LE BIEN DÔNG, UNE OUVERTURE SUR L’OCÉAN PACIFIQUE
Le Bien Dông de l’antiquité à nos jours, a toujours joué un rôle important dans la vie du peuple vietnamien. Ceci est même relaté dans la légende sur la fondation du pays de par tout le peuple : 50 enfants suivaient leur père Lac Long Quân dans l’exploitation de la haute région, tandis que 50 autres accompagnaient leur mère Âu Co dans la valorisation des zones côtières.
La surface maritime et le plateau continental du Bien Dông sous la souveraineté du Vietnam représentent une superficie beaucoup plus grande que celle du territoire ferme.
Le Vietnam s’ouvre sur le Bien Dông, dont deux grands golfes : le golfe du Bac Bô et celui de Thaïlande. Le Bien Dông est classé troisième mer du monde en regard à sa surface maritime atteignant 3.447.000 km2. Sur la carte du monde, on avait l’habitude de l’appeler « Mer de Chine méridionale », mais tout le monde sait que cette appellation fut donnée par les navigateurs de l’antiquité pour désigner sa situation et absolument pas pour désigner une souveraineté quelconque.
Autour du Bien Dông, on trouve différents pays dont le Vietnam, la Thailande, le Singapour, le Malaysia, l’Indonésie, les Philippines, le Brunei, la Chine et Taïwan, et ainsi chaque pays a la souveraineté sur une portion de cette mer immense. Suivant les Conventions internationales sur la Loi Maritime (1982, 1994), le Vietnam a la souveraineté sur une superficie d’environ 1.000.000 km , comptée a partir de la ligne de base à une distance de 200 lieues marines. Le point de départ (point 0) de cette ligne de base est situé sur un point de la frontière du sud-ouest séparant la zone maritime du Vietnam de celle du Cambodge, de là joignant ensemble les autres points situés au rebord extérieur des îles côtières ou des caps, émergeant à la marée la plus basse.
Sur la côte du Vietnam, les points de la ligne de base les plus éloignés de la côte sont : l’île Hòn Nhan de l’archipel Thô Chu (distante d’environ 80 lieues marines), l’île Hôn Hài de l’archipel Phü Quÿ (distante de plus de 70 lieues marines), tandis que le plus proche est le cap Đai Lãnh de la province Khanh Hòa, sur la côte même.
Le Bien Dông, une Méditerranée de l’Asie du Sud-Est
Ainsi, le Bien Dông est une mer annexe de l’Océan Pacifique et une mer à demi-fermée à cause de l’entourage des rebords continentaux, des îles et des archipels. Elle communique avec l’Océan Pacifique au nord par le canal Ba Si et le détroit de Taïwan, au sud-est par un certain nombre de cheneaux la reliant par la mer de Sulu à la mer de Java, tandis qu’au sud-ouest elle communique par le détroit de Malacca avec l’Océan Indien. II est compréhensible que les voies maritimes internationales reliant l’Asie du Sud à l’Asie du Nord-Est comme à l’Amérique, passent pour la plupart par le Bien Dông.
Les vagues dans le Bien Dông sont de deux sortes : les vagues dues au vent et la houle. Le régime des vagues dépend des deux moussons et des caractéristiques des golfes (du Bac Bô et de Thaïlande) et surtout des influences des typhons. En hiver, la direction des vagues est essentiellement nord-est, quelquefois nord et est; en été, elle est sud-ouest. La houle se forme en même temps que les vagues, et apparaît souvent quand les vents changent de direction ou diminuent d’intensité.
A cause du relief des fonds marins et des golfes, la fréquence des vagues nord-est aux zones maritimes du nord est plus grande que celle aux zones du sud en hiver, et inversement en été. Les vagues et la houle atteignent fréquemment 2 à 3m de hauteur (suffisamment pour créer l’érosion sur la côte) et 7 à 10 secondes de fréquence.
Les marées dans le Bien Dông sont très compliquées avec la manifestation simultanée de 4 régimes différents sur des segments de côtes différentes. Sur les côtes du Vietnam, le régime de marée diurne est observé très nettement de Hôn Gai à Dô Son, sa régularité diminuant à mesure qu’on s’avance vers le nord ou qu’on descend vers le sud. Du sud de Dô Son au sud de Thanh Hôa, si le régime diurne occupe encore les 2/3 des jours du mois, à Nghe-Tïnh, ce rapport n’est plus que la moitié du mois, et ainsi apparaît le régime diurne irrégulier.
De Quàng Bînh à Quàng Tri apparaît le régime semi-diurne irrégulier, mais les côtes de Thua Thiên sont l’unique endroit au Vietnam où l’on trouve le régime semi-diurne régulier.
Le caractère semi-diurne change peu à peu en diurne irrégulier de la côte de Quàng Nam au nord du Sud Vietnam. De là au cap de Cà Mau, le régime semi-diurne redevient plus net, mais dans le golfe de Thaïlande, il y a les régimes diurnes régulier et irrégulier.
Ainsi on peut voir que le régime des marées change continuellement sur toute la longueur des côtes du Vietnam, et on ne peut l’expliquer que par l’influence des caractères locaux, où les fluctuations des eaux locales et celles des marées créent des phénomènes de résonance compliqués.
Les vagues et les marées sont deux facteurs influant directement sur le littoral: les entonnoirs des embouchures, les phénomènes d’érosion et d’alluvionnement, les arroyos et les lagunes, les formations des mangroves en sont les démonstrations.
Les courants murins dans le Bien Dông changent aussi de direction selon la saison. En hiver, sous l’influence de la mousson du nord-est, le courant marin (relativement froid par rapport aux eaux environnantes) se déplace dans le sens nord-est — sud-ouest, serrant la côte du Vietnam du nord au sud. Là, le sens principal du courant marin se détache en deux branches : la plus petite entre dans le golfe de Thaïlande, tandis que la plus grande se jette dans la mer de Java, puis remonte au nord, longe les côtes de Kalimantan, puis le côté occidental des Philippines pour enfin se mêler au courant principal. On comprend donc qu’au centre de la mer apparaît un contre-courant marin en sens inverse du courant marin indiqué précédemment.
En été, pendant que le courant marin nord-est s’affaiblit, se forme un courant marin flottant relativement grand au large des côtes du Sud et du Centre Vietnam, coulant dans le sens sud-ouest — nord-est mais virant de plus en plus vers l’est, serrant les côtes des Philippines. La majeure partie de ces eaux Bottantes traverse le détroit de Taïwan pour s’introduire dans le courant marin d’envergure mondiale, le Kouro-Shivo; le reste se mêle au courant nord-est — sud-ouest, formant un cercle fermé. Comme dans le cas précédent, en pleine mer se forme un contre-courant qui se mêle enfin au courant principal.
Ce tableau général des courants marins est modifié quelque peu dans les golfes du Nord Vietnam et de Thaïlande, sous l’influence du relief du fond marin et des côtes.
Comme nous l’avons vu, les régimes des vagues, des marées et des courants marins dans le Bien Dông sont très compliqués et leur étude est intimement liée » aux activités économiques côtières et maritimes, surtout aux communications, à la pêche et à l’exploitation des hydrocarbures.