L’ESPACE VIETNAMIEN ET LA DIVERSITÉ DES ÉLÉMENTS D’ASSISES 7
Les ressources souterraines
Les ressources naturelles du Vietnam sont en quantité acceptable par rapport à la structure naturelle et à la superficie du territoire, en général multiformes et d’envergure moyenne.
La pénurie relative des minerais dans les assises antiques. Depuis longtemps, on a constaté que la moitié méridionale du pays est plus pauvre en minerai que la moitié septentrionale. La présence des assises anciennes de l’Indosinias au sud du Centre Vietnam sur une grande superficie et les plis hercyniens aux alentours ne fournissent qu’un nombre déterminé de ressources, en général en réserve limitée, sauf pour la bauxite — produit de la croûte altérée (à Bù Na, Dac Nong et Bao Lôc aux Hauts-Plateaux du Tây Nguyên).
Au Nord, la répartition des minerais montre qu’ils se rencontrent souvent dans les bassins de sédimentation ou aux environs des failles importantes. On peut distinguer certains axes principaux de répartition comme l’axe de la vallée du Fleuve Rouge, l’axe du rebord nord-est du delta du Nord Vietnam, l’axe Cao Bàng-Lang Son, l’axe Thanh Hoa-ouest Nghe An, Hà Tïnh; l’axe Quàng Nam-Quang Ngai, etc…
Les géologues miniers distinguent deux groupes de mines : endogènes et sédimentaires, suivant les caractéristiques du magma. Les mines endogènes ont rapport aux roches intrusives, éruptives basiques et ultra-basiques rencontrées souvent le long des failles profondes ou dans les zones de surpression renfermant des minérais métallifères comme le chrome, le nickel, le cobalt, le cuivre, le fer, la magnétite, le titane, la pyrite, l’amiante, etc… C’est le cas des axes des rivières Dà, Mà, de l’axe Cao Bàng-Lang San. Les mines endogènes se rattachent aussi aux roches intrusives granitiques, granitoïdes appartenant aux roches magmatiques acides ordinaires, rencontrées souvent aux bandes de terre situées entre les failles ou au bord des géosynclinaux. Ici les minerais répandus sont le plomb, le zinc, l’argent, l’antimoine, le mercure, l’or, l’étain, le wolfram, la fluorite, le fer hydrothermique, etc… C’est le cas des mines rencontrées au nord et au nord-ouest du Vietnam, souvent dispersées et d’envergure moyenne, quelquefois sous forme de des gisements minuscules.
Les mines sédimentaires se formaient dans les anciennes langunes, essentiellement aux périodes hercynienne et indosinienne, sans exclure les périodes calédoniennes antérieures et postérieures. Les mines sont de grande envergure; les plus connues sont le bassin houiller de Quàng Ninh (de la période triasique antérieure), la mine d’apatite de Lào Cai (étage post-palézoïque de la période calédonienne), les mines de lignite formées dans les lacs néogènes, les gisements pétroliers dans les sédiments du Trias au Pléistocène, surtout dans les bassins de sédimentation du plateau continental de la zone Côn Dao (Poulo Condor). De nombreuses prévisions signalent que le pétrole et le gaz se concentrent dans des bassins analogues autour des archipels Truong Sa (Spratly) et Hoàng Sa (Paracels).
Jusqu’à maintenant, le total des mines et des points de minerais découverts atteint plus de 2.000, comprenant plus de 90 espèces différentes de minerais, parmi lesquels 120 mines de 30 espèces de minerais ont été mises en exploitation ou en projet d’exploitation. Pour un pays de superficie et de population moyennes comme le Vietnam, le nombre et les réserves des mines peuvent être considérés comme satisfaisants: de la houille, du pétrole et du gaz pour l’industrie énergétique, sans compter de lignite (par exemple dans le delta du Fleuve Rouge, des milliards de tonnes mais à une grande profondeur, plus de 1.000 m) et des terres rares radioactives (environ quelques centaines de millions de tonnes à Phong Thô).
Les ressources minières indispensables à l’industrie métallurgique comprennent le fer, le chrome, le titane. Les mines de fer de Trai Cau-Linh Nham – Cù Vân (Thài Nguyen) ainsi qu’à Hà Giang, Thanh Hoa, Thùa Thiên… n’ont en réalité qu’un intérêt local. La mine de fer considérée comme la plus grande, mais encore discutable quant à sa qualité, située à Thach Khê (Hà Tinh) n’est pas encore en exploitation à cause de sa situation côtière et sa profondeur.
L’industrie métallurgique est aussi ravitaillée en étain, plomb, zinc, cuivre, wolfram, tungstène, bauxite… L’apport en étain est le plus remarquable grâce aux mines de Quÿ Hop, la bauxite des Hauts-Plateaux du Tây Nguyên (dont les réserves sont estimées être très grandes mais où le processus technologique est compliqué), le cuivre à Bàn San (Son La)… L’or et le platine existent dans quelques mines ou quelques petits gisements, mais la répartition est disparate.
Pour l’industrie chimique, il y a la mine d’apatite de Cam Duong (Lào Cai) exploitée depuis longtemps. En outre, on a découvert des mines de pyrite (de moyenne envergure), de baryte (pouvant être considérée comme grande) et aussi de baryte-fluorite, de bentonite.
Le Vietnam, du Nord au Sud, est riche en matériaux pour l’industrie de construction, généralement avec des réserves immenses comme le calcaire (presque dans tout le Nord, une partie à Hà Tiên), l’argile pour la fabrication des briques, des tuiles et des poteries (à Quâng Ninh et en d’autres provinces), le sable quartzeux à Thüy Tri’êu (Khânh Hôa) et à Vân Hâi (Quâng Ninh), le kaolin à Biên Hôa (D’ông Nai) à Minh Tân (Hung Yen) et Quâng Ninh, le marbre et le granité de haute qualité. Récemment, on a découvert de nombreux points de gisement de pierres précieuses (rubis, saphir).
Bref, le Vietnam a des ressources souterraines variées; certaines mines ont des réserves fécondes mais commençant à décroître; certaines autres sont riches, mais aux conditions d’exploitation difficiles, demandant un capital d’investissement élevé comme hydrocarbures, fer (Thach Khê), minerais radio-actifs. Certainement, ces ressources souterraines n’ont pas encore été entièrement prospectées ni inventoriées; même les mines anciennement connues ne sont pas encore estimées exactement, on peut néanmoins conclure qu’elles parviennent à satisfaire les besoins immédiats de certaines branches industrielles importantes.
Avec l’industrialisation s’accélérant de jour en jour, il semble que ces ressources ne pourront répondre à tous les besoins. L’usage rationnel et économique de ces ressources souterraines — les ressources non renouvelables — doit donc être fixé dès maintenant, bien qu’un peu tard.