LE NAM BÔ – UNE RÉGION EN EXPLOITATION EFFICACE 2
Les conditions de concentration de la population au Nam Bô oriental ne sont pas très compliquées, mais résultent d’un long cours de migration, d’immigration et de re-sédentarisation dans l’histoire
Au début de ce chapitre, l’auteur a abordé le cours de sédentarisation des ethnies au Sud Vietnam en général, où la population du Nam Bô oriental se rassemblait d’abord à D’ông Nai-Gia Dinh, avant de s’épandre aux autres endroits du territoire. La répartition de la population jusqu’à nos jours est en cours de formation, et dépend de l’extension économique dans les régions éloignées et reculées.
La superficie du Nam Bô oriental est à peu près le double de celle de la plaine du Fleuve Rouge (dans les limites du schéma de division territoriale pour le recensement), mais la population en est à peu près la moitié. Sa superficie agricole est de 937.300 ha, supérieure de plus de 200.000 ha à celle de la plaine du Fleuve Rouge. Même par rapport à la plaine du Mékong, le Nam Bô oriental a aussi l’avantage en superficie agricole par tête d’habitant.
La densité moyenne de la population est de 378 hab./km (1994), mais en réalité, la répartition est très irrégulière. Dans chaque province, le chef-lieu a toujours une densité élevée — plus de 1.000 hab./km — et à mesure qu’on s’éloigne du chef-lieu, la densité baisse rapidement, par exemple aux districts Phước Long et Bù Dâng de Sông Bé (moins de 50 hab./km ), aux districts Tân Biên et Tân Châu à Tây Ninh. Seulement à Dông Nai, la population se concentre sur une bande partant du chef-lieu (ville Biên Hôa), passant par le district Thông Nhâ’t pour arriver au district Xuân Lôc, avec une densité de population oscillant de plus de 500 à 1.900 hab./km2 par l’influence de Hô Chi Minh-ville et de la Nationale 1A venant de l’est. La zone spéciale Vûng Tàu-Côn Dâo avant 1989 était une unité administrative séparée mais devient aujourd’hui la province Bà Ria-Vüng Tàu grâce à l’annexion de 3 districts Long Dâ’t, Châu Thành et Xuyèn Môc de la province Dong Nai, parmi lesquels le district Long Dât a la densité de population la plus élevée, de plus de 400 à 1.900 hab./km2.
Sauf Hô Chi Minh-ville, actuellement superville comme exposé ci-dessus, les villes, chefs-lieux de province du Nam Bô oriental sont d’envergure moyenne (ville Biên Hôa: 320.985 habitants) et petite (ville Vüng Tàu: 150.000 habitants; cité municipale Thü Dâu Mot: 47.100 habitants; Tây Ninh: 35.569 habitants). La zone d’influence de Ho Chi Minh-ville est ainsi considérée comme prédominante sur tout le Nam Bô oriental, et son attraction est si grande qu’elle limite partiellement celle des chefs-lieux de province de la région.
La communauté ethnique du Nam Bô oriental se compose essentiellement des Kinh (plus de 92% de la population), puis des Hoa (7%). Les 18 minorités ethniques occupent le reste, et par ordre de quantité: les Nùng et ChơRo (plus de 10.000 habitants), les Chăm, les Tày (plus de 6.500), puis les Khmers (plus de 5.000); les autres ethnies n’ont que plus de 2.500 (les Raglay) à quelques centaines, voire quelques dizaines (les Ê-đê: 96).
Si la présence des minorités ethniques d’origine indonésienne, Chăm et Khmers, est compréhensible, celle des minorités ethniques du Nord comme les Thâi, Nùng, Tày… ne peut être expliquée que par la migration au Sud Vietnam en 1954. Seuls les Hoa au Nam Bô oriental (500.000 habitants) occupant plus de la moitié des Hoa au Vietnam, y sont présents depuis le XVIIe siècle, concentrés essentiellement dans deux villes: Ho Chi Minh-ville et Bien Hoa, une partie à Vûng Tau. Ils occupent une position notable dans les activités économiques de la région, particulièrement dans le commerce et l’industrie, dans le sens large du mot.
Le Nam Bô oriental est aussi l’endroit où figurent presque toutes les religions du monde, avant tout le bouddhisme, puis le christianisme (introduit au Sud Vietnam dès le milieu du XVIIle siècle), maintenant répandu à Vüng Tàu-Bà Ria, Hô Chi Minh-ville et Biên Hoà. Le protestantisme se développant après 1954 est présent aux localités indiquées et cherche à se répandre parmi les minorités ethniques. Le caodaïsme, issu de l’endroit même où se trouve actuellement le temple Tây Ninh cherche à se développer dans tout le Nam Bô oriental. En outre, il y a encore les mosquées Hôa Hâo, islamiques, mais les croyants ne sont pas nombreux.
La présence de nombreuses religions sur un même territoire, l’attachement de chaque religion à une ethnie ou à une communauté de population de même origine ou de même provenance, particulièrement l’existence de nombreux groupements de croyants d’une religion ou d’une autre, ne peuvent pas écarter l’apparition de conflits religieux compliqués. Dans le passé, nombre de forces hostiles cherchaient à abuser de certains dirigeants religieux pour servir leur but politique conforme à leurs intérêts politiques, créant des instabilités sociales.
Les courants de migration sont aussi bouillonnants dans ce territoire de 1954 à nos jours. D’abord, c’était la migration d’une partie de la population originaire du Nord, puis celle des habitants du Sud Vietnam dans les villes pour y chercher la sécurité en temps de guerre, ensuite l’émigration avant et après le 30 avril 1975, enfin le retour au pays natal ou la migration vers les « zones économiques nouvelles » et actuellement la ruée vers les villes pour y chercher des emplois; ces mouvements, se produisant continuellement pendant les 40 dernières années, bouleversent et compliquent le tableau de répartition de la population au Nam Bô oriental plus qu’à toute autre région.
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