LE CENTRE VIETNAM 3
LE CENTRE DU CENTRE VIETNAM ET SA SPHÈRE CAPITALE
Le centre du Centre Vietnam, comme il est dit ci-dessus, se prolonge de Quâng Binh au sud de Quâng Ngâi. Quand la Nationale N°1 aura été reliée de Dông Hà par la Nationale Nw9 au Laos et de là, à la Thaïlande, à la route transasiatique, son attraction entraînera Quâng Binh dans le jeu. Ce sera une occasion pour que cette province s’échappe de son isolement.
La superficie de toute la zone atteint 39.743 km , dont 23.871 km de la sphère capitale, et la population totale est de 5,4 millions d’habitants dont 4,1 millions de la sphère capitale (1995). La province Quâng Nam-Dà Nâng occupe la part prépondérante en superficie (11.985 km2) et en population (à peu près 2 millions), tandis que les autres provinces n’occupent que le tiers ou la moitié de celles de Quâng Nam-Dà Nâng.
Le centre du Centre Vietnam a des ressources peu abondantes, mais variées, concentrées pour la plupart dans la sphère capitale
Comme les autres zones du Centre Vietnam, le territoire du centre et de la sphère capitale est constitué essentiellement de montagnes et de collines, découpées en chaînes parallèles qui s’abaissent à mesure qu’elles s’approchent de la mer. En réalité, elles forment le versant oriental de la Cordillère Truong Son, dont la ligne de partage des eaux, de Quàng Binh à Quang Nam, sert de base pour la délimitation des frontières entre les 2 pays: d’abord le massif Cô Pi (2.017 m) à l’amont de la rivière Rào Gu, de la chaîne Giang Màn (ouest de Hà Tinh-est de Quàng Binh), le massif de grès Côtarun 1.624 m (à l’ouest de la rivière Dai, à Quàng Binh), les sommets Ta Pue (1.020 m) au nord du col Lao Bào, Ta Rut (1.178 m) et Dông Ngài (1.774 m) à l’ouest de Thùa Thien, Cacan Aron (1.314 m), Na Gle Lang (1.855 m) et surtout le sommet Ngpe Linh (2.598 m) sur la ligne de démarcation entre Quàng Nam-Dà Nang et Gia Lai-Kon Tum. On ne peut oublier le massif calcaire Ké Bàng d’une superficie d’environ 10.000 km , dominant tout l’ouest de Quàng Binh et se prolongeant sur le territoire du Laos par le massif Ma Ha Xay. D’une hauteur moyenne de 800 m, ce massif calcaire gigantesque connaît des processus karstiques vigoureux, et ainsi est très accidenté et peu fréquenté. La merveille Phong Nha n’est qu’une grotte souterraine située au bord oriental de ce massif grandiose et en bordure occidentale de la plaine au nord-est de Dông Hcri.
Cette chaîne de Truong Son Nord aurait pu devenir un obstacle empêchant les échanges entre le Vietnam et le Laos, si elle n’avait pas des failles créant des cols relativement bas comme Mu Gia (418 m) à l’extrême sud de la chaîne Giâng Màn, où la Nationale 15 B relie Tân Ap (Hà Tînh) à la commune Nà Phao (Laos), le col 700 reliant l’embarcadère Long Dai (Quàng Binh) à l’amont du cours d’eau Tchépone (au centre urbain Tchépone du Laos), et le plus important est le col de Da Thao à Lao Bào (350 m) par lequel la Nationale ,N°9 relie Thakhet, Tchépone du Laos à Huông Hoa (Khe Sanh), Cam Lô, Dông Hà, de là on peut remonter la Nationale N°l à Dông Hôi et plus loin, ou descendre à Hue-Dà Nàng.
Ces massifs s’abaissent progressivement de 1.000 m à 700 m, puis à 300 m, à mesure qu’ils s’approchent de la mer, sauf les sommets granitiques saillants comme Ba Rên (1.137 m), U Bo (1.009 m) à Quàng Bînh, les monts D’ông Tâm ( 1.066 m) ou Dâ Vach ( 1.089 m) à Quàng Nam et Quàng Ngài.
Comme on le voit, la majeure partie du territoire est constituée de montagnes et de collines, dont jadis la couverture forestière tropicale et humide avait le caractère de forêt primitive, mais dévastée aujourd’hui en grande partie par les bombardements et les produits chimiques toxiques américains (Quàng Tri-Thùa Thiên est le point de départ de la « piste Ho Chi Minh », comme tout le monde le sait).
La superficie actuelle des forêts naturelles de toute la région n’est plus que de 1.004.855 ha, très inférieure à celle des montagnes et collines dénudées (1.611.367 ha), tandis que celle des 2 provinces Quàng Tri et Quàng Ngâi est de 3 à 4 fois supérieure à celle des forêts. Pour les 3 provinces restantes, la superficie des forêts n’est qu’égale à celle des terres dénudées. Ces données de 1995 ne sont pas favorables aux forêts, car les estimations montrent que la vitesse de déboisement annuelle est encore élevée, pendant que le boisement par des arbres de qualité médiocre ne rattrape pas le déboisement.
Il ne faut pas rejeter entièrement la faute sur les minorités ethniques, vivant dans la haute région par leurs activités de brûlis. Par exemple, les groupements Tà Ôi à Huong Hoa, Pa Cô à A Lirai vivent des brûlis, mais des brûlis pluriannuels, et de l’élevage, tandis que le groupement Ba Hi cultive du riz à l’ancien district Phong Diên. L’ethnie Co Tu, se fixant pour la plupart aux districts Hiên et Giàng (de Quàng Nam-Dà Nâng) et une partie au district A Luoi (Thua Thiên) fait aussi des brûlis, mais connaissent déjà l’assolement.
L’ethnie Bru-Vân Kiêu, éparpillée dans toute la haute région de Bînh Tri Thiên en petits groupements à côté des sources d’eau, s’est fixée depuis longtemps à l’ouest de Quàng Tri, le long de la Nationale N°9 comme à Huong Hoa, Gio Linh, Cam Lô.
La haute région du centre du Centre Vietnam renferme aussi certaines ressources minérales mais de petite ou moyenne envergure, concentrées surtout à Quàng Narn-Dà Nâng. Les plus remarquables sont les mines de houille de Nông Son (on a découvert récemment que cette houille est uranifère), d’or à B’ông Son — dont l’exploitation a débuté du temps de la colonisation française et continuée aujourd’hui. L’or en paillettes existe encore à Khe Cho Bin (Quàng Nam-Dà Nâng); les pierres précieuses (rubis, saphir) à Quàng Binh; le sable blanc, y compris le sable quartzeux, aux zones côtières, et évidemment le calcaire.
Comme on le voit, les ressources de la haute région sont variées, mais de réserve limitée, malgré leur concentration dans la sphère capitale. Toute stratégie de développement reposant sur l’exploitation exclusive de ces ressources sera certainement sans espoir. Le temps de l’exploitation et de vente libre de ces ressources, essentiellement forestières, de la décennie 80 a été vraiment révolu.