L’ESPACE VIETNAMIEN ET LA DIVERSITÉ DES ÉLÉMENTS D’ASSISES 2
UNE BORDURE DE PÉNINSULE DONT LE RELIEF S’OUVRE VERS LE BIEN DÔNG
Sans même assumer que le Vietnam soit une entité géo-historique, on peut toujours se demander comment les conditions physico-géographiques influencent la personnalité de ses habitants.
Et même sans tomber dans des théories de déterminisme géographique vulgaire, on ne peut contester que ces conditions, dans une certaine mesure, jouent un rôle actif dans la formation d’un espace complexe et d’une tradition d’utilisation du sol non moins ingénieuse.
Plus hardiment, on peut dire que la personnalité du Vietnamien est imprégnée par la lutte inlassable qu’il mène contre les forces naturelles peu favorables et la subtilité dont il doit faire preuve pour en améliorer les conditions, exploiter les avantages pour servir les conditions de vie humaine.
Le relief est le premier élément dont l’homme doit tenir compte au cours de l’organisation de son territoire, de génération en génération.
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Un relief ayant fondamentalement un caractère tropical et humide
Dans un paysage, le relief est toujours considéré comme « l’élément dominant », étant le plus conservateur, c’est-à-dire l’élément qui se transforme le plus lentement avec le temps, par rapport à d’autres éléments naturels comme le climat, les cours d’eau et la couverture biologique. A son tour, le relief subit l’action excessivement complexe de tous les éléments indiqués ci-dessus, mais surtout du climat — ici le climat tropical de mousson.
La chaleur et l’humidité au Vietnam s’étaient alliées dès le début pour désagréger les roches et former une croûte profondément altérée, dont l’épaisseur varie suivant chaque type de roche. Par exemple les couches d’altération sur granité don? les forages montrent quelques dizaines de mètres d’épaisseur sont plus épaisses que celles du schiste argileux. Le résultat est qu ‘une couche-tampon sépare la surface topographique visible à ciel ouvert de la surface topographique réelle qu’on trouve en profondeur.
Tous les efforts des agents de dénudation et de l’érosion comme la pluie, le vent et en particulier les cours d’eau, y compris l’action de la pesanteur, visent à découper et à supprimer cette couche-tampon, surtout les portions situées aux endroits « critiques », pour mettre à nu les surfaces déterminées du relief souterrain, tandis que les matériaux chariés se déposent et dissimulent d’autres portions.
En général, sur tout le territoire du Vietnam, on trouve fréquemment des reliefs de montagnes schisteuses, où le processus de lessivage superficiel joue un rôle primordial avec un dense réseau de vallées des cours d’eau. La couverture des forêts est aisément détruite par l’homme, le plus souvent pour en faire des brûlis. Les régions montagneuses sont pénéplanisées, ce qui entraîne la formation de la latérite en surface, quelquefois des boucliers ferreux, très répandus dans les roches d’origine magmatique, surtout les roches magmatiques basiques, qui sont riches en minerais ferro-magnésiens. Là où la saison sèche dure de 2 à 3 mois comme dans le Sud du Vietnam, les boucliers ferreux à la surface du relief jouent un rôle important dans l’érosion sélective, faisant facilement apparaître des formes de relief renversées.
Les roches magmatiques acides dont le type est granitique sont aisément attaquées par l’eau suivant les fissures, ouvrant la voie au processus d’altération en profondeur; ce qui fait que la couche d’altération est très riche en sable quartzeux. Cela favorise l’infiltration de l’eau en profondeur et augmente l’épaisseur de la couche. Le sommet des montagnes granitiques est assez pointu, différent des sommets arrondis des montagnes schisteuses; les flancs sont plus abrupts et violemment échancrés par les courants d’eau. Au cas où les roches originales sont déjà mises à nu, la vitesse d’altération devient beaucoup plus faible que celle de l’érosion: les blocs de montagnes dénudées ont tout à fait la forme des monts « reliques », créant un paysage étrange dans la zone tropicale humide, comme à Khanh Hoa.
Les montagnes constituées de silice résistent bien ordinairement à l’altération et forment de hauts sommets par rapport à ceux de la région, malgré qu’en zone humide, avec le concours des acides sécrétés par les racines des arbres, de la futaie, une couche altérée relativement épaisse puisse se former et ainsi devient la proie de l’érosion. Cela est aussi vrai pour le grès, mais ici la propriété du ciment à faire prise joue un rôle important.
Les monts calcaires sont un phénomène particulier, ils sont un facteur à peu près dominant dans les paysages du Nord, du Nord-Est et une partie du Nord-Ouest du Vietnam. Le massif Ké Bàng à Quàng Binh occupe une grande superficie et se prolonge au Laos par la chaîne Khammouane, non moins grandiose. Dans le territoire du Sud, les calcaires n’existent qu’au Mont Ngũ Hành et réapparaissent à Kiên Giang, sur la côte du golfe de Thaïlande.
L’action de l’eau s’effectue à la fois en surface et à l’intérieur du bloc calcaire, et la dissolution sélective mène à la formation de couloirs, des grottes et aussi des voûtes palatines au pied des monts. Cette action précède les écroulements en bloc des flancs, créant des cônes d’éjection de blocs massifs; les flancs deviennent abrupts, évoluant de la forme pyramidale à la forme conique et de monts reliques.
L’alternance ou la proximité des monts et collines constitués de roches différentes diversifie quelque peu le paysage des régions montagneuses, néanmoins on ne peut pas dire que les paysages de plaines — essentiellement formées par Palluvionnement des cours d’eau et des courants marins — sont monotones. La preuve en est que l’exploitation économique des plaines est assez compliquée, vu la spécificité des conditions de chaque région au niveau du relief, du sol et du ravitaillement en eaux souterraines et superficielles.