Le plateau continental du Vietnam, un ensemble peu à peu matérialisé à Véchelle de ta vie économique du pays
Depuis longtemps, les livres de géographie décrivent le plateau continental et le talus continental du Vietnam comme des notions qu’il faudrait connaître mais il est regrettable que leur utilisation au point de vue économique soit actuellement et encore pour longtemps « hors de portée », comme on le dit souvent. On a partiellement revu ce constat quand les forages des hydrocarbures ont donné les premiers résultats. Evidemment, cela ne dépend pas seulement de cette branche, car à partir de 1979 jusqu’à nos jours, une série de programmes d’Etat sur l’étude du Bien Dông ont été réalisés sur une échelle chaque fois plus grande.

Le plateau continental, considéré comme le prolongement de la terre émergée du continent, renferme de nombreuses structures morphologiques reliques, vestiges des périodes où cette terre était tantôt submergée, tantôt asséchée à cause des étapes de transgression et de régression. Seulement pendant l’étape la plus proche — post-pléistocène et holocène — distante de nos jours de 170-180 milliers d’années, le niveau des océans s’élevait, faisant déborder l’eau sur le continent. Le niveau d’eau des mers atteignit son maximum à 4-5m (au-dessus du niveau actuel) il y a 4.500 ans, puis s’abaissait progressivement, stationnant pendant un certain temps au niveau de 2m avant de descendre au niveau actuel.
Pendant que l’eau de mer dépassa la zone extérieure du plateau continental, elle n’eut pas suffisamment de temps parce que s’avançant trop vite pour détruire les reliefs anciens: collines, terrasses, vallées, bassins, lits des fleuves. Par contre, les caps côtiers, les falaises étaient attaqués violemment et quand l’eau de mer se retira, les matériaux détruits étaient chariés par l’eau et se déposaient sur le relief en creux, les lagunes, les bassins sur la terre ferme comme sur le plateau continental. C’est pourquoi les sédiments découverts sur le plateau continental sont essentiellement d’origine continentale; les matériaux d’origine biologique ne représente que 10 à 20% du total, les sédiments volcaniques étant en quantité presque négligeable.

Ce relief du plateau continental diffère d’une région à l’autre, au nord, au centre et au sud du Bien Dông.
La zone maritime septentrionale est comptée du golfe du Nord Vietnam à la latitude 16° nord; celle du Centre Vietnam, de la latitude 16° nord à la latitude 10°30’ nord, c’est-à-dire jusqu’à Phan Thiét; celle du Sud comprend le reste jusqu’au golfe de Thaïlande.

Parmi ces trois zones, le relief du fond marin de la région de Mông Cai à Hai Phong est le plus compliqué, par l’existence de plus de mille îles et îlots dans les deux golfes de Bai Tir Long et de Ha Long avec nombreux petits et grands chenaux. Le relief du fond du golfe du Bac Bô est ainsi un peu incliné vers le sud-est, la profondeur au centre du golfe n’atteint que de 70 à 80m et à l’entrée du golfe de 90 à 100m, tandis qu’au rebord du plateau continental, elle atteint environ 200m. Du sud de Hai Phong à Nghê An-Hà Tïnh, le relief du plateau continental correspondant à une côte plate est relativement simple avec des formes illuviales de l’avant delta, et ainsi s’abaisse progressivement de la côte au large.

Du sud de Nghê An-Hà Tïnh à Dà Nang (à l’entrée du golfe Bac Bộ), apparaissent déjà des suites de digues de sable sous-marines parallèles au littoral, y compris des plates-formes rocheuses d’origine — les « benches » — pendant qu’au large, les formes de relief positif et négatif s’intercalent d’une manière compliquée, ceci étant peut-être lié au croisement du système des failles du Fleuve Rouge et du système des failles longitudinales à la longitude 109° est.
Au Centre Vietnam, la ligne isobathe -100m serre la côte, ainsi le plateau continental y est très abrupt. En réalité, on peut constater un net échelonnement : le premier étage s’étend de la côte à une profondeur de 40 à 80m, ayant un relief très découpé, le deuxième le suit en relief accidenté jusqu’à une profondeur de 150m; le troisième descend jusqu’au rebord du plateau continental à une profondeur de 800 à 1.000m.
Le plateau continental s’étend largement dans la région méridionale du Bien Dông et du golfe de Thaïlande : le relief est relativement plat ou alternant avec des reliefs négatifs au large fond. Aux embouchures des fleuves de Mékong et de Dông Nai, on trouve encore les traces des vallées anciennes de ces fleuves au temps où ils coulaient en plein air. Ces vallées étaient ensuite ensevelies par la mer au Pléistocène.
Le plateau continental du Vietnam est riche en ressources biologiques (poissons et produits maritimes) et en hydrocarbures. Ces ressources ont été déjà évaluées, mais encore incomplètement, en premier lieu à cause des faibles conditions techniques. Quand même, on peut admettre que parmi les trois zones maritimes précitées, celle du Sud Vietnam représente jusqu’à 62% des capacités d’exploitation en poissons, 72% en crevettes, 42% en seiches de tout le pays. Cela est aussi exact en ressources pétrolières. Parmi les 20 zones déjà déterminées en hydrocarbures, les 4 zones les plus prometteuses se concentrent dans les poches pétrolières et gazières de Cuu Long et Côn Son Sud.
On résume ci-dessus les connaissances actuelles. Les travaux de prospection et de recherche actuellement effectués dans les régions du Nord et du Centre Vietnam fourniront certainement des données nouvelles, quelquefois insoupçonnées, par exemple dans le bassin de sédimentation du Fleuve Rouge d’une superficie de près de 70.000 km2, s’étendant de l’ensellement de Hanoi à la faille de Quy Nhon, avec une épaisseur sédimentaire de 1,5 à 12 km et un volume de plus de 600.000 km3.