LE CENTRE VIETNAM
Le Centre Vietnam, du nord de Thanh Hoa au sud de Phan Thiê’t, s’allonge sur plus de 1.500 km. Jadis, on comparait le Centre Vietnam à un fléau, portant aux deux bouts deux paniers de riz représentant le Nord et le Sud Vietnam.
La superficie de tout le territoire atteint 96.366 km , six fois plus grande que celle de la plaine du Fleuve Rouge, mais sa population est presque égale (plus de 17 millions d’habitants, 1995). La densité moyenne est d’environ 170 habitants/km2. Une telle densité peut être considérée comme faible, si on ne remarque pas que plus des 3/4 du territoire sont montagneux; la partie du territoire à partir de 25 m d’altitude et au-dessous, considérée comme plaine, n’occupe que 14.560 km2, c’est-à-dire équivalente à celle de la plaine du Fleuve Rouge.
Le territoire du Centre Vietnam est beaucQup plus long que large: à Quàng Binh, la distance de la côte à la frontière n’atteint que 50 km, tandis qu’à Nghê An, la plus grande largeur dépasse quelque peu 200 km. Cela pose de nombreux problèmes à l’usage de la terre, à la défense nationale, à la protection de l’environnement et aux autres domaines.
Il y a deux manières d’envisager les possibilités de développement du Centre: jusqu’à ces derniers temps, une vue pessimiste est générale; les ressources abordables ne sont pas suffisamment abondantes ou détériorées jusqu’à épuisement, tandis que les ressources de grande potentialité, par exemple les ressources marines ou minérales, sont difficiles à exploiter. Les fléaux naturels s’abattent annuellement (inondations, typhons, raz-de-marée, sécheresse) et au comble de malheurs, se répètent quelques fois, détruisant en quelques instants les ouvrages que les travailleurs ont sué toute l’année pour construire.
Récemment, apparaît une nouvelle vue posant le développement socio-économique du Centre Vietnam dans les rapports avec celui de l’Asie du Sud-Est, particulièrement avec le plan de développement du Mékong et de l’exploitation du Bien Dông, quelques planificateurs de stratégie et d’investissement, y compris des investisseurs étrangers, estiment que le Centre Vietnam a de nombreuses potentialités pour se développer et dans l’avenir, jouera le rôle d’un « levier du Vietnam et de l’Asie du Sud-Est ».
La nature du Centre Vietnam en réalité n ’est pas facile à conquérir
Trois facteurs créent ces difficultés: primo, dans un territoire s’allongeant sur 10 degrés de latitude essentiellement montagneux, la plaine se rétrécit à mesure qu’elle descend vers le Sud, au point de disparaître presque totalement; secundo, le climat varie du tropical (du Nord jusqu’au Col Hâi Vân) au subtropical (de là au Sud). Il ne manque pas de variantes de ces deux climats fondamentaux, principalement par l’influence du relief local, par exemple le climat de savane de Phan Rang-Phan Thiê’t. Le troisième facteur est le bassin fluvial: chaque province du Centre Vietnam correspond à un bassin fluvial constituant son territoire, par exemple la province Thanh Hôa est limitée par les bassins des rivières Mà et Chu; la province Nghê An, par celui de la rivière Câ; la province Quâng Nam par celui de la rivière Câi et de ses affluents Phü Gia et Thu Bon; la province Phü Yen par celui de Dà Rang etc… Les plaines sont des deltas ou plaines d’embouchure, généralement séparées entre elles du côté de la mer par des dunes, des lagunes ou des baies et même par des contreforts de direction ouest-est qu’on doit suivre les cols (Ngang, Hài Vân, Cù Mông, Câ, etc…) pour franchir.
