LA DIVERSITÉ DU PAYSAGE 9
Les types de paysages principaux au Vietnam
Pour chaque ravine, chaque vallée, toute chaîne de collines, toute cuvette de dépression, etc., la coordination suivant des lois données des facteurs climatiques régionaux, du relief, de l’eau, du sol et de la couverture végétale, fait que leur aspect ne se ressemble pas : ce sont les paysages. Mais leur détermination sur tout le territoire n’est pas facile, car en réalité, ce travail demande beaucoup de temps et de main-d’œuvre, sans compter que la détermination de telles unités de l’échelle taxonomique inférieure est très difficile.
La plupart des spécialistes sont d’accord sur la division du territoire en 9 grandes régions (le concept de région est entendu dans le sens le plus large), conformes aux conditions écologiques relativement différentes entre elles. En réalité, la région de Khanh Hoa à Bïnh Thuân a des conditions écologiques très particulières et peut être considérée comme une nouvelle, mais il convient de reconnaître au premier abord ces 9 régions en question.
Ainsi, du Nord au Sud, on peut considérer les 9 grandes régions géographiques suivantes : Nord-Ouest, Nord, Nord-Est, plaine du Fleuve Rouge, Nord du Centre Vietnam, Centre et Sud du Centre Vietnam, Hauts-Plateaux du Tây Nguyen, Nam Bô oriental, plaine du Mékong et à part d’elles celle des îles et archipels.
Ces régions ne peuvent pas être désignées par les limites administratives — malgré que cette division soit plus commode pour l’aménagement du territoire — mais suivant les limites naturelles. Les caractéristiques naturelles seront analysées dans la partie des unités territoriales à la fin de ce livre.
LA PROTECTION DE LA NATURE EST DEVENUE UN PROBLÈME URGENT
Un pays riche et beau ?
Au milieu des années 80, la crise économique incitait un certain nombre de scientifiques à douter de la richesse des ressources du Vietnam. La principale raison, d’après eux, c’est que le Vietnam possède tout, mais pas en quantité suffisante pour s’enrichir. Pourtant, certains autres déclarèrent qu’en réalité, ce pays n’est pas conscient de ses richesses, par exemple les ressources sur terre ferme en profondeur comme dans le plateau continental. L’espoir d’avoir, ou le désespoir de ne pas avoir des ressources de grande réserve devient impérieux pendant ces années, alors qu’on désire avoir des ressources exportables en matières premières pour sauver immédiatement l’économie.
Puis les discussions s’apaisèrent quand on découvrit que la cause de la crise était ailleurs, dans le mode de solution des problèmes sociaux et de gestion économique: l’œuvre de « rénovation » fut déclenchée, le dynamisme du citoyen fut émancipé, l’économie nationale après de pénibles expériences fit ses premiers progrès importants. Les ressources humaines — concrètement celles du Vietnam — doivent être considérées en premier lieu, et de nombreux amis étrangers, connaissant ce pays, le reconnaissent.
Evidemment, les ressources humaines ne sont pas des ressources naturelles, mais il n’y a aucune ressource naturelle qui ne soit découverte et valorisée par l’homme. Les enquêtes fondamentales sur les ressources naturelles du pays, organisées successivement de 1979 à 1985 — et continuant encore jusqu’à nos jours — les ont estimées à leur juste valeur, par exemple les ressources animales et végétales, aquatiques, d’or et de pierres précieuses, d’hydrocarbures au large.
Ainsi, il est difficile de déclarer que le Vietnam a complètement toutes les ressources espérées, mais on ne peut pas dire aussi qu’il est trop pauvre à ce point de vue. Si elles sont utilisées rationnellement, les ressources déjà découvertes pourront servir le pays pour assez longtemps, assurant un développement économique efficace.
Mais le développement stable reposant sur tes ressources naturelles reste un problème
Le développement économique dans les années immédiates est possible avec les efforts de tout le peuple, mais le développement stable est difficile. Au niveau des ressources naturelles, un développement stable demande un usage rationnel pour pouvoir satisfaire les demandes durables, non seulement celles de cette génération, mais encore celles des générations futures; ce développement exige encore des améliorations et des transformations.
Mais constatant le comportement actuel envers la nature, on ne peut être tranquille : dans un pays où la population vit essentiellement de l’agriculture, et où l’industrie n’en est qu’au commencement de son développement après des décennies de guerre, le sol, les forêts, les surfaces aquatiques, les mines sont les premiers objectifs d’exploitation.
La dégradation du sol se produit quotidiennement, mais c’est un phénomène presque imperceptible. Jusqu’en 1994, il y avait plus de 13 millions d’hectares de terres incultes et de collines dénudées, dont la superficie érodée découvrant des cailloux et graviers était d’environ 1,2 million d’hectares. La quantité annuelle de matières nutritives lessivées était très grande, atteignant 120-170 tonnes/ha, suivant la position sur pente ou plane, couverte d’arbres ou non.
Les forêts dégradées sont encore plus visibles. En 1943, suivant la carte de Maurand, le Vietnam possédait 14.325.000 ha de forêts, avec un pourcentage de couverture de 43,7%. Au début de la guerre de résistance contre les Français, il suffit de guider ses pas dans la moyenne région pour apercevoir la verdure de la forêt. Un demi-siècle après, les forêts n’occupent plus que 7,8 millions d’hectares — comme il est dit plus haut — c’est-à-dire diminuent de moitié. Seulement pendant 10 ans (1978-1988), le district Nâm Can perdait près de 40.000 ha; ses réserves forestières diminuaient de 38%, pendant les 4 années suivantes, il perdait encore 25.000 ha, le tout pour construire des champs de crevettes, ces dernières ne donnant malheureusement pas un rendement élevé si elles ne sont pas nourries par la forêt.
Les conséquences inévitables consistent dans les menaces sérieuses au polymorphisme biologique du Vietnam. De nombreuses sources précieuses de gène ont disparu pour toujours, surtout aux zones côtières, où l’exploitation piscicole se réalise par tous les moyens, y compris ceux qui sont interdits, comme les mines, la pêche par les lampes…
L’exploitation des mines et des points de minerais n’obéit pas aux règlements techniques; l’extraction pirate dans les mines d’or, de pierres précieuses, de charbon, d’étain… incontrôlée est en train de gaspiller les ressources formées au cours des millions ou des centaines de millions d’années, épuisant les ressources de l’avenir.
Toutes ces notions ont été profondément comprises; les règlements sur la protection de l’environnement ont été publiés, mais pour les transformer en actes contrôlés, il faut encore du temps!