoi par le creusement du canal Hong Ngu reliant au Fleuve Antérieur, permettant d’amener l’eau douce à cette dépression pour dissoudre l’alun (et évacuer l’eau vers le fleuve par une série d’arroyos), créant des conditions à la sédentarisation de la population et à l’extension des superficies cultivables. Pendant un temps assez court, la production vivrière de D’ông Thâp Muoi, d’environ 500.000 tonnes/an s’est élevée à plus d’un million de tonnes (1990) et plus de 1,5 million de tonnes (1995). De la même manière, la région alunifère de Kiên Giang obtient plus de 1,1 million de tonnes; Long An, dont la partie occidentale fait partie de D’ông Thâp Muôi, à peu près un million de tonnes, tandis que An Giang pendant ces deux dernières années a produit environ 2 millions de tonnes/an.
L’amélioration des régions salines rencontrait encore plus de difficultés. Les terres salines forment une bande longeant le sud-est de la province Long An traversant la majeure partie de l’ancienne province Gô Công (sud-est de Tien Giang), l’est de Bén Tre (à l’extérieur de la route reliant Giồng Trôm et Mỏ Cày), la majeure partie de la province Trà Vinh (jusqu’à Vüng Liêm), la majeure partie des provinces Soc Tràng et Minh Hâi (qui se divise aujourd’ hui en deux provinces Cà Mau et Bac Liêu), tout comme le long des côtes de Phü Quôc. Seule cette dernière province ne peut utiliser au maximum qu’environ 50% de sa superficie dans la production agricole (riz, arbres fruitiers, élevage des écrevisses d’eau douce…), le reste est constitué de terre saline des palétuviers ou de terre très saline.
Ainsi, les terres favorables à l’agriculture du delta du Mékong sont limitées, sans compter qu’avec l’accroissement de la population et le cours d’industrialisation et d’urbanisation, la superficie de ces terres pourra se restreindre quelque peu. En 1995, la superficie des terres agricoles dans cette plaine n’atteint que 2.597.000 ha, soit une augmentation de 200.000 ha par rapport à 1975.
Une autre difficulté pour la production agricole au delta du Mékong est le régime hydraulique du Mékong à l’entrée du delta, associé à la pluviosité et au régime des marées de la partie méridionale du Bien Dông et du golfe de Thaïlande. Sans entrer dans l’analyse des facteurs sus-indiqués, on peut constater que dans l’espace, on peut distinguer trois zones hydrologiques dans cette plaine.
La première zone est celle qui subit l’influence des crues des fleuves, comprenant les provinces An Giang, Kiên Giang, la majeure partie de Dông Thâp Muoi. La saison des crues, toute la zone est inondée profondément, la plus grande profondeur peut atteindre 3-4 m, pendant plusieurs mois, au maximum en septembre-octobre et l’eau ne se retire qu’en novembre. Pourtant, en saison sèche, il faut résoudre le problème d’eau pour l’irrigation.
La deuxième zone est celle qui subit à la fois l’influence des crues et des marées, comprenant une partie de la province Kiên Giang (région Hà Tiên), la dépression à l’ouest du Fleuve Postérieur, une partie de D’ông Thâp. La limite entre la zone de profonde submersion (la première zone) et celle de faible submersion peut être tracée suivant le rebord occidental de la région Bây Nui à proximité de Rach Giâ, ensuite tournant au nord-est au-dessus de Sa Déc, passant par Long An. La saison de crues, le niveau d’eau dans la journée peut varier suivant l’amplitude des marées. La saison sèche, le niveau d’eau dans les cours d’eau peut être plus bas que la surface du sol, mais le drainage est encore difficile à un certain degré.
La troisième et dernière zone est celle qui subit l’influence des marées. Située près de la côte, cette zone subit continuellement l’influence envahissante de l’eau de mer. Le drainage est encore difficile, bien que le niveau du flux soit inférieur de 3 m à la surface du sol. Les difficultés dans cette zone sont dues à l’éloignement des sources d’eau douce.
Ainsi, on peut dire que la plaine du Mékong a à la fois de l’eau en excédent (pendant la saison des pluies) et en pénurie (pendant la saison sèche). Cela influe non seulement sur l’agriculture, mais encore sur la vie de la population. La saison des pluies, presque la moitié de la superficie de la plaine est inondée par les pluies et les crues. Ces dernières années, la fréquence des crues ne suit plus la loi « une grande crue tous les trois ans », et les grandes crues de 1994, 1995, 1996 le prouvent. La saison sèche, au contraire, l’eau ne suffit plus pour élargir la superficie cultivable, et les habitants des provinces Kiên Giang, Sóc Trâng, Cà Mau, Bac Lieu, Trà Vinh doivent utiliser même de l’eau salée dans les activités quotidiennes.
L’inondation a tendance à se prolonger parce que l’eau se retire trop lentement (en 1996, d’un mois de retard par rapport aux années précédentes), ce qui exerce une grande influence sur le calendrier des cultures et la vie quotidienne de la population. Fin 1996, il y a des avis de la part du Gouvernement pour résoudre ce problème par le creusement plus profond de l’ancien lit du Fleuve Postérieur pour qu’il verse ses eaux dans le golfe Hà Tiên ou dans le Vàm Cô Tây. Les investigations sur la faisabilité de ce projet sont en cours. Cependant, il faut remarquer que d’un côté, ces canaux peuvent drainer les crues de la saison des pluies mais de l’autre côté, ils peuvent devenir des voies d’invasion de l’eau salée la saison sèche.
Malgré les difficultés sus-indiquées (et ce ne sont que les difficultés principales), la production agricole de cette plaine augmente continuellement en productivité. Si, en 1976, la production vivrière n’atteignait que 4,85 millions de tonnes; en 1985, elle était de 6,98 millions; en 1990 : 9,6 millions, et en 1995 : plus de 13 millions de tonnes. Pendant 7 ans consécutifs, cette plaine exporte annuellement de 1,5 à 2 millions de tonnes et même davantage.
On ne peut expliquer ces résultats que par les politiques de l’Etat qui répondent bien aux souhaits de la population, l’application à l’agriculture des progrès scientiflco-techniques (dont le centre de recherche et de pilotage est l’Université de Cân Tho), la patience dans le creusement des canaux et arroyos (6.700 km de canaux principaux, 3.000 km de canaux de 2e degré, 200 écluses de retenue d’eau salée, 15.530 km de digues), et avant tout, le dynamisme des paysans.
Voir plus: voyage sur mesure vietnam | voyage au vietnam | Croisière Mékong | demande de visa vietnam