LA POPULATION DU VIETNAM 5
Le travail et remploi : une difficulté à résoudre
L’accroissement encore rapide de la population, la répartition peu variée du travail suivant le métier, et la présence de plus de 70% de travailleurs dans le secteur agro-sylvicole, sont les causes principales de l’excédent de main-d’œuvre et la pénurie des emplois.
Les résultats du recensement de la population en 1989 montrent que dans tout le pays, il y a 36,5 millions d’habitants en âge de travailler, avec la prévision que ce chiffre augmente moyenne de 3,2 à 3,3% par an. Le taux de participation au travail est de 74%, supérieur à la moyenne de l’Asie (68%, mais celui de la Chine: 79%), parce que l’âge de travailler compte à partir de 13 ans et que le taux de participation du sexe féminin est très élevé.
Le total des travailleurs dans les branches d’économie nationale atteignit en 1989 près de 29 millions; en 1993: 32,716 millions. Ainsi, le taux de travailleurs dans la population a augmenté (en 1989: 45%, en 1993: 51%). Le total des travailleurs dans le secteur de production matérielle était de 30,622 millions, dont plus de 23,89 milions dans l’agriculture et la sylviculture. La société vietnamienne reste donc pour l’essentiel agricole.
Les travailleurs dans l’industrie en 1993 sont au nombre de 3,521 millions, tandis que les travailleurs dans les domaines de sciences, de l’enseignement, de la santé, de la culture et des arts est de plus de 1,2 million. Plus de 4 millions restants travaillent dans la branche des services. Malgré qu’en quantité, le nombre de travailleurs dans chaque branche de production matérielle ou immatérielle croît, le pourcentage depuis 1986 de chaque branche économique varie lentement, au moins pour l’agriculture et l’industrie.
Les travailleurs dans la branche des services (commerce, banque, finances, etc…) augmentent notablement, particulièrement dans les villes, et tendent à se développer de jour en jour.
Si l’on examine le problème des travailleurs dans les branches économiques suivant les composantes économiques, en 1992, on peut constater un changement remarquable. En 1989, le secteur étatique de l’économie aux échelons central et local occupe 15% du total des travailleurs; le secteur collectif (les coopératives agricoles et artisanales), jusqu’à 55%; le secteur familial et individuel, environ 30%. En 1992, on ne distingue que les secteurs d’Etat et hors de l’Etat; le premier n’occupe plus que 9,5% du total des travailleurs.
Malgré de gros efforts pour résoudre le problème des emplois, le taux des sans-emploi (en réalité chômeurs ou mi-chômeurs) est encore élevé. Chaque année, le contingent des travailleurs au Vietnam augmente de 1,2 million, pour la plupart à la campagne. Les prévisions précitées (en 1984) s’avèrent trop ambitieuses pour ne pas avoir mesuré l’envergure et la vitesse de construction des ouvrages d’après 1990, ainsi que la croissance économique créant plus d’emplois. A cause du caractère saisonnier du travail rural (labourage, repiquage et moisson), il est facile de comprendre qu’il y a pénurie d’emploi à la campagne. A ce problème ancien, pas de solution nouvelle. Depuis longtemps, les agriculteurs profitent des loisirs pendant le repos saisonnier pour se livrer aux travaux artisanaux, chercher un emploi dans les autres provinces, surtout dans les moyennes et hautes régions, ou aller au marché. Ainsi le village vietnamien, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, est agricole, artisanal et commercial, bien que la division du travail ne soit pas nette. Actuellement, cet état de choses subsiste, avec la seule différence que les travailleurs non spécialisés de la campagne se ruent vers les grandes villes, créant ce qu’on appelle « le marché du travail », alimenté par des migrations pendulaires. De nombreux travailleurs dans les villages traditionnels se livrent à la production artisanale, à l’élevage ou au jardinage.
L’évaluation du nombre de chômeurs à la campagne n’est pas précise, en attendant les résultats de l’enquête réalisée actuellement sous la direction du Gouvernement. L’excédent de travailleurs dans les grandes villes apparaît plus précisément, environ 13,2% suivant certaines sources d’information.
Outre les raisons chroniques déjà citées, le manque d’emploi pendant la période de 1986 à 1991 a d’autres causes imprévues : la démobilisation de plus d’un demi-million de soldats, le retour des travailleurs en coopération dans les anciens pays socialistes, la réduction du personnel dans la machine administrative et le débauchage des ouvriers et des employés administratifs dans les entreprises d’Etat après le passage au nouveau mécanisme… se produisent simultanément et aggravent la situation. Néanmoins, la vie apaise d’elle même peu à peu ces difficultés grâce au développement des secteurs d’économie familiale, individuelle et même non officielle, ce dernier secteur étant très répandu dans les pays en développement et même dans quelques pays développés. Ce qui attire le plus l’attention, c’est que la pénurie de l’emploi touche surtout les jeunes de 18 à 24 ans, et les raisons sont nombreuses, par exemple le refus de s’éloigner de la ville, le salaire maigre, etc… et même un manque à atteindre le niveau professionnel approprié.
En réalité,_ la solution du problème de l’emploi demande la coordination de plusieurs mesures : outre le renforcement du contrôle de la population comme présenté ci-dessus, l’Etat préconise de donner prioritairement du travail sur place aux travailleurs ruraux afin de restructurer les cultures, de développer l’économie familiale; de créer des professions de petite et moyenne envergure dans les villes et les centres urbains employant de nombreux travailleurs; d’organiser des migrations vers des zones manquant encore de main-d’œuvre; d’élargir la coopération internationale sur le travail; de réformer le système d’enseignement et de formation professionnelle suivant les demandes du marché de travail, etc…