EDIFICATION D’UNE ÉCONOMIE AGRICOLE ET INDUSTRIELLE PROSPÈRE 8
La pêche et l’élevage des produits aquatiques découvrent de nouveaux horizons : le but est d’atteindre la haute mer
Il est inutile de rappeler que les conditions naturelles du Vietnam permettent le développement d’une branche aquatique multiforme. 3.200 km de côtes, plus de 300.000 ha de surface aquatique en marais, lacs et lagunes, près d’un million de km2 de plate-forme littorale avec des zones poissonneuses de valeur, ce sont de grands atouts pour développer cette branche d’une grande importance pour l’économie nationale.
Les ressources biologiques marines sont considérées comme abondantes, mais leur exploitation est à la fois insuffisante et systématique. L’exploitation insuffisante apparaît nettement à travers l’incapacité des chalutiers vietnamiens de s’éloigner de la côte vers des fonds dépassant 30 à 50 m, laissant les 3/4 des surfaces maritimes sous notre souveraineté au bon plaisir des chalutiers étrangers. Sur les 60.000 bateaux et embarcations en 1992, seulement près de 100 éléments sont considérés comme capables de pêcher en haute mer (puissance de quelques centaines de cheval-vapeur); le reste comprend des bateaux et embarcations de faible puissance (tout au plus de quelques dizaines de cheval-vapeur). Nous manquons encore de bateaux permettant le traitement des poissons en mer, de moyens techniques de sondage et de détection des bancs de poissons, d’autres navires au service des flottilles pendant les pêches de longue durée.
Quelques avis considèrent que le Vietnamien est plus habitué à l’agriculture qu’à la navigation en pleine mer, et parmi les ethnies du Vietnam, seules celles d’origine malayo-polynésienne sont habiles en navigation en pleine mer. Ce raisonnement peut être exact en partie pour l’agriculteur des plaines du Fleuve Rouge et du Mékong, où la côte, pleine d’alluvions, limite les sorties en mer, mais pas pour tout le pays. Les côtes de Mông Câi à Quâng Ninh-Hâi Phông, de Dà Nâng à Binh Thuân sont hérissées de rochers et pleines de baies, de lagunes; les côtes de Kiên Giang ont connu dans le passé des activités maritimes animées. Des excursions maritimes jusqu’aux archipels Hoàng Sa et Truong Sa isolés dans le Bien Dông, à des centaines de kilomètres du littoral, et jusqu’aux îles et archipels des golfes du Tonkin et de la Thaïlande ont été accomplies à partir de ces côtes.
Même les pêcheurs de Thanh Hôa, vivant sur un littoral d’alluvionnement, osaient s’aventurer en haute mer sur des radeaux de bambous, beaucoup plus précaires que les pirogues polynésiennes se déplaçant d’une île à une autre. Ainsi, on peut dire que les expéditions maritimes ne sont pas étrangères au peuple vietnamien. Pourtant le contingent d’environ 200.000 pêcheurs se livrant actuellement aux activités maritimes est encore modeste, rendant difficile le développement de la pêche dans l’avenir. Ainsi la formation accélérée des matelots et des capitaines est urgente.
L ‘exploitation excessive est menée dans l’étendue aquatique à une profondeur de 30 à 50 m. Cet espace a été sillonné de long en large pendant des dizaines d’années par 50 à 60 mille canots et embarcations draguant les poissons petits ou grands, au point qu’ils sont actuellement en voie de disparition. De maints endroits, autrefois réputés pour l’abondance des poissons quelquefois spécifiques, par exemple Quang Binh en homards, Kiên Giang en lutianus, en thons, en stromatées…, Khanh Hoa en lutianus, en stromatées, en serrans… s’élèvent maintenant des appels au secours à cause de l’extrême rareté des poissons. C’est un grand danger pour l’environnement marin, mais il n’y a encore aucun moyen de limiter l’exploitation « à outrance » de ces ressources biologiques.
Les rivages ont aussi plus de 300.000 ha de surfaces aquatiques (lagunes, baies, golfes) comme il est dit plus haut. Pourtant l’élevage des produits aquatiques suit deux directions: les surfaces aquatiques sont encore peu exploitées et le rendement encore très bas (en moyenne 8 tonnes/km de côtes, contre 80 tonnes/km de côtes en Thaïlande), tandis que les marais — particulièrement à Minh Hâi et Kiên Giang — ont leur couverture végétale détruite pour être transformés en carrés de crevettes, nonobstant le fait que ces mangroves sont un élément écologique de première importance dans le ravitaillement en nourriture des crevettes ainsi que dans leur écosystème. La crevette « ne peut plus embrasser l’arbre » comme autrefois, et le phénomène de « forêt blanche » se répand vite, et la population locale commence seulement à le réaliser.
Les activités de production véritablement organisées de la branche des produits aquatiques ne commençaient qu’au début des années 80 avec un rythme d’accroissement moyen annuel de 5 à 7%. La production totale a doublé en 13 ans, de 558.743 tonnes à plus de 1,1 million de tonnes, parmi lesquelles la quantité des produits aquatiques, de 39.874 tonnes à 760.000 tonnes. Le chiffre des exportations augmentait encore plus vivement, de 11,260 millions à 450 millions d’USD. Ainsi, les produits aquatiques se classent au troisième rang après le pétrole brut et le riz, dans l’apport des devises étrangères à l’Etat.
Les potentialités d’exploitation des produits aquatiques sont immenses. La surface des eaux saumâtres et côtières n’est exploitée qu’au dixième; les cours d’eau et les lacs, les étangs de l’intérieur ne sont pas encore utilisés pour la pisciculture intensive (tout le pays ne possède que 16.000 cages en radeaux), la haute mer est l’objectif à atteindre.
On espère que la branche des produits aquatiques employera en l’an 2000 3 millions de travailleurs dans la pêche; sa production totale atteindra 1,6 million de tonnes et 1 milliard d’USD en exportation. Un programme « d’encouragement à la pisciculture » a été déclenché, concentré dans 5 domaines: élevage de homards, de crabes de mer et d’espèces marines spécifiques; élevage intensif des poissons d’eau douce; élevage des poissons en cages et en radeaux; développement de l’exploitation en haute mer; conservation, transformation et rehaussement de la qualité des produits aquatiques. Si ce programme est réalisé, la vie de la population des districts côtiers et de la campagne en général sera améliorée, mais ce qui reste à concrétiser c’est le développement vivace sur la base de la protection de l’environnement écologique de l’objectif exploité.