Les conditions naturelles relativement difficiles récemment exposées conduisent facilement à la conclusion suivante de certains chercheurs: « la configuration de ce pays ne mène presque pas à l’unification » (P. Gourou, 1940) (sous-entendu: unification politique). Les conditions politiques et sociales dans le passé semblent aussi certifier cette hypothèse: le pays était scindé au moins 2 fois: la première dans l’étape des conflits Trinh-Nguyen (XVIle-XVIlIe siècles), prenant le fleuve Gianh comme ligne de démarcation, la seconde sous la pression des impérialistes, par le 17e parallèle Nord (1954-1975).
Dans le premier cas, on peut comprendre P. Gourou, car de son temps, la doctrine de déterminisme géographique prédominait (critiquée ultérieurement), mais dans le deuxième cas, la scission provisoire était due à la pression dans le conflit des intérêts des seigneurs féodaux ou des impérialistes, mais non du peuple. Quand même, il faut se méfier du « régionalisme » qui persiste encore quelque part de nos jours.
Dans les zones où les collines et les montagnes sont prépondérantes, la conquête de la nature au profit de l’homme n’est pas facile. A la haute région, la population est excessivement clairsemée, comprenant surtout des minorités ethniques à différents niveaux de développement. Si à l’ouest de Thanh Hoa et de Nghç An, les ethnies Muong, Thâi et Tho de niveau de développement assez avancé (riziculture, artisanat), à partir de Quâng Bïnh jusqu’au Sud, les ethnies comme Chût (à l’ouest de Quâng Bînh), Bru, Pa Cô (ouest de Quâng Trj, Thùa Thien), Cà Tu (ouest de Quâng Nam), Hrê, Bana, Châm Hru, Raglai, Co Ho (du sud de Quâng Ngài à Bînh Thuân), la population ne compte que des centaines de milliers à quelques milliers d’habitants vivant essentiellement de la cueillette et des brûlis.
La densité de population y est très faible: si à l’ouest de Thanh Hoa et de Nghê An, elle atteint 100 hab./km , à Hà Tïnh et ailleurs, elle n’est plus que de 50 hab./km , voire 30 hab./km comme à Binh Dinh, Khânh Hoa. À Ninh Thuân et Bînh Thuân, elle monte quelque peu, au-dessus de 100 hab./km (données du recensement général de 1979).
On sait qu’à la haute région, une densité de population supérieure à 50 hab./km est inquiétante: par les besoins en vivres, l’extension annuelle de la superficie des brûlis sera plus rapide et causera de fâcheuses conséquences à l’environnement. Néanmoins, on n’a pas encore une comparaison quantitative entre le mode de culture des montagnards et l’exploitation forestière beaucoup plus vaste et plus dévastatrice des habitants de la plaine. La dénudation des chaînes de montagnes basses et des collines parallèles au littoral, proches à la plaine le prouve.
On n’aurait pas dû rappeler que la couverture forestière tropicale humide – bien qu’elle impressionne par sa couverture végétale touffue et continue est constituée réellement de systèmes écologiques très précaires. Les racines principales des grands arbres quasi gigantesques ne s’enfoncent pas profondément dans le sol, mais ne rampent qu’à la surface car les sources de produits nutritifs n’y manquent pas. Ainsi les arbres sont aisément déracinés par les typhons et l’érosion du sol, malheureusement avec l’aide des activités irrationnelles de l’homme.
L’aire d’habitat de la population du Centre Vietnam (les Kinh) est essentiellement dans les plaines. Comme il est exposé ci-dessus, la superficie de chaque plaine est relativement petite et de différentes origines. Les alluvions récentes ne s’étendent que dans les vallées des cours d’eau et sont limitées du côté de la mer par des formations mixtes fluvio-maritimes, ou simplement par des dunes côtières comme à Thanh Hôa, Nghê An, ou par des plages de sable immenses se prolongeant de Quâng Binh à Phan Thiê’t, de diverses origines. En somme, le sol, que ce soit les alluvions des cours d’eau, y est plus pauvre que celui du delta du Fleuve Rouge et souvent envahi par l’eau de mer pendant la saison sèche. L’utilisation du sol ainsi n’est pas aisé, et les résultats acquis dans la production et le développement sont dus au travail de l’homme plutôt qu’à la nature.