LE TÂY NGUYÊN: DES ESPACES EN EXPLOITATION 5
Parmi les quatre provinces (lu Tây Nguyêtt, Lâm Dông a nombre d’avantages pour un rapide développement socio¬économique, au moins dans les circonstances actuelles
Lâm D’ông est une province montagneuse, mais comprend en réalité les plateaux Dà Lat, Di Linh et Bâo Lôc en marches d’escalier, entourés de montagnes de granité comme les sommets Giô Hü ( 1.621 m), Bo Nam (1.712 m) ou de schiste comme la chaîne du Lang Bian au nord de Dà Lat, culminant à 2.153 m. C’est pourquoi certains avis considèrent que les plateaux Dà Lat et Di Linh étaient des vallées antiques constituées des schistes argileux, de pierre ponce et de sédiments d’origine éruptive (formés peut-être dans le miocène), seule la surface de Di Linh est recouverte de basalte, découpée si vivement que les sommets des collines deviennent des « boucliers » de latérite.
Le plateau Dac Nông continue le plateau Di Linh à l’ouest jusqu’à la frontière avec le Cambodge, au sud descend en pente douce vers la province Sông Bé. Peut-être jadis ce plateau se réunissait à celui de Di Linh. A la fin du néogène et au début du quaternaire, un soulèvement en forme d’arc a activé le phénomène de vive corrosion qui les découpait presque en deux.
Les ressources de Lâm Dông s’expriment avant tout par les conditions climatiques, particulièrement au plateau Dà Lat. A l’altitude de 1.500 m, son climat a les caractères d’un climat tempéré, mais ne s’échappe pas du rythme saisonnier de tout le pays. La saison des pluies se prolonge de mai à octobre, mais les pluies tombent fréquemment dans l’après-midi, sous forme d’oçages, avec 2 maxima au début et à la fin de la saison. La température varie rapidement dans la journée, mais le maximum de l’année n’a jamais dépassé 30°C, tandis que le minimum observé est de 4°C. Situé en bordure du Nam Bô oriental, chaud pendant toute l’année, Dà Lat, bien qu’à 293 km de Hô Chï Minh-ville, devient un centre idéal de villégiature et de tourisme. Le tourisme contribue ainsi pour une grande part au développement de Dà Lat (117.716 habitants en 1995).
Les conditions climatiques ont transformé depuis longtemps Dà Lat en une terre de’tulture et de ravitaillement en légumes, fruits et fleurs de la zone tempérée au marché, d’abord pour Hô Chï Minh-ville, puis pour les autres provinces et une partie pour l’exportation.
La terre agricole est estimée à 200.000 ha, concentrée essentiellement aux plateaux Di Linh et Bào Lôc, ayant la plus grande pluviosité de tout le Tây Nguyên et de la terre rouge basaltique en couche mince mais fertile. Les prairies y sont aussi vastes. Actuellement, ces plateaux sont devenus des zones de culture spécialisée du théier (environ 13.000 ha, avec un élargissement prévu de 7.000 à 9.000 ha), du caféier (de 20.000 à 30.000 ha cultivables). Le mûrier y trouve aussi sa place. Les plantations de thé, de café, de mûrier attirent une main-d’œuvre importante des Viêt sédentarisés depuis longtemps ou récents migrateurs de la plaine, et de la population autochtone. Cés plantes sont aussi cultivées par les foyers privés et nombreux d’entre eux se sont enrichis.
Les bases de traitement du thé, du café, de dévidage du cocon, de tissage de la soie sont construites essentiellement à Di Linh et à Bào Lôc, le long de la Nationale 20 reliant Xuân Lôc (et de là, avec HA CM Minh-ville) à Dà Lat, tandis que la Nationale 11 reliant Dà Lat à Phan Rang-Thàp Chàm (110 km) sert de route aux touristes et d’accès le plus court à la mer. Le long de cette route s’alignent deux conduites d’eau du barrage Da Nhim à la centrale hydroélectrique au pied du plateau. Jadis, parallèlement à cette route existait une voie ferrée (à crémaillère) actuellement en projet de restauration.
