LES ZONES DU NORD ET DU SUD DU CENTRE VIETNAM
Le reste du territoire du Centre Vietnam comprend deux zones : le nord du Centre Vietnam avec les provinces Thanh Hoa, Nghê An et Hà Tïnh, et le sud du Centre Vietnam avec les provinces Binh Dinh, Phü Yen, Khânh Hôa, Ninh Thuàn et Bînh Thuân au sud de la partie capitale du Centre Vietnam.
Bien que ne comprenant que 3 provinces, le nord du Centre Vietnam a une superficie à peine inférieure à celle du centre du Centre Vietnam, mais sa population est la plus élevée du Centre Vietnam (33.593 km2, 7.435.900 habitants). Le sud du Centre Vietnam a les plus faibles superficie et population (28.030 km » et 4.426.000 habitants).
Chaque zone a ses particularités naturelles, historiques et socio-économiques déterminées, malgré certaines analogies, ce que nous discuterons après.
LE NORD DU CENTRE VIETNAM: UNE ZONE DE TRANSITION À GRANDES POTENTIALITÉS PAS ENCORE EXPLOITÉES À FOND
Le nord du Centre Vietnam est réellement une zone de transition: lorsque Thanh Hoa est souvent considéré en géographie physique comme appartenant à la région Hôa Binh-Thanh Hôa (par ses limites avec la zone Nord-Ouest, la plaine du Fleuve Rouge, sans parler de son contact au nord-ouest avec la province Sam Neua du Laos), les provinces Nghç An, Hà Tinh sont le commencement de la Cordillère Truông Son descendant du sud du plateau Xieng Khouang (Laos). La plaine de Thanh Hôa du côté de Nga Son est en réalité une formation alluvionnée par le Fleuve Rouge.
Thanh Hôa, Nghè An et Hà Tïnh dans les temps reculés étaient considérés comme une unité économique et administrative unifiée: sous la dynastie des Lÿ (Xle siècle), c’était le plut Thanh Hôa (comprenant toutes les 3 provinces actuelles), le territoire frontalier en contact avec le royaume du Champa au sud, jusqu’au moment où Nghç An était élevé au rang de province sous les Nguyen (XVIIIe-XIXe siècles) par l’élargissement du territoire de cette province en ce temps (beaucoup plus vaste que de nos jours). Bien qu’à travers les dynasties, ces provinces tantôt détachées, tantôt réunies, fonctionnaient toujours comme une entité socio-économique unifiée, même au point de vue militaire.
Pendant la guerre de résistance contre les colonialistes français 1946-1954, Thanh-Nghe-Tinh étaient les 3 provinces du nord du Centre Vietnam où les envahisseurs n’osaient s’aventurer. C’était la « zone libre » la plus vaste au sud de la plaine du Fleuve Rouge, organisée par le gouvernement central comme noyau de la 4e Zone militaire, comme base de combat et de logistique, et école de formation des talents du pays.
Pendant la guerre de résistance contre les Américains, encore une fois, le nord du Centre Vietnam est à l’extrémité du Nord et le point de départ des troupes pour le combat au Sud Vietnam. Ces 3 provinces devaient endurer une multitude de bombardements d’anéantissement de l’aviation américaine, ce qui explique qu’après la guerre, presque toutes les bases d’infrastructure de la zone et les plus importantes bases économiques sont détruites, et l’économie au moment de la reconstruction a dû commencer d’un très bas point de départ.
Un territoire montagneux à ressources relativement variées, mais d’exploitation assez difficile
De Thanh Hua aux autres provinces du Centre Vietnam, toute province est constituée de montagnes et de collines sur les 3/4 de sa superficie (même davantage, dans le sud du Centre Vietnam); le 1/3 restant est occupé par des plaines.
