LA POPULATION DU VIETNAM 10
LE VIETNAM DES DEUX ENTITÉS : LES CENTRES URBAINS ET LA CAMPAGNE
Le Vietnam est avant tout un pays rural : 80% de la population vit actuellement à la campagne. Néanmoins, après un temps assez long de repli sur eux-mêmes, les centres urbains se réveillent et déploient leur vitalité, entraînés dans l’élan de l’industrialisation et de la modernisation.
Les centres urbains sont en train de se lier en réseau de pôles d’attraction dans le territoire
En principe, les centres urbains d’un pays doivent constituer un réseau de centres urbains ayant des relations étroites entre eux, si on se base sur la théorie des places centrales. Au Vietnam, à cause de la forme du pays et du processus d’urbanisation encore peu développé, un tel réseau ne fait qu’apparaître dans la plaine du Fleuve Rouge, au Nam Bô oriental et dans la plaine du Mékong.
La répartition géographique des centres urbains au Vietnam est donc encore irrégulière. On a presque pu distinguer un Vietnam des plaines et un Vietnam de la haute et moyenne région et des hauts-plateaux; la première partie a un réseau plus dense de centres urbains et la seconde, un réseau extrêmement clairsemé.
Le réseau des centres urbains de tous les échelons dans la plaine du Fleuve Rouge peut être considéré comme le plus développé, car formé depuis longtemps dans l’histoire. La distance entre deux grands centres urbains d’envergure cité municipale, chef-lieu de province et supérieur n’est pas trop grande, généralement environ de 40 à 50 km; quelquefois encore plus petite, environ 20 à 30 km (Bac Giang-Bac Ninh, Phü Lÿ-Nam Dinh, Nam Dinh-Thâi Btnh, etc…). Si on compte encore les centres urbains, la distance entre eux ne dépasse pas 15 à 20 km, voire même moins. Cela favorise les échanges de main-d’œuvre, de marchandises et d’information entre les localités.
Si on examine cette répartition suivant la théorie des places centrales comme il est dit plus haut, on peut construire une structure en « ruche » régulière par le caractère relativement homogène du relief de [daine.
Pourtant, en réalité, la formation n’est pas telle. Dans la plaine du Fleuve Rouge, dans certains cas, en bordure de la ruche, les nœuds se superposent, comme Hanoï et Hà Dông, Nam Dinh et Thai Binh, Hai Phông et Kièn An (même si on prend r = 15 km, ce qui n’est pas conforme à la réalité), mais il existe aussi des cases disproportionnées entre deux centres d’attraction, par exemple l’espace entre Thuân Thành-Ycn Mÿ, la bande côtière Quÿnh Phu-Vinh Bao-An Cu-Thâi Thuy-Dinh Cu-Tiên Hải-Xuân Thûy-Hài Hà-Quan Vinh.
Dans les cas de superposition, on peut découvrir quelques irrationalités. Par exemple, Hà Dông n’est plus le chef-lieu de la province Hà Tây mais plutôt une cité municipale satellite de Hanoï. Son Tây est plus attiré vers Hanoï que vers Hà Dông. Ainsi, le chef-lieu de la province Hà Tây aurait dû être établi à Son Tây comme dans l’histoire de jadis, ce qui créerait une zone de plus grande influence du côté de la moyenne et de la haute région.
Dans le cas des bandes de terre à plus faible densité de population entre deux centres d’attraction, on peut comprendre que les marchandises produites en ces endroits mettraient plus de temps pour arriver aux grands marchés de la plaine, c’est pourquoi l’établissement des centres urbains-pôles devient nécessaire. L’union des deux provinces anciennes Hâi Duong et Hung Yên a fait perdre aussitôt le rôle historique de Hung Yen qui consistait à répandre son influence (ou attirer) sur les secteurs situés entre Hanoï et Nam Dinh-Thâi Binh. La construction du pont Triêu Duong reliant Thâi Binh à Hung Yên, qui est connecté par la Nationale N° 39 à la Nationale N° 5, semble combler cette lacune.
En ce qui concerne le Nam Bô oriental, la répartition des centres urbains ne s’est pas produite comme dans la plaine du Fleuve Rouge, car on ne compte que 3 villes sur tout le territoire (Hô Chi Minh-ville, Bien Hoa et Vùng Tau), et 4 cités municipales (Bà Rja, Thù Dau Mot, Tây Ninh et Vinh An relevant de Dông Nai), le reste est constitué de districts. On peut distinguer deux groupes de centres urbains (seulement villes et cités municipales) : le groupe Ho Chi Minh-ville – Bien Hôa – Thù Dâu Mot, distants entre eux de 28 à 30 km, et le groupe Vüng Tàu-Bà Ria distants de 23 km. Tây Ninh et Vinh An sont dispersés à l’extrême ouest et au nord. Dans ce cas, Hô Chi Minh-ville joue le rôle de pôle principal d’attraction, et grâce au relief relativement plat, répand son influence à presque toutes les agglomérations, non seulement au Nam Bô oriental, mais aussi à tout le nord-est de la plaine du Mékong.
Les centres urbains s’établissent généralement dans les vallées, le long des cours d’eau (Fleuve Rouge, Câu, Thuong, Tien Giang, Hâu Giang, etc…) ou des canaux, ceci est d’autant plus net dans la plaine du Mékong), tandis que ceux du Centre Vietnam et de Quâng Ninh s’accrochent à la côte; un petit nombre de centres urbains s’établissent dans les bassins miniers et le long des voies de communication, par exemple dans le bassin houiller de Quâng Ninh, le long de la route N°
18. Sur les hauts plateaux et dans la haute région, les centres urbains sont rares, laissant de larges zones inurbanisées.