LE TÂY NGUYÊN: DES ESPACES EN EXPLOITATION 6
Dâc Lâc, siégeant au centre du Tây Nguyen, a une position stratégique importante, non seulement pour le Tây Nguyên dont Buôn Ma Thuôt pourra être le chef-lieu
Parmi toutes les provinces du Tây Nguyên, Dâc Lâc est la plus vaste (19.800 km2), et la plus populeuse (1,2 million d’habitants), ne le cédant en rien aux grandes provinces du delta du Fleuve Rouge, avec une densité moyenne de population assez élevée pour la haute région, aux environs de 60 habitants/km2.
Dâc Lâc est limité à l’est par Khânh Hôa, distant du Bién Dông à peine de 25-30 km; la Nationale 21 de Ninh Hôa à Buôn Ma Thuôt coupe la Nationale 14, d’où celle-ci peut mener à Pleiku-Kon Tum au nord, ou Dà Lat, Sông Bé au sud. A l’ouest, Dâc Lâc est en contact avec le Laos et le Cambodge, particulièrement à la zone appelée jadis « zone des trois frontières » (zone Tuy Duc), au temps où le Centre Vietnam, le Laos et le Cambodge étaient des « contrées » de l’Indochine française et le Tây Nguyên, une partie de Trung Kÿ (Annam).
Dâc Lac a des ressources abondantes en terre: plus de 700.000 ha de terre rouge basaltique, 100.000 ha de terre alluvionnée, de terre noire et des dizaines de milliers d’hectares de prairie naturelle. Tout cela se rapporte au relief relativement plat du plateau. C’est une terre jeune, peu corrodée, formée peut-être au miocène ou un peu plus tard, à environ d’un million d’années auparavant. Toute la zone a une hauteur moyenne de 500 m, comprenant de vastes surfaces planes, un peu ondulées; les vallées des cours d’eau ont un profil en travers en V (signe des vallées jeunes) et une profondeur de dizaines de mètres. Seulement au sud de Buôn Ma Thuôt, on aperçoit les vallées larges des rivières Krông Ana, Krông Cơ Nô et la Krông, affluents du Srêpôk (du bassin du Mékong) dont le réseau des affluents couvre presque toute la surface des plaines Ea Sup, Dâc Min et du plateau Dâc Nông.
La partie méridionale du plateau Dâc Lâc, alluvionnée par ces cours d’eau, est une dépression comprenant plusieurs petites plaines d’alluvions, dont les plus importantes sont celles de Krông Ana, du lac Dâc Lâc et de Krông Co Nô, toutes situées à une altitude de 350 à 400 m, réservées à la riziculture. La plaine du lac Dâc Lâc est encore marécageuse, avec un lac de montagne de grande superficie au centre (long de 3 km, large de 2 km). Pendant la saison sèche, une partie du lac pleine de joncs, est la résidence des cigognes, des grues et d’autres oiseaux.
Au sud du lac Lâc (ou lac Dâc Lâc) s’étend le plateau Dâc Nông avec une couche de superficielle basalte, mais découpée vivement par les cours d’eau du réseau du Dông Nai et de la rivière Bé, mettant à nu les roches de base. A l’est du lac Lâc surgit le massif Chư Yang Sin haut de 2.405 m (dont la ligne de crête forme la limite avec Lâm Dông) qui relie au nord-est avec la chaîne Chu Ho Mu (ou Vong Phu) haute de 2.051 m dont les versants tombent à pic sur la plaine de Khânh Hôa. La limite méridionale extrême du Dâc Lac est la rivière Dông Nai, la séparant des provinces Lâm Dông et Sông Bé.
Dâc Lâc, ayant une hauteur moyenne inférieure à celle de Gia Lai-Kon Tum et de Lâm Đông, possède ainsi le seuil de température annuelle plus élevé (environ 24°C) quoique variable selon la saison. La saison des pluies dure 7 mois (de mai à octobre), la saison sèche, les cinq mois restants. Bien que la saison sèche à Dâc Lâc n’était pas autrefois aussi rigoureuse que celle à Gia Lai et Kon Tum, mais à cause de la destruction de la couverture forestière pendant ces 20 dernières années sur de grandes surfaces, la sécheresse se fait sentir de plus en plus inquiétante, comme dans les années 1995 et 1996.
La terre forestière comprend actuellement 1,45 million d’ha, occupant 77,8% de la superficie naturelle, parmi laquelle les forêts s’étendent sur 1,24 million d’ha, soit la plus grande superficie du pays. Les forêts sont des ressources naturelles notables de Dâc Lâc, mais on ne doit pas être subjectif à ce sujet, comme on l’a vu ci-dessus. L’exploitation du bois des forêts ne peut être interrompue (protéger les ressources naturelles ne signifie pas les conserver dans des serres pour contempler) mais il importe que les intérêts immédiats ne doivent pas nuire à l’environnement et aux intérêts de long terme du territoire.