Le problème du développement agricole aux plateaux de Lâm D’ông — surtout à Di Linh et Bâo Lôc — est celui de la culture intensive, et non extensive comme actuellement, dans les conditions de pluies annuelles abondantes, de terre basaltique friable, de forte corrosion, ce qui est conforme au plateau Dà Lat. Les défricheurs de terre nouvelle sont souvent subjectifs au sujet des superficies capables de défricher (le chiffre de 200.000 ha cultivables est fourni par les autorités provinciales) et ainsi ne se préoccupent pas d’ »économiser » des terres, et cela causera des conséquences regrettables à leurs descendants.
L’existence des prairies dans les conditions climatiques sus-indiquées montre que l’élevage du gros bétail pour la viande et le lait peut se développer, surtout celui des vaches laitières de pure race. Il faut encore trouver l’investissement pour l’irrigation des prairies (dans l’immédiat pour 600-800 ha de prairies réservées à l’élevage de 4.500-5.000 vaches laitières de pure race et d’environ 1.000 bœufs de boucherie), élargir et pratiquer la culture intensive de maïs sur quelques milliers d’hectares pour ravitailler les entreprises de préparation de la nourriture pour le bétail. L’investissemept pour l’élevage est de beaucoup plus coûteux que celui pour les cultures (c’est pourquoi on ne peut dire que l’élevage est déjà développée Làm D’ông), mais les profits de l’élevage surpasseront de beaucoup de fois ceux des cultures.
Lâm D’ông est encore riche en terres forestières (plus d’un demi-mil’ion l’hectares) occupant environ 70% des terres naturelles, dont il faut noter 130.000 ha de pins Khasya et de Merkus de Dà Lat, avec une réserve d’environ 15 millions de m3 de bois. Suivant les données recueillies, les réserves de bois de Lâm D’ông sont évaluées à 50 millions de m3, les superficies plantées de bambous à 150.000 ha. Néanmoins, ces données ne peuvent dissimuler le fait que depuis 1975, les forêts de Lâm D’ông sont excessivement exploitées, aussi désastreusement qu’auparavant, sinon plus. L’essartage chez les minorités ethniques n’est pas encore contrôlé efficacement (depuis peu, au contraire, il est renforcé par les migrations de la population de la haute région du Nord Vietnam, aussi habile dans l’essartage); les incendies de forêt se produisent presque annuellement; la surface pour la culture extensive des plantes industrielles est élargie; tout cela causera des conséquences désastreuses qu’on ne peut encore envisager dans l’immédiat.
D’innombrables gibiers à Lâm D’ông sont chassés pour être exportés clandestinement ou fournis aux « gargotes à viande de gibier »; de nombreuses plantes et herbes sont recueillies pour satisfaire le plaisir en plantes d’agrément. Tout cela menace la perte ou la disparition du crédit de gènes précieux de Lâm D’ông, mais ce problème n’est pas encore proprement résolu.
La découverte récente des gisements de kaolin (d’une réserve totale d’environ 4-6 millions de tonnes), des points de minerais d’étain (d’une réserve estimée à 100.000 tonnes) et de bauxite latérite, permettra à Lâm D’ông de construire des entreprises de production de la chamotte, des briques réfractaires, de la céramique hygiénique, des isolateurs, etc. ainsi que des usines métallurgiques de l’étain (d’une capacité estimée à 1.300-2.000 tonnes/an).
Ainsi, Lâm D’ông a de nombreuses conditions pour développer une économie multiforme. Dans les circonstances actuelles, sauf la ville Dà Lat, les bourgs Di Linh, Bào Lôc (auparavant appelé Blao) sont en voie d’urbanisation (mais très lentement, car n’ayant qu’une ou deux entreprises étatiques, sans filière nécessaire pour le développement de l’industrie privée sous forme de petites entreprises).
Ce qui attire l’attention, c’est que la ville Dà Lat — chef-lieu de la province — et tous les centres urbains de la province ont entre eux peu de relations économiques, sauf sur le plan administratif; au contraire, tous subissent l’attraction et l’influence très fortes de Hô Chi Minh-ville, qui augmentent à mesure qu’ils s’approchent d’elle. C’est pourquoi quand on aborde le problème de régionalisation, nombreux sont les avis qui proposent de rattacher Lâm D’ông au domaine du triangle de développement du Sud.
Néanmoins, les conditions socio-économiques de Lâm D’ông peuvent avoir plus d’analogies avec celles des provinces de l’extrême sud du Centre Vietnam, ainsi ces provinces pourront avoir des relations plus équitables pour se développer ensemble, et non des relations de subordination.