PRIORITÉ À L’INFRASTRUCTURE 4
Le pétrole et le gaz, une branche industrielle « de base », devra être parachevée avant l’an 2000
Il y a 20 ans, quand on parlait de la perspective du pétrole de la plate-forme littorale du Vietnam, en vérité, beaucoup n’y croyaient pas, non seulement au Nord mais aussi au Sud, même chez certains dignitaires. Mais à partir des années 60, quelques groupes d’étudiants étaient envoyés à l’étranger faire des études sur le pétrole (ex-URSS et Roumanie). Un premier forage de 3.000 m a été réalisé en pleine campagne de Thâi Binh, tandis qu’au Sud on a pu prendre des échantillons de pétrole à Mo Dura et Bach Hé (mais non reconnus comme véritables). Que la ceinture de genèse minérale du Pacifique arrive ou non à la plate-forme littorale du Vietnam, c’était le sujet de discussion des scientifiques alors fort perplexes. Certaines compagnies étrangères invitées à prospecter dans la plate-forme du Sud, décampèrent sans fanfare ni trompette, accentuant encore le doute (1981-1988).
La naissance de la société Vietsovpetro (entreprise conjointe de pétrole du Vietnam et de l’ex-URSS) fut une mesure intrépide. Pendant 5-6 ans, les ingénieurs des mines de deux pays s’attachèrent à la prospection de la plate-forme littorale du Nord au Sud et confirmèrent l’existence de la poche de pétrole Bach Ho. L’Etat a consenti à passer de la prospection à l’exploitation; les premières tonnes de pétrole ont été pompées des profondeurs de la mer, marquant un tournant important. La production de la poche Bach Hổ augmenta régulièrement de 41.000 tonnes de pétrole en 1986 à 2.700.000 tonnes en 1990, 5.500.000 tonnes en 1992 et près de 7 millions tonnes en 1994.
Cependant l’incertitude persiste, car le forage et la prospection d’une dizaine de compagnies conjointes entre le Vietnam et les pays étrangers pendant les 5-6 années suivantes ne conduisirent à aucune décision d’exploiter de nouvelles poches de pétrole, ce qui suscita l’opinion étrangère affirmant que le pétrole du Vietnam n’était pas aussi abondant tel que l’on croyait, et le Vietnam était plus riche en gaz naturel qu’en pétrole.
L’année 1994 mit fin à cette incertitude quand la poche Dai Hùng entra en exploitation commerciale et de fin 1994 à début 1995 ce fut le tour de la poche Rồng, avec l’annonce de l’existence du pétrole dans d’autres poches. Le pétrole du Vietnam est ainsi classé dans l’Encyclopédie du pétrole et du gaz du monde (1993).
Les premiers résultats de prospection et d’exploitation montrent que les hydrocarbures du Vietnam ne sont pas seulement circonscrits par Bach Ho et le bassin de sédimentation Cuu Long, mais existent aussi dans le bassin du sud de Côn San. Il semblerait que la poche Thanh Long (prospectée par la compagnie américaine Mobil et une compagnie japonaise) donnera un résultat positif en 1995. L’émission de conclusions hâtives sur le pétrole pendant la période 1986-1992 pourrait être liée à la structure géologique compliquée du bassin du sud de Côn Son, où le pétrole se dissimule dans le socle (comme l’a observé la compagnie Mobil) et par conséquent, il faut avoir des moyens et des techniques modernes pour le découvrir.
La perspective de l’existence de poches de pétrole et de gaz au Vietnam créera certainement de nouvelles surprises. Jusqu’à l’heure actuelle, il n’y a que 25% de la superficie de la plate-forme littorale (160.000 km2) soumis à la prospection; les 75% restants (490.000 km2 ) — ne tenant compte que de la superficie susceptible d’avoir du pétrole et non toute la superficie de la plate-forme littorale — attendent une conjoncture plus favorable.
Pour aboutir au développement actuel de l’industrie du pétrole et du gaz au Vietnam, il a fallu 20 ans. C’est un temps assez long pour les pays développés, mais pour un pays récemment sorti de la guerre, pauvre et victime de l’embargo (jusqu’au début de 1994, comme il est dit plus haut), de tels résultats témoignent de la persévérance du gouvernement vietnamien et du travail inlassable des scientifiques et des ouvriers de Petro Vietnam (auparavant appelé Vietsovpetro), dont le nombre au début de 1995 atteint 9.000 personnes. De nombreuses branches industrielles prêtent leur concours en amont et en aval de la branche industrielle pétrolière, surtout celle des services techniques (services de vol, d’arpentage, de prospection géophysique, hôtellerie, tourisme), créant de nombreux nouveaux emplois, concentrés surtout à Vüng Tàu, Bà Rja. Cela a élevé cette ville en un court laps de temps au premier rang au point de vue du PIB moyen par tête, surpassant même celui de Ho Chî Minh-ville.
D’ici l’an 2000, l’industrie du pétrole devrait devenir une branche parfaite, de l’exploitation au traitement et à l’exportation. L’option d’acheminer le gaz combustible à la côte, de construire des usines de liquéfaction et de compression du gaz à Vüng Tàu, de là aux usines électriques de Bà Rja, de Thü Duc, et peut-être à l’usine thermoélectrique Phü Mÿ (commencée en 1995, dont l’étape I s’achèvera en 1998), contribuera à résoudre le problème de pénurie d’énergie au Sud Vietnam après l’an 2000, ou même en 1997-1998 si on tient compte de la grande vitesse actuelle de l’accroissement économique (il est à remarquer qu’à cette étape, le Nord Vietnam manquera aussi d’électricité, comme l’a montré l’analyse portant sur l’ »Organisation territoriale de la plaine du Fleuve Rouge ».
Le Vietnam exploite du pétrole brut mais il doit l’exporter pour importer diverses espèces d’huiles industrielles employées dans les communications et les transports et dans d’autres activités. Ainsi l’option de construire des raffineries du pétrole a été nourrie depuis plusieurs années, avant tout 2 usines de raffinage, l’une au Sud et l’autre au Nord. Le problème restant est de choisir l’emplacement le plus favorable, et il semble que Dung Quâ’t (province Quâng Ngâi) ait été choisi au premier abord.