LE NORD-OUEST LET LE NORD 8
Comme le Nord-Ouest, le Nord-Est est encore un territoire pauvre. Le développement économique doit reposer certainement sur des décisions hardies, surmontant Vhésitation actuelle
La pauvreté du Nord-Est diffère de celle du Nord-Ouest. D’abord, la population du Nord-Est est presque le double de celle du Nord-Ouest. C’est pourquoi ses productions bien que nombreuses et plus variées que celles du Nord-Ouest, calculées per capita, ne leur dépassent pas de beaucoup. Le PIB par habitant est le plus bas à Hà Giang, le plus élevé à Quàng Ninh (grâce à l’exploitation des mines de houille les plus grandes du pays); celui des autres provinces n’atteint qu’environ 100 USD, au dessous de la moitié de la moyenne de tout le pays.
Dans une certaine mesure, on peut dire que la pauvreté actuelle est la conséquence de l’exploitation excessive ces 100 dernières années. Il faut se rappeler que ce territoire a des mines de minerais exploitées très tôt: l’anthracite à Quàng Ninh, la houille grasse à Phân Mê, l’étain à Tinh Tüc, le zinc à Làng Hit et Chp Di’ên, l’argent à Ngàn Son, le fer à Vô Nhai, etc. La plupart des points de minerais du Nord-Est ne sont que d’envergure petite ou moyenne, mais répartis dans presque toutes les provinces. Cela a facilité et facilite encore le développement de l’industrie locale, mais l’exploitation et le traitement sommaire sont peu efficaces et causent des gaspillages.
La moyenne région et les provinces montagneuses étaient avant 1945 le territoire de choix pour établir des plantations, au premier rang dans les provinces Phü Tho. Tuyen Quang, Thâi Nguyen et Bâc Giang, puis à Yen Bâi, Quàng Yen, même à Hà Giang, Hoa Binh et Son La. La superficie de ces plantations atteignait environ un demi-million d’hectares (à peu près plus d’un tiers de la superficie du delta du Fleuve Rouge); certaines de 8.000 ha.
Les propriétaires fonciers français de ce temps avaient le mérite d’importer hardiment de nombreuses plantes inexistantes dans la région (par exemple le caféier, l’hévéa, la vigne, etc.), de sentir le besoin de développer en même temps les cultures et l ‘élevage du gros bétail, certains avaient même fait construire des bases de transformation (beurre, fromage, etc.) mais ils appliquaient toujours la culture extensive et le travail rudimentaire.
Tout ce qui est présenté ci-dessus montre qu’à la différence avec le Nord-Ouest et les autres hautes régions du Vietnam, le Nord-Est et aussi la vallée du fleuve Thao ont des potentialités agricoles, sylvicoles et industrielles bien exploitées. Quoique la situation actuelle de ce territoire empire beaucoup par rapport à autrefois, notre tâche est de restituer au Nord-Est les capacités que l’homme avait lui-même détériorées.
Le Nord-Est a actuellement un réseau de centres urbains comprenant des chefs-lieux de provinces et de districts relativement développés. Thâi Nguyen est une ville de 135.021 habitants grâce au Combinat sidérurgique construit dès les années 60 et peut encore jouer le rôle d’un important pôle d’attraction pour toute cette moyenne région. Cette ville est secondée par la cité industrielle Sông Công assez renommée pour ses usines mécaniques, avec une population supérieure à 15.000 et les cités des districts Dông Hÿ (17.000 habitants) et Pho Yen (11.200 habitants) et 9 autres centres de districts, chacun d’environ 5.000 habitants.
Le pôle d’attraction à l’est de cette sub-région moyenne est Ha Long, d’une population équivalente à celle de Thai Nguyen (135.985 habitants). Cette ville est elle-même un pôle du triangle clé du Nord, comme il est dit ci-dessus, mais son rôle vis-à-vis de toute la province Quâng Ninh doit être considéré. Avec Mông Câi, Tien Yen, Yen Hung et Vân Đôn (la population de chaque centre urbain est encore modeste), cette bande de centres urbains doit en même temps développer l’économie maritime et s’occuper des immenses zones de terre à l’intérieur qui n’attirent pas une attention suffisante jusqu’à présent.
Les autres centres urbains et cités municipales de Quâng Ninh comme Câm Pha (130.311 habitants) — un centre important de la branche houillère et des entreprises mécaniques servant l’exploitation houillère — Uông Bî, Trâi (le long de la Nationale N°18) en réalité se tournent vers la plaine du Fleuve Rouge plutôt qu’à l’intérieur.
Si on associe à la bande de terre de la rive gauche du Fleuve Rouge au Nord-Ouest, les pôles capables d’influencer sur toute la moyenne région comprendront encore Yen Bâi et même Bac Giang et Kép (de la plaine du Fleuve Rouge). Ainsi, ces centres urbains qui s’alignent horizontalement au seuil de la moyenne région et aisément aidés par le triangle de développement du Nord, formeront une ligne pour développer leur influence et seront au premier rang dans la régénération de la capacité de développement économique de cette importante sub-région. Il faut remarquer qu’avec l’accroissement actuel de la population de la plaine du Fleuve Rouge, en l’an 2000, environ 20 millions d’habitants vivront dans cet espace très restreint et créeront une vraie surcharge à ce territoire. Avec cet élan, qu’adviendra-t-il en 2010, 2020 ? Cette sub-région moyenne est capable de partager cette charge dont les préparatifs doivent commencer dès maintenant.
Les centres urbains de la haute bande de terre frontalière comprenant Hù Giang (28.127 hab.), Cao Bâng (31.948 hab.), Lang Son (42.946 hab.) et Mông Câi (dont il est parlé ci-dessus) devront être industrialisés rapidement et Lang San est le plus capable à jouer le rôle de pôle-chef-lieu de toute la sub-région.
Dans les circonstances actuelles, toutes les deux sub-régions du Nord-Est montrent que la supériorité des activités agro-sylvicoles, de la pêche est encore négligée. Pourtant la liste des produits agricoles — pris dans le sens large — de toutes les provinces du Nord-Est se répète cà peu près (riz, maïs, manioc, patate, soja… et les principales plantes industrielles: théier, arachide, canne à sucre…) et il est à souligner que sauf pour le théier, leur production n’est pas suffisamment grande, leur superficie de culture encore restreinte et la transformation encore sommaire. Par exemple: le théier, cultivé par les fermes d’Etat et traité à Vinh Phu, avait demandé beaucoup d’efforts pour être exporté; la province Yen Bai, avec le théier comme centre d’importance s’est heurtée à des difficultés pour chercher un marché étranger après l’écroulement du marché traditionnel.
On aurait dû suivre l’exemple des propriétaires fonciers d’autrefois qui ont osé importer de nouvelles plantes pour expérimenter dans quelques stations-laboratoires avant de planter à grande échelle, en tenant compte du marché. Evidemment on peut toujours cultiver les plantes traditionnelles, mais il faut créer des produits de haute qualité, ayant le caractère de spécialités. Ceci dépend beaucoup de la technologie de transformation. La fabrique de conserves de produits aquatiques de Ha Long s’avance actuellement dans ce sens et ses produits commencent à être consommés largement dans le pays et exportés.
Ainsi, le redressement économique du Nord-Ouest et du Nord-Est aidera à développer une région immense qui, dans quelques dizaines d’années récentes, n’a pas trouvé son chemin et en général, encore en hésitation. Les difficultés certainement abondent encore, mais ne pourront empêcher le point de vue de réduire autant que possible l’écart économique entre les différentes régions du pays.