Si, aux limites septentrionales de Thanh Hôa, les montagnes calcaires et schisteuses descendent du nord-ouest en chaînes parallèles, entre lesquelles la rivière Mâ creuse son lit pour se déverser au golfe du Bac Bô: créant ainsi des conditions aux voies de communication de relier la plaine à la haute région La Hân-Hôi Xuân, de là parvenir à Bãi Sang par la route 15 tandis qu’au sud de la rivière Mà, le relief montagneux est plus compliqué.
Les montagnes à Thanh Hôa aux frontières vietnamo-Iaotiennes sont de hauteur moyenne et faible. Par sa constitution en roches de dureté différente, et en même temps découpée par un réseau dense de cours d’eau, la région montagneuse à l’ouest de Thanh Hôa n’atteint en général qu’une hauteur aux environs de 1.000-1.500 m (Bù Rinh 1.291 m, Bù Chô 1.563 m).
La région montagneuse de Nghç An-Hà Tïnh. extrémité de la Cordillère Truông Son sur le territoire vietnamien, est au contraire beaucoup plus accidentée. Les hauts sommets se trouvent aux frontières vietnamo-Iaotiennes; du nord au sud dont les plus importants sont Pu Hoat dans la zone de Que Phong, Phu Ma (2.194 m) au sud de Kÿ Son et immédiatement après, le Phu Xai Lai Leng (2.711 m), Rào Cô (2.235 m), tandis que les sommets de 1.000 à 1.500 m sont répandus. Les voies de communication partant des plaines doivent longer les vallées des cours d’eau pour atteindre les cols bas, par exemple la route N°7 de Dô Luong à Kÿ Son doit franchir le col Noang De pour arriver à Nâm Cân sur la frontière vietnamo-laotienne (puis à Nong Hét au Laos), la route N°8 de Vinh à Linh Cam, puis le col Keo Nua (760 m) pour arriver à Thakhet (Laos), et encore la route 15B reliant Khe Ve (venu de Tân Âp) et Bản Na Phao au Laos qui doit passer par le col Mu Gia. Les routes mentionnées ont un rôle stratégique important, mais dans l’état actuel, la circulation est encore difficile à cause du relief accidenté.
Le climat chaud et pluvieux favorise le développement de la forêt tropicale, humide avec des espèces de bois recherchés (surtout l’érythrophaeum, le sindora, l’illipé, le vatica, le chukracia). La faune est aussi très variée, avec des espèces rares et précieuses concentrées à l’ouest de Nghê An-Hà Tînh (réserve naturelle Pu Mat-Vu Quang de 15.000 ha avec l’éléphant, le tigre, les primates, le faisan) et à la zone du lac Kè Gô de 10.000 ha à Hà Tînh. Ces zones sont protégées prioritairement pour la conservation de la diversité biologique.
Par rapport aux autres zones, la haute région de Thanh-Nghê-Tinh est relativement populeuse. Sauf les districts Kÿ Son, Tuong Duong, Con Cuông, Que Phong, Quÿ Châu de Nghe An avec une densité de population inférieure à 50 habitants au km2, les autres districts montagneux ont une densité assez élevée, de 100 à plus de 200 hab./km2, particulièrement le long de la vallée du cours d’eau Ngàn Sâu (Huong Khê).
Outre les Kinh, il existe environ 20 ethnies vivant dans la haute région, parmi lesquelles sont notables les Muc’mg sur toute la haute région de Thanh Hôa, les Thâi aux rives de la rivière Mà, les ethnies O-du, Lào, Hoa et évidemment les Dao aux hauts sommets. Certaines ethnies se sont habituées à la riziculture (Kinh, Thâi, Muong, Tày, Hoa), mais la plupart vit encore des brûlis. Ce mode de culture cause des désastres à la couverture forestière, sans compter que pendant la saison sèche avec le fœhn du Laos se produisent des incendies successifs des forêts, se prolongeant quelquefois pendant plusieurs jours. L’exploitation incontrôlée du bois par la population de la plaine crée aussi des désastres analogues à la couverture forestière qui se rétrécit de jour en jour.