LES ZONES DU NORD ET DU SUD DU CENTRE VIETNAM 2
Les plaines d’embouchure, avec la bande de collines basses à l’est et la zone maritime dans le golfe du Bac Bô, doivent être considérées comme un ensemble dans l’usage aux fins économiques
La zone montagneuse sus-indiquée en réalité s’étend encore du côté de la plaine sous forme de collines parallèles à la côte. Les roches sont constituées essentiellement de schiste, de sable aggloméré ou de schiste mélangé de calcaire. Corrodées par un réseau relativement intense de cours d’eau et érodées à la surface renfermant des matériaux éolisés du sommet au pied, ces collines sont divisées parfois en blocs séparés, avec des cailloux et graviers mis à nu aux flancs. Heureusement, certaines d’entre elles sont d’anciennes ou nouvelles terrasses de cours d’eau comme aux vallées des rivières Mâ, Chu ou Câ; certaines autres sont des collines de basalte, occupant une assez vaste étendue à Như Xuân-Phü Quÿ. Ainsi on peut toujours se livrer aux activités agricoles et d’élevage et évidemment aux activités sylvicoles sur le haut territoire en dehors de la plaine.
Il faut ajouter que la reconquête des zones de collines ayant perdu depuis longtemps leur couverture végétale n’est pas aisée, mais comme pour le cas de la moyenne région du Nord Vietnam, la zone de collines au nord du Centre Vietnam doit encourir une partie de la charge de population et de vivres pour les plaines voisines.
Les plaines au nord du Centre Vietnam ont une superficie totale de plus de 6.200 km2, dont seule la plaine de Thanh Hôa occupe presque la moitié (surpassant la superficie totale des plaines de Binh-Tri-Thiên) et est ainsi la plus vaste du Centre Vietnam. Le paysage de la plaine de Thanh Hôa rappelle quelque peu celui du delta du Fleuve Rouge, surtout dans la région de Nga Son.
La partie principale de la plaine de Thanh Hôa est formée par les alluvions des rivières Mâ et Chu. Comme à la plaine du Fleuve Rouge, autour de la plaine d’alluvions récentes est la ceinture des terrasses d’anciennes alluvions, d’une hauteur de 2 m à 15 m, découpée en collines séparées, sans compter des monts isolés par ci par là. Le sol de la plaine d’anciennes alluvions a été épuisé, de faible fertilité, mais on peut toujours améliorer ces conditions par des mesures de culture intensive appropriées. Cela explique pourquoi la densité de population dans cette zone de collines et de terrasses est assez élevée, parfois jusqu’à 500 à 1.000 habitants/km , comme à Tho Xuân, Thiêu Yen, Vinh Lôc, Trieu Son.
La plaine de récentes alluvions — delta actuel des rivières Mâ et Chu — de 8 à 10 m d’altitude à l’ouest, s’abaisse peu à peu du côté de la mer à 1-2 m. Bien que constituée de récentes alluvions, elle est moins fertile que le Fleuve Rouge, de plus la bande côtière est mélangée de sédiments marins, de constitution matérielle plus légère, en quelques endroits de terres salines et de sable marin.
On aperçoit aussi ici des « dunes côtières » comme à la plaine du Fleuve Rouge, le plus nettement dans la zone de Nga Son. Elles s’alignent dans le sens nord-est — sud-ouest en éventail, et se rétrécissent à mesure qu’elles descendent au sud. Au sud-ouest de ces dunes, les terres basses forment une surface horizontale correspondant aux limites d’une crique ancienne comblée par les alluvions récentes, où les chenaux et marais sont des vestiges témoins.
La plaine de Nghê Tinh, bien que s’étalant en bande, est en réalité formée par la réunion de petites plaines : au nord, ce sont d’abord la plaine de Diên Châu — une crique ancienne alluvionnée — ensuite, la haute plaine de la vallée de la rivière Câ, la dépression de Yên Thành, la vallée basse de la rivière Câ, la plaine côtière de la ville Vinh qui se prolonge jusqu’à Hà Tinh (entre la rivière Câ et la mer), la plaine des anciennes criques (celles de Diên Châu et de Nghê An), subissant de faibles mouvements de relèvement (les vestiges témoins sont les bandes de coquillages sur les terrasses marines dont la plus vaste est à Diên Châu). Le sol est de constitution matérielle légère, acide, un peu acide ou neutre, sauf sur les étroites bandes de sable côtières (à Nghi Lôc), peu favorables à l’agriculture.
La plaine côtière de Kÿ Anh (Hà Tinh) se rétrécit de plus en plus à l’extrême sud de la zone, constituée essentiellement d’alluvions marines, et se termine au cap Rôn, où le contrefort Hoành Son et le col Ngang renommé séparent le nord du Centre Vietnam du centre du Centre Vietnam.
Comme on le voit, les plaines au nord du Centre Vietnam (et celles de tout le Centre Vietnam en général) ne sont pas aussi fertiles que celles des deltas du Nord et du Sud Vietnam, mais sont quand même l’aire d’habitat de la plupart des habitants de la région. La densité de population en certains endroits ne cède en rien à celle des deltas indiqués. Par exemple, la densité moyenne de la population à Dông Son (Thanh Hôa) est de 1.000 à 3.000 hab./km2; dans la ville de Thanh Hôa, plus de 3.000 hab./km2 à Diên Châu et dans la ville de Vinh, environ 3.000 hab./km . Les auttres districts de la plaine ont au moins 500 hab./km . Cela montre clairement l’intensité de l’usage de la terre, particulièrement dans les activités agricoles, où la culture intensive a atteint un haut degré.
Le paysan est laborieux, se livrant toute l’année aux cultures et à l’élevage, mais dans beaucoup de cas, les résultats de leur travail sont anéantis en un clin d’œil par des fléaux naturels subits: la sécheresse et le fœhn du Laos, les typhons accompagnés de grandes pluies venus du Bien Dông, élevant subitement le niveau des cours d’eau, submergeant les villages et les rizières. Ces fléaux naturels ont l’intensité et la fréquence plus élevées au nord du Centre Vietnam qu’ailleurs.
Une partie assez importante de la population vit de la pêche en mer. Dès l’antiquité, les pêcheurs sont partis des embouchures de cours d’eau comme celles de Lach Truông, Hôi, Lach Ghep, Bang, Trap, Lach Qucn, Thôi, Van, Lo, Hôi, Sot, Nhuong, Khau, dont les plus importantes sont Hôi (Nghê An) et Xuân Phô (Hà Tïnh), pour atteindre le large, quelquefois jusqu’à la haute mer pour la pêche des poissons et d’autres produits maritimes.
Une série d’îles côtières comme Ne, Ngư, Nom ou plus loin comme Mê (Thanh Hôa), Dàn, Mat Lôn, Mat Con (Nghç An), Chim (Hà Tïnh) jouent aussi le rôle de bases pour la pêche.
Ainsi, la réalité montre que depuis longtemps, la population au nord du Centre Vietnam considère la zone de collines côtières, les plaines et la zone maritime comme des espaces unis à conquérir et à exploiter, bien que les succès puissent varier suivant la région.