EDIFICATION D’UNE ÉCONOMIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE PROSPÈRE 16
CONFIRMATION PROGRESSIVE DU SECTEUR DE SERVICES
Le concept de « services » ou « secteur de services », « secteur tertiaire » n’est apparu au Vietnam que depuis 1986. Auparavant, les documents officiels, par exemple les Annuaires statistiques n’employaient que le terme de « secteur non-productif matériellement » répondant à une classification tout à fait arbitraire. Dans la structure du PIB de tout le pays en 1994, le secteur de services occupait 42,6% et 50,2% si on compte la branche de construction, surpassant le PIB total des deux branches agricole et industrielle.
Cependant, ce haut pourcentage ne transforme pas la société du Vietnam en une société de services, et il y a encore de nombreux problèmes à résoudre.
Un secteur occupant actuellement une grande proportion de travailleurs spécialisés et non spécialisés
Si on se base sur les données statistiques, par exemple l’Annuaire statistique de 1993, presque tout le secteur non-productif matériellement (c’est-à-dire des services) n’occupe que plus de 2 millions de travailleurs contre 30.662.400 travailleurs dans les secteurs de la production matérielle.
Néanmoins, on peut croire que ces chiffres, s’il y a une enquête plus détaillée, varieront car le nombre d’employés « des services » dans les entreprises n’est pas écarté, à compter du comité de direction, des hommes de bureau, des caissiers et de comptables, des agents du marketing… aux chauffeurs, concierges et gardiens de nuit… Dans le système agricole, on trouve aussi des cas analogues: à côté des paysans produisant directement, d’autres vont au marché, se livrent à la construction etc… Ceux-là appartiennent en réalité au secteur de services.
Ainsi le secteur de services devient un secteur difficile à évaluer par son caractère extrêmement varié et de plus en plus différencié, avec l’élargissement de l’économie de marché. Au temps des subventions budgétaires, ce secteur, bien que présent, n’avait aucune signification: toutes les marchandises étaient rationnées par le commerce de l’Etàt et les coopératives; ainsi on pouvait se dispenser des activités de marketing, de réclame; l’attitude du vendeur avait un caractère de bienfaiteur plutôt que de serveur. Au contraire, aujourd’hui ce secteur est très fécond, s’exprimant avant tout dans un éclatement de petits services, surtout dans les transports, la vente au détail, la construction, les petites réparations, le cirage des chaussures, le dessin des panneaux de réclame etc… Il est compréhensible que dans ces conditions, le recensement des hommes assurant les services heurte à de nombreuses difficultés.
Les branches employant le plus de main-d’œuvre sont le commerce et les services de ravitaillement en matériel (1,735 million de travailleurs dont 83% en dehors de l’effectif du personnel de l’Etat), l’enseignement (825.000 travailleurs, dont 19% du privé), les communications et le transport (483.600 travailleurs, dont 71% du privé), l’assistance médicale, l’assurance sociale, le sport (318.100 travailleurs, dont 48% du privé), ensuite viennent les services de l’habitat, les services publics, la gestion administrative, le crédit, la banque, les finances… Si on ajoute ce nombre de travailleurs dans ces branches suivant la nouvelle classification, le nombre de travailleurs dépassera 4 millions, c’est-à-dire le double de celui mentionné ci-dessus.
La plupart des branches de services ne demandent pas des travailleurs aux qualités spéciales de santé, et ainsi conviennent très bien aux femmes, leur pourcentage est très élevé dans le commerce et assez élevé dans l’enseignement, l’assistance médicale, les postes et télécommunications, les finances, la banque, l’hôtellerie et le tourisme, les services publics.
En somme, au point de vue de la répartition dans l’espace, les branches de services sont présentes partout. Avec le développement économique, les bases de services créent de jour en jour un réseau plus dense dans tout le pays.
Ceci s’accorde avec le développement de la société. Autrefois, on croyait que le développement conduirait le paysan de la campagne aux usines, mais au milieu du XXe siècle on s’est rendu compte que les professions libérales et les activités commerciales se montraient beaucoup plus attractives et devenaient des activités prédominantes, particulièrement dans les sociétés post-industrielles.
Cette tendance est en train de se produire au Vietnam, mais pour avoir une réelle société de service, il y a encore beaucoup à faire.