LA POPULATION DU VIETNAM 14
La campagne a aussi un nouveau visage, bien qu’encore hétérogène
En parlant de la campagne, certains gardent encore l’impression d’une campagne « marécageuse aux eaux stagnantes », se limitant aux activités rizicoles. La vie rurale s’écoule tranquillement, au moins en apparence.
En réalité, la campagne vietnamienne est en pleine mutation, plus nettement depuis le début des années 90. Dans la plaine, les villages éloignés sont réveillés par l’économie de marché, grâce à l’amélioration des voies de communication, à l’arrivée de l’électricité jusqu’aux petits hameaux, où la vie culturelle s’anime plus que jamais grâce à l’éclairage, aux postes de radio et surtout de télévision. Les lacs et étangs ne sont plus utilisés comme sources d’eau potable; le mouvement « de l’eau potable à la campagne » a construit de nombreux puits de forage d’eau souterraine. Dans les activités d’un grand nombre de familles, la motocyclette a remplacé la bicyclette.
Par le changement dans la structure de l’agriculture, les villages commencent à restreindre le nombre de foyers purement agricoles, à augmenter celui des foyers agricoles et artisanaux spécialisés. Une telle agriculture a pu rapporter davantage au paysan; de nombreux foyers ruraux ont un niveau de vie supérieur à celui du foyer moyen urbain. La construction des maisons à plusieurs étages pour remplacer les vieilles paillotes; même les maisons de bois et de briques sont fréquentes dans les villages suburbains, bien qu’encore rares dans les localités éloignées.
Les résultats d’enquête montrent qu’c/? général, le niveau de vie paysan à la campagne est plus bas que celui du citadin de 2 à 3 fois, et jusqu’à 10 fois. Ces chiffres peuvent être exacts, mais ne concernent que les foyers ruraux pauvres, actuellement de 20 à 30% du total des foyers ruraux. Même le nombre de ces foyers diminuent peu à peu grâce à de nombreuses mesures d’assistance du gouvernement et on ne doit pas oublier que la vie rurale est moins chère que la vie urbaine, sans compter tous les produits naturels dont on peut se satisfaire.
Certaines régions rurales commencent à assumer de nouvelles fonctions. Malgré que l’espace rural soit au fond un espace agricole, des zones suburbaines sont devenues des zones de séjour et d’activité de nombreux foyers urbains, particulièrement ceux des retraités et des fonctionnaires vivant à l’étroit dans les hauts immeubles collectifs. La terre y est encore à bas prix, on peut y vivre dans la nature et à la fois travailler en ville.
Dans beaucoup de cas, l’espace rural est devenu espace industriel grâce à la disposition de nombreuses usines demandant un espace vaste ou facilement polluable, et même requérant une main-d’œuvre bon marché. Les cimenteries, les usines métallurgiques par exemple choisissent souvent ces zones. Quand une pareille grande usine s’établit à la campagne, une série de bases de services d’Etat ou privés l’accompagne et anime toute une région.
Malgré de nombreux progrès, la campagne du Nord Vietnam a encore de nombreux problèmes à résoudre; celle de la haute région rencontre encore de nombreuses difficultés au contact du marché; celle des plaines (par exemple du delta du Mékong) n’a qu’environ 39% de foyers ayant de l’eau potable, le reste utilisant l’eau des canaux et des marécages (d’où naissent les maladies du tube digestif); l’habitation reste rudimentaire sous le climat chaud toute l’année, surtout dans les régions éloignées. Les conditions d’instruction, de santé des paysans et des pêcheurs dans les îles sont encore difficiles; l’eau et l’électricité manquent. En résumé, il reste encore beaucoup à faire pour améliorer le niveau de vie de ces régions.
Les rapports entre les centres urbains et la campagne sont conçus de jour en jour plus nettement
Si jadis les relations entre la campagne et les centres urbains ne sont pas conçues nettement, aujourd’hui c’est différent. Peu à peu on se rend compte que le développement des centres urbains ne peut se détacher de celui de la campagne.
Les efforts pour augmenter la production agricole, en principe, conduiront à exhausser le degré d’industrialisation dans les centres urbains et même à accélérer le processus d’urbanisation. Les progrès obtenus dans la restructuration de l’agriculture augmentent d’un côté les revenus de l’habitant rural, de l’autre, la vitalité et le champ d’activité des branches du commerce intérieur ou extérieur; ces branches, à leur tour ont des besoins croissants, de service en amont ou en aval du secteur primaire, par exemple la banque ou les caisses de crédit, les bases de transformation, de communication et de transport de toutes sortes, y compris les voies aériennes, les bureaux d’assurance et une série d’autres services n’existant qu’en ville.
Il peut arriver, comme l’expérience le montre dans de nombreux pays, que les revenus à la campagne dans un temps déterminé dépassent ceux de nombreux citadins, et c’est un bon côté, qui mènera à évacuer des pauvres des villes et à un moment donné, les « capitalistes urbains » s’intéresseront davantage aux campagnes. Les hommes d’affaires chercheront à investir dans la campagne pour gagner un haut bénéfice plutôt que de s’embarrasser dans la concurrence mutuelle ou contre les entrepreneurs étrangers dans les centres urbains. Alors, les « capitalistes ruraux » se débrouilleront pour construire des bases de transformation pour obtenir un bénéfice plus élevé et l’œuvre d’industrialisation de la campagne commencera!