L’IDENTIFICATION DU VIETNAM 5
Le Vietnam est un pays en développement
Après la Seconde Guerre mondiale, on commença à constater que le monde comportait une minorité limitée de pays riches et une grande majorité de pays pauvres.
Une série de concepts fut émise pour désigner cette majorité : « les pays sous-développés » (Truman, 1949), « les pays du Tiers Monde » (A. Sauvy, 1952). En 1987, l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE) employa l’expression « pays en voie de développement » pour atténuer l’inégalité économique entré les pays. Pendant les années 80, apparut le concept « Nord et Sud », mais en réalité pour désigner la dépendance des pays du deuxième groupe vis-à-vis de ceux du premier.
Suivant les cas, on peut classer le Vietnam dans l’une ou l’autre de ces catégories, mais en général, on parle d’un pays en voie de développement. Néanmoins, tout concept exige la détermination des indices (ou signaux) caractéristiques. Si on se base sur les critères proposés, il sera facile de constater que parmi près de 200 pays du groupe « en voie de développement », il y a beaucoup de degrés exprimant les décalages dans le niveau de développement de ces pays même.
Les indices économiques du Vietnam sont évidemment encore bas : manque de capital, infrastructures insuffisantes, agriculture essentiellement basée sur la monoculture du riz, les branches industrielles sont peu diversifiées bien que les critères concernant les ingénieurs et les techniciens soient satisfaisants par certains aspects, meilleurs que ceux de certains pays plus développés.
Les statistiques sociales montrent que l’accroissement de la population est encore d’environ 2,2%; le taux de mortalité infantile : d’environ 5%; l’espérance de vie : 64 ans; le taux d’analphabétisme :
12,4%; le taux de scolarité pour les enfants de 12 à 17 ans : 46,9%; le taux de médecins par habitant : 0,03%o; la population urbaine représente 22% de la population totale. Il apparaît que ces indices du Vietnam sont en certains points plus satisfaisants que ceux de nombreux pays en voie de développement. Cela démontre le souci du régime envers l’habitant, bien que l’économie se heurte encore à de nombreuses difficultés et le pays à de nombreux obstacles, pendant et après la guerre.
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Pour plus de commodité, on emploie souvent l’indice de produit intérieur brut (PIB). Jusqu’en 1980, le Vietnam appliquait la méthode de calcul du Conseil d’assistance économique mutuelle (CAEM), pour évaluer la production totale de la société, sur la base de laquelle était calculé le revenu par habitant. Dès 1986, le Vietnam commença à appliquer le système de comptes nationaux (SNA) de l’Organisation des Nations Unies — un système de calcul plus efficace pour refléter l’aspect général des activités économiques d’un pays1 et surtout pour se concerter avec les autres pays du monde.
Il est facile de comprendre que les valeurs du PIB et du PIB par habitant pour le Vietnam, exprimés en dollars américains, sont très différentes, suivant les données employées. Par exemple, pour l’année 1990, cette valeur variait de 98 USD/hab. (en admettant le taux de change de la Banque nationale du Vietnam de cette même année : 3.983 đông VN/1USD), à 202 USD/hab. (en prenant le cours du dollar dans la région). Les observateurs considéraient que la première valeur était trop basse par rapport à la réalité, et la seconde plus acceptable, et arrondie à 200 USD/hab. Si en 1994, cette valeur a quelque peu augmenté, à mesure d’environ 240 USD/hab., le Vietnam reste encore un pays pauvre dans le monde, bien que n’appartenant pas au groupe des pays très sous-développés.
Le recours au PIB est commode, mais peu précis pour juger du niveau de développement d’un pays: primo, le PIB n’est qu’une valeur moyenne, et estompe — si non éclipse — les inégalités entre les localités et entre les classes sociales d’un pays; secundo, le cours du dollar varie sans cesse et dépend du niveau de vie moyen des habitants du pays considéré.
Néanmoins, le plus important ne réside pas dans les points susmentionnés, mais dans le fait qu’on n’a pas encore trouvé le moyen d’insérer dans ces calculs le montant des revenus que la population des pays en voie de développement reçoit, soit grâce à un mode de vie basé sur l’auto-suffisance avec de nombreux produits alimentaires et outils (légumes, fruits et fleurs du jardin, poissons de la mare, bois et bambou…) pour la population rurale, soit grâce aux activités « d’économie sous-terraine » ou « non structurée » qui ne sont pas toujours illicites dans les centres urbains.
Pour échapper à la pauvreté, le peuple vietnamien s’efforce actuellement d’accroître la vitesse du développement économique — un urgent problème d’actualité.
Personne ne se donne l’illusion qu’il est facile de résoudre ce problème, mais toutes les prévisions montrent que les conditions à atteindre pour le « décollage » ne sont pas inabordables. Pendant les 4, 5 dernières années, la vitesse moyenne d’accroissement annuel est environ de 8 à 8,5%, malgré de lourdes calamités naturelles s’abattant chaque année sur plusieurs régions et l’embargo américain (dont la levée n’est effective qu’au début de 1994).