HANOÏ ET SES ENVIRONS
Ija plaine du Fleuve Rouge par ses qualités naturelles fut depuis plusieurs milliers d’années habitée. Mais ce n’est qu’à l’apparition de la ville d’Hanoï — il y a 988 ans — que ce delta devînt réellement le berceau du peuple vietnamien, le berceau d’une civilisation couramment appelée civilisation du Fleuve Rouge.
A l’heure actuelle, alors que les grands centres urbains deviennent des facteurs décisifs du développement économique et social d’une région, Hanoï exprime de plus en plus son rôle politique et culturel en tant que cerveau du pays. Economiquement important, c’est le centre de direction et d’émission des décisions.
HANOÏ, CAPITALE AU SEUIL DE SON MILLÉNAIRE.
Les modifications passées
Au début du Xle siècle, exactement en Fan 1010, Lÿ Công Uân transféra la capitale de Hoa Lu (Ninh Bïnh) à un endroit se trouvant au centre du delta émergé déterminé à cette époque par les anciennes côtes, limitées au Holocène tardif à Yen Mô, Nam Truc, Tien Lu, Gia Lôc, Hai Duong, Nam Sach, Tràng Kenh. Cet endroit fut choisi comme capitale et nommé Thâng Long (Dragon prenant son vol) . Sous le règne de Minh Mang, plus de 100 ans auparavant, son nom fut changé en Hanoï, car la dynastie des Nguyën établissait la capitale à Phü Xuân (Hue) qui représentait plus la capitale d’une dynastie que celle de tout un peuple. Après l’instauration de la République démocratique du Vietnam, Hanoï était choisi de nouveau comme la capitale du pays.
Au début, l’espace d’Hanoï se déplaçait constamment de la rivière Nhué au Fleuve Rouge par l’élargissement progressif de la zone entourant la citadelle royale sous les dynasties successives. Néanmoins, quels que soient les changements, les principaux éléments de l’espace géographique d’Hanoï ne changeaient pas beaucoup: la rivière Nhue et surtout la rivière Tô Lich à l’ouest, la courbure large et aéré du Fleuve Rouge à l’est, le lac de l’Ouest au nord et le cours d’eau Kim Nguu au sud.
Naturellement que cet espace immense n’était pas comblé dès le début de quartiers et de rues, à cause de l’élément « lac » qui en occupait encore de larges surfaces pour une longue période, jusqu’à très récemment d’ailleurs.
Les deux éléments fleuves et lacs avaient des effets positifs au développement économique d’Hanoï: les bateaux marchands de toutes parts pouvaient transporter des marchandises à la capitale par la voie du Fleuve Rouge, y compris par la rivière Dây, la rivière Nhuê et surtout la rivière Tô Lich. Déjà sous la dynastie des Lÿ, Thâng Long a trois marchés: Cho Dông à l’est, Cho Tây à l’ouest et Cher Nam au sud, tous situés aux confluents. La plupart des lacs communiquaient avec les cours d’eau (par exemple le lac Hoàn Kiem, sur la carte Hông Duc (1490), avec le Fleuve Rouge; le lac de l’Ouest avec le Tô Lich). Les temples, les pagodes, les pagodons, et même le Collège national, le palais Nam Giao, la pagode Linh Lang profitaient de la situation des cours d’eau et des lacs de la capitale pour avoir une position appropriée.
Cependant, les lacs et les cours d’eau avaient aussi des côtés limitatifs. Les crues du Fleuve Rouge en ce temps menaçaient déjà Thang Long, et on œuvra très tôt à la maîtrise des eaux: en 1108, la digue Co Xa (de Nghi Tàm, Yen Phu à Luong Yen, Thanh Tri de nos jours) avait déjà été construite sous les Lÿ, et sous les Tr’ân, elle se prolongeait du sommet du delta à la côte.
Les activités économiques de la capitale Thâng Long prospérèrent jusqu’à la fin du XVlIIe siècle. Au début du XIXe siècle, la capitale des Nguyen fut fixée à Phü Xuân, Thâng Long fut alors dégradé en un simple chef-lieu de province; l’ancienne citadelle royàtè trop vaste fut reconstruite (à la Vauban que nous connaissons aujourd’hui), certains palais démolis ou abaissés, etc.
Les principales transformations se déroulèrent dans le secteur de la citadelle royale — résidence des rois de la dynastie des Lÿ à celle des Lê postérieurs. Mais le secteur de la capitale devenait de plus en plus peuplé; les quartiers commerciaux s’animaient de jour en jour, tout comme les quartiers artisanaux. Au XVe siècle, Hanoï fut redivisée en « 36 rues et corporations » jouant encore aujourd’hui le rôle de noyau de la capitale.
A la dernière décennie du XIXe siècle et au début du XXe siècle, de nouveaux quartiers furent créés (Hanoï en ce temps était occupée par les Français et transformée en ville coloniale). Le « quartier français » commençant par le lac Hoàn Kiem, les rues Dinh Tien Hoàng, Tràng Tien, Hàng Trông, s’étendait jusqu’à Don Thüy, Bach Mai. L’espace d’Hanoï jusqu’à une époque récente comprenait donc les deux secteurs sus-indiqués, avec des lacs et des villages intercalés même dans la cité intérieure. Les limites entre les quartiers d’Hanoï et la campagne suburbaine étaient encore assez nettes jusqu’aux années 70.